Covid-19 en RDC: Tshisekedi tente de sauver une prise en charge qui prend l’eau

Les bilans journaliers de l’épidémie du Covid-19 se suivent et inquiètent en RDC. Le 06 mai 2020, le comité multifactoriel de la riposte contre le Coronavirus a annoncé qu’au moins 66 cas supplémentaires ont été enregistrés dans la ville de Kinshasa, épicentre congolais de la pandémie. Au total, il y a eu 11 nouvelles personnes guéries et 1 décès parmi les cas confirmés, 602 patients en bonne évolution et 374 échantillons testés. « 355 cas suspects sont en cours d’investigation« , rapporte le bulletin qui précise que, sur 23 cas confirmés au Kongo Central le 5 mai, 15 cas sont confirmés à Matadi, dont 8 à Nzanza, au Kongo Central où 2 zones de santé sont touchées par le COVID-19.

Des contaminations en milieu carcéral

C’est donc la 2è province la plus touchée, après Kinshasa. Parmi ces 23 Cas confirmés, 12 sont des contacts connus avec 4 cas générés par le 1er cas de Matadi dont 2 professionnels de santé et 8 cas générés par le 1er cas de Nzanza, dont 6 sont des cas non listés comme contacts. Avec cette nouvelle situation, la RDC totalise, depuis le début de la pandémie, le 10 mars, 863 cas confirmés, 36 décès et 103 guéris.

Derrière cette hausse sensible, il y a les contaminations dans la prison militaire de Ndolo. Au total, « 56 personnes ont été confirmées Covid-19 en date du (samedi) 02 mai 2020 à la prison militaire de Ndolo située dans la zone de santé de Kokolo », affirme le dernier bulletin épidémiologique des autorités sanitaires. Jeudi et vendredi, 43 cas de Covid-19 avaient déjà été diagnostiqués dans cette prison située dans le nord de Kinshasa.

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Construite pendant la période coloniale belge avec une capacité de 500 personnes, la prison militaire de Ndolo compte 1.900 à 2.000 prisonniers. « Les prisons surpeuplées et insalubres de la RDC présentent un grave risque de propagation de l’épidémie de Covid-19« , avait prévenu dès le 17 avril l’organisation de défense des droits de l’homme Human Right Watch (HRW).

Par ailleurs, la prise en charge des malades est au coeur d’une vive polémique. Une vidéo a fini par fuiter le lundi 04 mai sur les réseaux sociaux. Des patients atteints du Coronavirus se plaignent de la mauvaise prise en charge. Ils sont à l’hôpital du Cinquantenaire à Kinshasa. Un des hôpitaux privés choisis par les autorités pour y faire soigner des malades. « Nous avons fait plus de 32 jours ici. On n’est toujours pas libéré. On nous mélange avec d’autres malades et nos tests n’arrivent toujours pas« , affirme une dame face à la caméra.

La prise en charge prend l’eau

https://twitter.com/LitsaniChoukran/status/1257441095446925317

Plusieurs sources, parmi des médecins de l’Hôpital du Cinquantenaire confirment les faits. D’autant plus que cette vidéo n’est pas la première issue des centres d’internement des patients de Covid-19. Le mois dernier, plusieurs avaient même quitté de force leurs quarantaines, avant de revenir à l’issue des négociations.
Mais un médecin du Cinquantenaire s’est confié à POLITICO.CD.

« Il y a des vérités que vous devriez savoir. D’abord, la procédure. Quand un patient termine ses douze jours de traitement, on lui fait passer un premier test. Et si celui est négatif, on doit le placer dans un autre compartiment à l’étage, où un deuxième test lui est administré. Et si ce deuxième test est négatif, alors il et certifié guéri et libéré« , explique le médecin qui a requis l’anonymat.

« Cependant, il y a un couac. 26 patients sont bloqués. Ils attendent les résultats de leurs premiers tests depuis 12 jours. L’INRB ne nous a toujours pas communiqué les résultats. Face à cette situation, nous ne pouvons pas les sortir et les placer dans le compartiment supérieur, d’autant plus qu’on ignore s’ils sont guéris ou pas« , ajoute-t-il.

POLITICO.CD n’a pas pu joindre l’INRB pour recueillir leur réaction à ce sujet. Cependant, le seul centre de dépistage de cas de Coronavirus en RDC a des capacités limitées. Au début, ce centre développé grâce à un don du Japon, ne pouvait effectuer que 50 tests par jour. Il a néanmoins augmenté ses capacités qui se situent autour de 200.

L’Hôpital du Cinquantenaire n’est pas le seul à connaître des soucis. Aux Cliniques Universitaires de Kinshasa, les médecins qui exercent dans la cellule de riposte contre le Covid-19 menacent d’aller en grève. Ils se disent impayés. Comme eux, une équipe envoyée en province, notamment à Matadi, a affirmé n’avoir pas reçu de salaire, ni de logement.

Félix Tshisekedi obligé de réagir

A l’Hôpital du Cinquantenaire, la direction a confié à POLITICO.CD la semaine dernière qu’elle n’a pas reçu les fonds qui devraient venir de l’Etat. « Nous payons tout avec l’argent de l’Hôpital : le traitement, les équipements et même l’alimentation des malades », nous a confié un dirigeant de cet hôpital. Des propos attestés dans une vidéo où un malade dénonce par ailleurs cette absence de moyens.

Il faut ajouter à cela, des couacs dans le fonctionnement. Fait macabre, révèle un patient de Covid-19 à l’Hôpital du Cinquantenaire, un malade décédé depuis cet après-midi aux alentours de 15 heures, est laissé pour compte, dans l’attente des équipes de la croix rouge. « C’est depuis 16 heures qu’on attend que la Croix-Rouge vienne récupérer la dépouille et désinfecte les lieux. Après avoir promis qu’ils allaient venir, ils ont appelé vers 20 heures pour dire qu’ils ont connu un problème avec leur ambulance, ils ne viendront que demain« , explique ce patient atteint de la maladie.

La situation a provoqué une descente du président Félix Tshisekedi sur le terrain ce jeudi. Le Chef de l’Etat congolais a entamé une tournée sur les sites des hôpitaux où les malades sont placés en quarantaine. Félix Tshisekedi avait eu une réunion de haut-niveau avec la « Task » force de la lutte contre le Covid-19 hier à Kinshasa pour évaluer la situation.

« L’objectif de ces visites est de s’enquérir des conditions de prise en charge effective des malades atteints de coronavirus mais aussi des conditions de travail du personnel soignant de ces différents centres d’hospitalisation« , renseigne la Présidence congolaise.

Le président congolais a également analysé longuement la situation en conseil des ministres. Une décision de désengorger les prisons de la capitale congolaise a été prise, en plus de plusieurs autres mesures visant à renforcer l’efficacité de la prise en charge.

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