Le coronavirus fait tousser l’économie de la RDC

Si le Coronarivus arrive à peine en République démocratique du Congo, où trois cas ont déjà été détectés par les autorités, ses conséquences sur le plan économique frappent le pouvoir du président Tshisekedi en plein fouet. Dans une économie déjà malade, les répercussions sont énormes. Décryptage
epa07316246 (RESEND) - DR Congo's new President Felix Tshisekedi prepares to take oath of office during the inauguration ceremony at the Palais de Nation in Kinshasa, the Democratic Republic of the Congo, 24 January 2019. Tshisekedi, the son of the country's veteran opposition leader, was sworn-in as the country's new President after disputed elections. EPA/HUGH KINSELLA CUNNINGHAM (RESEND) QUALITY REPEAT (MaxPPP TagID: epalivethree837777.jpg) [Photo via MaxPPP]

Nouveau « lundi noir » sur les marchés financiers internationaux. Les Bourses mondiales continuent de plonger sous l’effet de la pandémie de coronavirus, mais également du krach pétrolier. Après une chute de 20 % la semaine dernière, le cours de la Bourse de Paris a continué de plonger, s’établissant à -11, % à mi-séance, ce lundi. La situation semble loin de la RDC. Le monde qui fait face au Coronavirus, avec notamment l’Italie où la situation s’aggrave et la France qui vient de prendre des nouvelles mesures exceptionnelles, est regardé de loin par les Congolais.

Pourtant, si la maladie affecte « à peine » trois cas à Kinshasa, elle fait des ravages sur le plan économique. Le lundi 9 mars a été déjà une très mauvaise journée de nouvelles économiques pour le pouvoir du président Félix Tshiskeedi, qui a désespérément besoin d’argent. En effet, la loi de finances 2020 prévoit un prix moyen de 65 $ pour le baril de pétrole.  Or justement, depuis cette date, le brut Brent a chuté à environ 35 $ par baril. Une une perte de 46% des revenus pétroliers.

Dans son budget annuel, qui prévoit notamment une hausse spectaculaire des recettes, sous l’impulsion du président Tshisekedi, il est prévu autour de 442,5 milliards de Francs congolais ( 260 millions de dollars) de recettes pétrolières, soit 4,6% du budget, que le ministère des finances a déjà revu dans ses projections financières à travers un Plan de trésorerie pour l’exercice 2020, à  environ 5,5 milliards de dollars.  Ces recettes intègrent la production journalière évaluée à 30.000 barils, le cours moyen du baril de 65 dollars américains, les frais du terminal de 2,5 dollars américains ainsi que le régime fiscal dévolu à chaque convention pétrolière.

Publicité

Face à une telle situation, seul le Cuivre, pilier de l’économie, peut encore sauver la situation. Néanmoins, là encore, la RDC est désillusionnée. Le Cuivre continue de plonger sur le marché international. En baisse de 12% depuis la mi-janvier, il est maintenant à 5535 $ par tonne, largement en dessous de la moyenne de ces cinq dernière années. Pire, dans son budget, le gouvernement congolais tablait sur une hausse de 16%.

Problème de dépenses

Dernière solution, le Fonds monétaire international (FMI) a vu vernir le choc. L’institution de Bretton Woods est donc la seule à perfuser l’économie congolaise en attendant les jours meilleurs. Cependant, la-bàs encore, rien n’est simple. A l’issue d’un énième entretien avec le président Tshisekedi à Washington le 3 mars,  la directrice générale FMI, Kristalina Georgieva, a appelé le président congolais au « courage ». « J’ai eu un excellent échange avec le président de la RDC, Félix #Tshisekedi. Nous avons discuté de l’importance pour le gouvernement de prendre des mesures audacieuses pour augmenter les recettes, améliorer la gouvernance et protéger les dépenses sociales, tout en limitant les dépenses aux ressources disponibles« , a tweeté Kristalina Georgieva après la rencontre avec Félix Tshisekedi. 

Au pays, c’est les dépenses de l’Etat qui inquiètent. La fiche synthétique de la situation des finances publiques du mois de février 2020 annonce un déficit de 180 milliards de CDF. Il résulte des recettes de 454 milliards de CDF, contre des dépenses de 634 milliards de CDF. Parmi les causes du déficit, il y a notamment la sous-réalisation des recettes comparativement aux prévisions ainsi qu’aux dépassements observés au niveau des dépenses. En outre, au cours de ce mois de février, les dépenses de rémunérations et de fonctionnement ont représenté 77,9% du total des dépenses. Quant aux dépenses d’investissements, elles sont passées de 0,2% en janvier 2020 à 2,5% en février 2020. À l’instar du mois de janvier 2020, la part des dépenses des rémunérations et de fonctionnement sur les dépenses totales est restée prépondérante.

Alors que le gouvernement réfléchit aux mesures supplémentaires pour faire face au Coronavirus, notamment la fermeture des universités, des écoles, l’Interdiction des vols en provenance des pays touchés et interdiction des rassemblements, les conséquences sur le plan économique s’annoncent sérieuses, alors que la situation est déjà compliquée pour les autorités congolaises. Félix Tshisekedi qui rêvait d’un budget révolutionnaire, se voit ramener à la réalité. Une réalité qui le place devant une situation peu enviable.

1 comments

Comments are closed.

Recevez l'actualité directement dans votre email

En appuyant sur le bouton S'abonner, vous confirmez que vous avez lu et accepté notre Politique de confidentialité et notre Conditions d'utilisation
Publicité

En savoir plus sur Politico.cd

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading