La RDC peine à remplir les conditionnalités d’un programme avec le FMI

La République démocratique du Congo (RDC) avait conclu, le 16 décembre 2019, un programme de référence avec le Fonds monétaire international (FMI) censé se clôturer en mai 2020 « pour céder la place, en cas d’une note congolaise satisfaisante, à un programme beaucoup plus ambitieux étalé sur 3 ans, de 2020 à 2022 ».
Mais, s’inquiète le ministère congolais des Finances,  » la RDC n’a pas bien clôturé son premier mois de 2020″.

DES RATÉS INQUIÉTANTS

« En janvier 2020, les opérations financières de l’État se sont clôturées par un solde négatif de 136 milliards de FC, couvert par la souscription aux Bons de Trésor (42 milliards de FC). Mais, le déficit ne s’est pas arrêté là, les indicateurs financiers tendent au rouge », s’alarme-t-il.

En effet, le ministère des Finances « craint que le déficit se creuse, au point de limiter les chances de gagner le pari de mai 2020; une situation qui risque de faire capoter le programme avec le FMI ». « Et pourtant, la conclusion d’un programme ambitieux en mai prochain va permettre à la RDC d’obtenir de nouveaux financements beaucoup plus importants de la part du FMI. Ce qui va permettre au président de la République, Félix Tshisekedi, de réaliser ses grands projets, dont ceux de la gratuité de l’enseignement de base et de la couverture de la santé universelle« , déplorable encore ce ministère.

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Des experts incombant cette malheureuse situation au gouvernement congolais qui « n’a pas pu couvrir le déficit qui s’est creusé en janvier, encore moins pour ce mois de février« .

Toutefois, le ministre des Finances, José Sele Yalaghuli tente de sauver la mise. « L’ensemble du gouvernement est mobilisé pour gagner ce pari à fin mars, c’est-à-dire ramener le déficit public dans les marges convenues avec le FMI« .

Or, la délégation du FMI, qui vient de séjourner à Kinshasa où elle a eu des séances de travail à plusieurs niveaux, n’a pas mâché ses mots. « Le gouvernement consomme plus que les recettes qu’il n’a pas produites« , a-t-elle constaté. C’est un cinglant avertissement.

CONDITIONNALITE POUR OBTENIR UNE AIDE INTERNATIONALE

L’obtention d’une aide internationale répond à un ensemble de conditions exigées par les grandes organisations économiques internationales en échange de prêts aux pays en développement.

Les grandes organisations économiques internationales, dont les plus connues sont le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM), proposent des financements, aux pays en développement principalement.

Les prêts du FMI visent à assurer la stabilité du système monétaire international, alors que ceux de la BM concernent plutôt des projets de développement, du microcrédit aux projets d’infrastructure. Mode d’emploi, ci-dessous.

Les prêts des institutions internationales, même celles de développement, ne sont pas sans contrepartie. Les pays emprunteurs sont mis au ban des circuits traditionnels de prêt en raison de leurs problèmes de solvabilité, et sont donc presque obligés de passer par ces organismes afin d’obtenir des fonds.
Les taux d’intérêt proposés par les institutions économiques internationales sont en principe relativement bas, mais les prêts sont conditionnels.

Les gouvernements emprunteurs créent, conjointement avec les organisations de prêt, des programmes de réforme économiques et financières destinés à assurer la solvabilité future du pays.
En effet, les institutions de prêt entendent récupérer les sommes engagées, ainsi que les intérêts associés.

La conditionnalité se justifie par le fait que les institutions de prêts doivent être sûres que les prêts seront utilisés efficacement, et que les États – qui forment les organisations internationales – refuseraient de prêter si ces garanties n’existaient pas.

Les étapes de suivi d’un programme de conditionnalités sont autant d’objectifs à atteindre et de moyens à mettre en œuvre. Elles sont négociés d’accord parties et visent le retour à l’équilibre budgétaire et à la croissance. Il comporte en général :

  • Un volet macroéconomique, qui définit la politique économique générale future du pays pour revenir à la croissance et réduire la pauvreté (volet indispensable pour obtenir la « facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance ») ;
  • Un volet plus technique qui détaille les réformes envisagées pour sortir le pays de l’ornière.

Ces volets incluent en général :

  • La diminution des dépenses publiques;
  • L’augmentation des recettes publiques;
  • L’amélioration de la gouvernance;
  • La mise en place de politiques de croissance.

En 1999, Alassane Ouattara, DGA du FMI, définissait les trois piliers du développement, conséquence d’un plan d’ajustement réussi ainsi : « Tous ces entretiens (avec des Chefs d’État, des ONG, des experts…) m’amènent à la conclusion que le développement repose sur trois piliers : une bonne politique économique, un environnement juridique et politique approprié et un développement social équitable ».

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