A la MONUSCO, les salariés congolais paient le prix fort de la réduction des effectifs

Un rapport onusien a récemment proposé un retrait sur trois ans de quelque 15500 Casques bleus déployés en RDC depuis plus de 20 ans, a appris POLITICO.CD. Dans une nouvelle résolution, le Conseil de sécurité a souligné « la nécessité de progressivement transférer des missions de la Monusco au gouvernement ».

Depuis le 1er juillet 2019, la Monusco avait donc déjà fermé des bases en RDC et réduit ses effectifs civils de 764 personnes sur près de 18 000 dans le cadre de l’actuel mandat (avril-décembre 2019). Les trois quarts de ces postes supprimés étaient occupés par des Congolais.

Les suppressions n’ont « pas été faites correctement. Le travail a été fait dans la précipitation, sans objectivité ni transparence », déplore à Goma Rachel Ntumba, qui a passé 14 ans au sein du stratégique « DDR » (désarmement, démobilisation, réinsertion des membres de groupes armés).« On n’a tenu compte ni de l’ancienneté, ni du niveau d’études des gens », ajoute la diplômée en droit public international. Aînée de la famille, Mme Ntumba affirme avoir à sa charge ses parents et ses sept frères et soeurs. Après la suppression de son postedit-elle, « j’ai pu obtenir un petit contrat, non UN (non ONU, NDLR) de trois mois (qui prend fin dans quelques jours) au sein de la Mission ».

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A Kisangani, tout comme à Matadi dans le Sud-Ouest, la mission a fermé ses bureaux depuis le 30 juin. La fermeture a été « exécutée d’une manière cavalière car nous n’avions même pas fini de remplir les formalités. On a coupé internet et l’électricité, ravi les chaises, sans attendre que l’on finisse de faire nos bagages », a dit à l’AFP Denzu Nsimba, un ex-responsable au service logistique de la Monusco à Matadi. »Dans ce pays où avoir un job est une bénédiction du ciel, je suis à la maison, au chômage, ne sachant pas quoi faire ».

Son ressentiment envers les « expatriés », redéployés ailleurs dans le réseau onusien, est palpable. « Les Nations unies prônent les droits de l’homme mais les pratiques sont contraires à cela ».

Fondée en 2002, en partenariat avec la Fondation Hirondelle, la rédaction de la radio onusienne Okapi a également été touchée. Journaliste, Aliana Alipanagama a perdu son poste après 17 ans de prestation. « Les frais liés aux indemnités de départ ont été versés dans mon compte le mois dernier », explique ce père de 5 enfants, qui héberge 12 autres proches chez lui.

Grand nom de la radio, ex-rédacteur en chef à Bunia (nord-est), José des Chartes Menga affirme avoir adressé un mémorandum à la Monusco pour dire sa « désolation » et son « amertume » face à la décision de fermer la radio Okapi, surnommée « Radio de la paix » en RDC. Ce mémorandum est « resté sans réponse, sans accusé de réception, ce qui frise le mépris vis-à-vis du personnel congolais de la Monusco », affirme cet ancien correspondant de la BBC Afrique.

« Il n’y a pas de perspective de fermeture de la radio Okapi. On est en train de travailler pour trouver des solutions de sa pérennisation », a expliqué Mathias Gillmann, un porte-parole de la Monusco.

José des Chartes Menga dit désormais travailler sur son propre projet de radio « pour essayer de préserver un espace de liberté ».

Avec AFP.

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