Détournements, mégestion : la Réserve Stratégique Générale, l’autre épine dans le pied de Tshisekedi

Des documents parvenus à POLITICO.CD dénoncent des pratiques douteuses au sein de la Réserve stratégique générale de la Présidence de la République démocratique du Congo. Révélations.

Connaissez-vous la Réserve stratégique Générale », en sigle « R.S.G »? Pour autant, c’est une entreprise publique à caractère agropastoral, industriel, commercial et social ; dotée de la personnalité juridique. Dépendant directement de la Présidence de la République, elle est devenue aujourd’hui l’ombre d’elle-même après près de 15 ans de gestion calamiteuse, à en croire une note adressée au Directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi et parvenu à POLITICO. CD.

Beaucoup des congolais n’ont jamais entendu parler de cette structure, dont le siège est établi sur l’avenue Roi Baudouin à Kinshasa dans la commune de la Gombe. Elle a pour objectif : de constituer des réserves des produits stratégiques par la production et/ou l’achat en vue de permettre à l’Etat de faire face à des situations de crise, se pénurie, de calamités naturelles et de catastrophes ; d’assurer ou de promouvoir la production agropastorale et industrielle des produits de première nécessité et de distribuer en gros et réguler les stocks de ces produits en fonction des besoins de la Nation. Mais la Réserve Stratégique Générale n’a jamais réussi à atteindre ne fut ce que l’un de ces principaux objectifs. Si les raisons sont multiples, l’une d’elles a un nom: Nsita Wa Kenge Marianne!

Nommée par le décret t n° 020/2003 du 13 mars 2003 , la dirigeante de la « R.S.G. », totalise 15 ans à la tête de cette structure, qui est, avec le temps, devenue pratiquement son bien privé, confondue avec son ONG A.D.R.I ONGD – Association pour le développement rural et intégré en terme de gestion et d’administration.
D’autant plus qu’il y a confusion entre les moyens financiers, agents de la RSG et ceux de l’ONG ADRI de Madame la DG car plusieurs personnes sont à son service, que ce soit ici à Kinshasa, dans ses chantiers de construction comme à Madimba et Kisantu, mais payés par le trésor public.

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Un chaos total

Concernant les projets et autres investissements financés par le Gouvernement Congolais en faveur de la RSG, l’on note l’existence des plusieurs sites fictifs et détournement de tous les financements des projets y afférents comme le rapporte la note explicative adressée au Directeur de cabinet du Chef de l’État en date du 24/09/2019 dont une copie est parvenue à Politico.cd.

Plusieurs projets censés être exécutés dans le Kongo-Central, sont à caractère durable et palpable et ne peuvent souffrir d’aucun manque de preuve or malheureusement ce n’est pas le cas. Par exemple les projets de construction des villages ruraux, palmiers nains, porcheries, pisciculture et autres n’ont jamais été réalisé. L’on observe que les différents sites achetés avec les finances de la RSG mais portent les noms d’autres personnes dans les documents de propriété.

Ensuite, ces personnes signent des contrats de location avec la RSG qui spécifie dans l’une des clauses qu’au terme du contrat, tous les investissements faits sur le site reviennent au propriétaire du terrain ou site qui, par ailleurs se trouve n’être que Madame la Déléguée Générale cachée derrière le soi-disant propriétaire.

Cette situation fut même dénoncée en son temps par le Directeur de Cabinet du Chef de l’Etat sortant Néhémie Mwilanya. L’on observe aussi un arrêt des travaux dans presque tous les sites et ce, malgré tous les financements reçus de la part du Gouvernement. A ce jour, pour tous les sites de la RSG réunis aucune superficie ne dépassant 1 hectare n’est exploitée.

Seuls les 2 sites de la Nsele et de Menkao, octroyés respectivement aux partenaires Chinois dans le cadre du projet des semences des cultures pluviales et dont la superficie emblavée ne dépassant pas 2 hectares chaque année ; et ensuite aux Egyptiens dans le cadre du projet de la ferme commune de Menkao.

La légèreté dans la gestion des partenariats avec les chinois sur le projet de vulgarisation des cultures pluviales à N’sele et avec les égyptiens sur le projet de la ferme commune ont amené ces deux partenaires à se plaindre de la non-implication de la RSG et regrettent le manque de sérieux des interlocuteurs congolais, ici représentés par Madame la DG.

Ainsi, Ils menacent même de déplacer ces projets pour les autres pays africains qui ont réussi avec les mêmes types de financement, s’il n’y a pas changement à la tête de la RSG. Il s’avère que le comite de gestion actuel manque de vision quant à l’ouverture des sites agricoles en faisant abstraction de l’article 3 du décret N°016/2003 du 02 Mars 2003 portant création et statuts d’une entreprise publique dénommée « Réserve Stratégique Générale», en abrégé « RSG ».

L’on note également l’inachèvement de 3 hangars de stockage en construction à Menkao dont le financement de 100.000$US a été assuré par la coopération Japonaise.

Des containers destinés à des projets à Kinshasa ont été détourné de Matadi à Madimba

Ils étaient constitués d’un don en provenance de la Chine via Matadi faisant suite aux lettres échangées en date du 26 mai et 22 juin 2015 entre les Gouvernements Chinois et Congolais dont un lot offert par la partie chinoise à titre de don à la partie congolaise et réceptionné en 2016. Il s’agit de : 5 three-wheel agrimotor de type 7YP-1450A-2 ; 2 three-wheel agrimotor de type 7YP-1450D-5; 2000 hacking knife; 1000 steel spade F1-1L; 1000 steel spade JI-2L; 1000 hoe AE-2; 1000 hoe AE-1; 1000 rake; 10 chain saw; 5 hand tractors; 5 trailler; 15 motorcycles; 50 bicycles.

Ce don du peuple chinois au people congolais est resté caché à Madimba, fief électoral de Madame la Déléguée Générale. S’agissant de la coopération bilatérale, la RSG avait signé un contrat d’exécution du Projet de Vulgarisation des Cultures Pluviales à N’sele avec les chinois de la société Internationale de Shandong.

Ce contrat stipule qu’au terme de chaque phase, tous les biens, équipements et matériels acquis, deviennent propriétés de la RSG. « Actuellement, on est déjà à la sixième phase de ce projet. On a le regret d’annoncer que tous les biens bénéficiés sont portés disparus ou soit transférés nuitamment vers le Kongo-Central précisément à Madimba avec comme argument avancé aux chinois, l’ouverture de l’extension du projet à Kintomvuila dans son site privé, » peut-on lire dans la note explicative.

Dans le cadre des coopérations bi et multilatérales, la RSG avait bénéficié du Gouvernement de la République Arabe d’Egypte par le canal de la Coopération Technique avec l’Afrique (FECTA) d’un don des biens dont : 1THRESHING MACHINE SUN YIELSD, 5 FARM TRACTORS, 2 MOTORS SPRAY, 3 TURNING CORN, 5 MDASHA, 1 TIPPER TRAILLERS, 4 pick-up double cabine de marque TOYOTA, 6 pièces des grands générateurs.
« Aussitôt réceptionnés, 2 véhicules neufs ont été confisqués au profit de ces 2 filles et dont aujourd’hui les documents sont changés en leurs noms en complicité avec les agents des ITPR. Et pourtant l’entreprise n’a aucun véhicule moyen pour la locomotion des agents, » affirme un agent de cette entreprise publique.

Et d’ajouter: « Il n’existe en ces jours aucun stock des produits agricoles dans nos entrepôts et ce, malgré différents financements de l’opération de ramassage (achat) des produits agricoles dans les milieux ruraux, assurés par l’Etat congolais et dont aucun franc ne lui a jamais été versé nonobstant plusieurs ventes intervenues toutes ces années. »

Ainsi donc, la Déléguée Générale Madame Nsita Wa Kenge doit prouver l’effectivité des projets tels que celui des palmeraies dans les villages Mvululu et Luila et celui de la construction des villages ruraux à Mvululu, Kinsedi (Madimba) et ailleurs ; car ces hectares de palmeraies devront exister étant donné que le palmier vit pendant plusieurs décennies et les maisons construites devront aussi l’être. Ces projets n’ont que plus ou moins 6 à 7 ans d’existence et dont aucun résultat n’est palpable.

Madame la Déléguée Générale doit justifier comment est-il possible de terminer 50.000.000FC de frais de fonctionnement, alors que la RSG n’a rien sur terrain comme activité et rien alors n’ayant été affecté aux courses de service, achats fourniture et autres dépenses car dans ses justificatifs, il y a des dépenses affectées au fonctionnement des Zones Agricoles Pilotes (ZAP) qui, par contre, n’ont jamais eu d’administration. Donc, ces sites n’ont jamais reçu de la Direction aucun franc.

Selon Madame le DG, d’autres dépenses justifiant l’utilisation des frais de fonctionnement, sont affectées à l’achat carburant pour les véhicules servant aux courses de service. Ce qui est véritablement un détournement, la RSG n’ayant pas des véhicules car tous ceux acquis en faveur de l’entreprise ont été détournés et cachés dans ses différentes résidences, comme signalé plus-haut.

Thierry Mfundu

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