RDC: A Kinshasa, une application compliquée des mesures décrétées par Félix Tshisekedi

Il est 13h00 à Kinshasa. Le Boulevard du 30 Juin est étrangement vide. Cette colonne vertébrale de la circulation routière de la mégapole Kinshasa est pourtant habituée à suffoquer du monde. Mercredi, tard dans la soirée, le président Félix Tshisekedi a fini par parler, annonçant une série de mesures pour lutte contre le Coronavirus, qui vient d’atteindre le pays. Avant sa sortie, les autorités sanitaires ont annoncé une hausse sensible des cas. Quatorze (14) personnes, dont, pour la première fois, quatre (4) qui ont contracté le virus à Kinshasa.

Parmi les mesures prises, il y a d’abord la fermeture des frontières de la RDC aux personnes venant des « pays à risque ». Mais, c’est sur le plan interne que les mesures sont attendues au tournant. A l’image d’autres pays, Félix Tshisekedi décide d’un confinement, mais assez stratégique.

Un confinement à la congolaise

Les écoles, les universités, les églises et les discothèques, y compris les terrasses, doivent fermer. Plus de rassemblements de plus de 20 personnes dans la rue. Les enterrements et les deuils doivent se faire d’une manière expéditive. Toutefois, dans un pays dominé par l’économie informelle, les marchés de la capitale, ou encore le transport en commun n’ont vu aucune mesure de restriction. C’est à ce niveau que les choses se compliquent.

Publicité

Si le Boulevard du 30 Juin est vide, les bus de transport en commun, y compris ceux de la société publique Transco, sont restés bondés de monde. Dans les arrêts de buts, le long des principales artères de la capitale, des passagers vivent leurs habitudes de tous les jours, formant un nid à contamination visible. « Il est clair que le transport en commun constitue un vrai challenge. Il y a grand risque de contamination. On peut être à 15, 20 ou même à 5 dans un taxi, mais on est coincés, avec le risque de tousser et de se transmettre le virus », explique un médecin au micro de POLITICO.CD.

Le grand marché Zando, situé à peine à deux kilomètres du Boulevard du 30 Juin, incarne un autre enjeu de la lutte contre le Coronavirus en RDC. Les autorités n’ont pris, pour l’instant, aucune mesure pour en réguler la fréquentation. Des étalages et commerces se confinent dans un endroit souvent sale et marécageux, en plus d’une fréquentation qui est restée, ce jeudi, comme à son habitude, immense. « Nous ne pouvons pas rester à la maison. Nous n’aurons rien à manger. La moindre chose que l’on puisse faire, c’est de prendre des précautions en portant par exemple les masques », explique un commerçant.

Le président Tshisekedi a désigné l’éminent docteur Muyembe, symbole national de la lutte contre la maladie à virus Ebola, pour prendre la tête de la lutte contre le Coronavirus. Cependant, son équipe n’est pas encore très au point. Du côté du gouvernement, un comité multiséctoriel a été mis en place. Il va communiquer ce soir sur des mesures prises pour faire respecter les résolutions du président Tshisekedi.

Des infections au gouvernement

La ville de Kinshasa est également restée sous des rumeurs, alors qu’une ministre, celle de l’Economie, a été testée positive au virus. Dans la journée, plusieurs membres du gouvernement, la totalité dit-on, ont passé le test. Des informations contradictoires font savoir qu’il y aurait des cas positifs. Car, la ministre Acacia Bandubola a participé à un Conseil des ministres où prenaient part tous les ministres du gouvernement, y compris le président Félix Tshisekedi.

La ministre et son époux, y compris son directeur de cabinet adjoint, qui est également son frère, ont été placés en quarantaine à l’L’hôpital du Cinquantenaire de Kinshasa.

En fin de journée, Kinshasa continue de vaquer à ses occupations. Les uns tentant d’attraper un transport en commun qui n’est toujours pas encore régulé. Si quelques-uns portent des masques, beaucoup n’osent les utiliser dans les normes. Et nul doute que ceux-ci ne pourront pas faire grand-chose sur le risque de contagion.

La capitale à plus de 10 millions de personnes a toujours les yeux incrédules, mais braqués vers les autorités, dans l’attente d’une réaction réelle. Le discours du président Tshisekedi est resté pour beaucoup comme un vœu. Son application reste un combat, comme la lutte contre cette pandémie que les Congolais ont du mal à prendre au sérieux.

Litsani Choukran,
Depuis le Grand marché de Kinshasa.

2 comments
  1. Hâtive conclusion. Une mesure qui est tombée hier 20h, en moins de 24h, vous enquêtez et concluez que les mesures sont restés des voeux pieux. C’est du mensonge, car dans les mesures les bus et marchés ne sont pas concernés.
    Renvoyez votre papier.

  2. Je pense que la responsabilité, reviens à tous un chacun à prendre une décision, Notre VIE en dépends, Ce n’est ni pour le président ou le gouvernement à qui il faudrait faire plaisir. Mais c’est notre VIE.

Comments are closed.

Recevez l'actualité directement dans votre email

En appuyant sur le bouton S'abonner, vous confirmez que vous avez lu et accepté notre Politique de confidentialité et notre Conditions d'utilisation
Publicité

En savoir plus sur Politico.cd

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading