Grève des magistrats en RDC : une histoire des promesses non tenues

En République démocratique du Congo, c’est depuis 2011 que les magistrats attendent d’être payés avec un salaire de 1600 USD annoncé pompeusement par Joseph Kabila Kabange, alors Chef de l’État, dans son discours-bilan de fin de mandat prononcé mercredi 14 septembre de la même année « électorale ».

Le lendemain, jeudi 15 septembre, ceux de Kinshasa avaient déserté leurs bureaux au Palais de justice réclamant que leurs « salaires détournés » soient restitués avec effet rétroactif. Parce que le dernier magistrat touchait à peine 495 USD.

La grève à durée illimitée déclenchée le 10 février 2020 sur toute l’étendue de la RDC sous la houlette du Syndicat autonome des magistrats du Congo (SYNAMAC) fait suite à plusieurs autres précédentes. Car, ils n’ont cessé de déclencher des mouvements d’arrêt de travail, espérant être entendus et servis par le gouvernement, leur employeur prompt à promettre de s’exécuter. En vain.

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HAUSSE DES SALAIRES ET AMÉLIORATION DES CONDITIONS DE TRAVAIL

Dans le cahier des charges qu’ils avaient déposé préventivement au gouvernement, les magistrats avaient. repris les mêmes revendications : révision à la hausse des salaires, amélioration de leurs conditions de travail, notamment. « Le tableau barémique, qui lui a été déposé, le gouvernement doit l’exécuter. Depuis 2011, on ne fait que renvoyer son exécution et nous faire passer des moments difficiles. Quittez Kinshasa, allez à Mbuji-Mayi, à Kananga et par-ci par-là, les magistrats sont dans la précarité« , s’est désolé le trésorier général du SYNAMAC.

Demandant au Premier ministre Sylvain Ilunga Ilunkamba d »appliquer le nouveau barème salarial tel qu’il lui avait été transmis par le Conseil supérieur de la magistrature en juillet 2019, avec des salaires et des avantages spécifiques à payer à chaque magistrat congolais », le porte-parole du SYNAMAC, Léopold Nkodaloko, soutient qu' »on ne peut pas prétendre vouloir combattre la corruption avec des magistrats les plus mal payés du système OHADA dont la RDC est membre ».

Bien plus, relève Patience Nimy, conseiller à la Cour d’appel du Nord-Ubangi interrogé par Radio Okapi, il y a cette « retenue illégale de 12,5% sur la rémunération ». « Nous avons constaté, lors de la paie de notre dernière rémunération, que nous avons subi une retenue illégale de 12,5% sur la rémunération qui nous revient chaque mois alors que, depuis un certain moment, les autorités du pays nous prêchent que nous devons vivre dans un État de droit, où tout se fait conformément aux lois du pays« , a-t-il stigmatisé.

BUDGET DU POUVOIR JUDICIAIRE

En 2017, Alexis Thambwe Muamba, alors ministre de la Justice invité à la 5ème session extraordinaire de l’Assemblée générale du Conseil supérieur de la magistrature à Kinshasa, avait dressé un tableau sombre de l’administration de la justice par des magistrats censés faire appliquer la loi.

À ces assises, un projet du budget du pouvoir judiciaire pour l’exercice 2018 avait été adopté. Mais, voilà. Peine perdue. Les magistrats congolais se plaignent du fait que le pouvoir judiciaire n’est pas financièrement autonome. Ce qui réduit son indépendance vis-à-vis des pouvoirs exécutif et législatif.

Pour l’heure, ce sont les justiciables qui paient les pots cassés de ce bras-de-fer interminable entre les magistrats, en grève illimitée, et leur employeur qu’est l’État congolais. Jusqu’à quand ?

Par NSUMBU Ange

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