Publicité

Le Congo est en pleine Transition sans Kabila

Huit mois après des élections tendues, la RDC se trouve finalement dans une situation de transition, où les forces politiques continuent de s’affronter autour de ce qui les a toujours intéressé : les postes.

Août 2017. Dans un luxueux hôtel parisien, des figures allégoriques de la lutte anti-Kabila déambulent dans le hall. Avec ses montures dorées, Sindika Dokolo, homme d’affaires reconverti en activiste et farouche opposant, est de la patrie. A ses côtés, des représentants de la LUCHA, Filimbi et ceux de plusieurs autres mouvements citoyens accouchent, au bout de trois jours de discussions, un fameux « manifeste du citoyen congolais ». Un texte réquisitoire qui étripe Kabila. Le grand mal congolais doit dégager. Ces activistes l’accusent en effet d’avoir l’intention de ne pas organiser les élections.

Le fait est qu’au pays, l’homme qui règne sans eux depuis 17 ans, montre des signaux inquiétants : les manifestations réclamant son départ son réprimées. L’accord politique signé en décembre 2016 et partageant le pouvoir pour une transition d’un an est balayé. Prétentieux comme un paon, Corneille Nangaa, président de la Commission électorale, ne rend de compte à personne. Les élections attendues alors en décembre s’éloignent, les obstacles fleurissent.

Rapidement, des leaders politiques de l’opposition sautent sur cette fameuse « TSK ». Olivier Kamitatu, à bout de nerfs sous l’hiver bruxellois, arbore fièrement l’idée qui veut que Kabila soit mis sur la touche, que quelqu’un d’autre prenne les règnes du pays, afin d’organiser des « dignes élections ». Moïse Katumbi, l’exilé de luxe, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe qui se détestent mutuellement tels lapin et carotte, soutiennent  tous l’idée.

Publicité

Mais qui va diriger le pays alors ? Comment diable écarter Kabila. A la première question, le Cardinal Laurent Monsengwo se met à rêver. Il se montre même aux côtés des catholiques qui embrassent le projet et vont à l’abordage avec les hommes de Kanyama. Pendant que le pays s’embrase, Kapangala et Mukendi sont froidement abattus, internet est coupé, Denis Mukwege est également plébiscité.

Kabila met lui-même en place la TSK

Mais Kabila, l’énigme national, est toujours là-haut, depuis sa tour d’ivoire, en train d’observer. C’est de lui-même que viendra la réponse à la deuxième question. Il avance ses coups. En août 2018, il sort de sa cape de magicien, une souris nommée Emmanuel Shadary, le dauphin attitré. Il est censé mourir à la plage, prophétise Modeste Bahati. « Quelle folie », enfonce Tryphon Kin-kiey. « Kabila a sans doute trouvé le meilleur moyen de perdre le pouvoir », confiera un diplomate américain.

Finalement, l’Ayatollah de Kinshasa avait, comme souvent, vu juste. Les mouvements citoyens avaient raison. Ce pays tourmenté était à bout de nerfs. Une transition sans Kabila n’était qu’une belle issue pour calmer les esprits. Mais au lieu d’un coup de force, tout en douceur, Nangaa, l’autre souris tirée de la cape de l’Ayatollah va pondre un successeur extirpé de Limete, le cœur même de la lutte pour la démocratie : qui de mieux que le fils du Sphinx pour diriger une TSK ?

Au Palais de la nation, le 24 janvier 2019, le monde, étourdi par la magie, ne reconnaît pas la TSK. Kabila ricane, se coiffe même. Il vient, comme souvent, de mystifier son monde. Félix Tshisekedi élu président, devrait composer avec une ribambelle d’assoiffés qui veulent chacun son poste. Comme au Centre Interdiocésain, sans les Catholiques, mais avec Ilunkamba, les négociations se poursuivent pour former un « gouverne et ment » de large union, excluant toutefois les moins courageux et les extrémistes.

La transition sans Kabila durera cinq ans, elle sera dirigée par Félix Tshisekedi, et aura le mérite de conduire le pays vers des élections… Entre-temps, chacune des composantes, celles qui n’auront pas froid aux yeux, celles qui trouveront grâce aux yeux de Kabila, pourra bénéficier d’une part du gâteau. Fayulu et sa clique attendront longtemps la leur. Ils n’ont qu’à danser. Le Congo avance. Le Congo restera un pays spécial. Très spécial même.

Litsani Choukran,
Le Fondé.

1 comments
  1. Oui voilà des mots qu il fallait .. un parfait manuscrit de la réalité politique du Congo actuel …. je suis d accord avec , nous sommes dans une période de transition à la fois politique et morale … qu à cela ne tienne dans 5 nous aurons une vue claire de la façon à laquelle nous souhaitons voir notre pays être dirigé… Kabila est un monsieur du passé … felix , lui prépare la relance d un Congo nouveau ….

Comments are closed.

Recevez l'actualité directement dans votre email

En appuyant sur le bouton S'abonner, vous confirmez que vous avez lu et accepté notre Politique de confidentialité et notre Conditions d'utilisation
Publicité

En savoir plus sur Politico.cd

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading