Le ministre d’Etat en charge de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba a finalement signé un arrêté annonce la libération d’Eugène Diomi Ndongala. Celui-ci fixe pas moins de sept conditions drastiques dont:
- Ne pas encourir une peine privative de liberté entre la période s’étendant de la date du présent arrêté au 08 avril 2023;
- Ne pas causer du scandale par sa conduite :
- Ne pas se livrer à des déclarations et activités politiques de nature à troubler l’ordre public et le bon fonctionnement des institutions étatiques
- Ne pas sortir du territoire national sans l’autorisation préalable du Procureur général près la Cour de cassation
- Ne pas se rendre dans aucun point de sortie du territoire national pendant toute la durée de l’épreuve.
- Ne pas se retrouver dans un périmètre de 500 m d’une école des filles pendant les heures de cours.
- Se présenter chaque lundi devant le Procureur Général près la Cour de Cassation
Par ailleurs, le même arrêté précisé que « la libération définitive est acquise à l’intéressé si la révocation n’est pas intervenue avant la date du 08 avril 2023«
Dans une interview mardi à Kinshasa dans une radio locale, le ministre de la Justice avait qualifié l’opposant congolais de “délinquant et prédateur sexuel”, précisant qu’il sera libéré sous des conditions « strictes ».
L’opposant Eugène Diomi Ndongala a été condamné en 2014 par la Cour suprême à dix ans de prison pour viol sur mineures. L’affaire commence en juin 2012 avec la disparition d’Eugène Diomi Ndongala. Selon ses proches, l’opposant a été enlevé par les services de sécurité de l’État. Depuis plusieurs mois déjà, il dénonçait des irrégularités lors des législatives et de la présidentielle de 2011. Il avait même envisagé juste avant sa disparition de mener différentes actions politiques pour réclamer la vérité des urnes.
Mais selon les autorités, l’opposant avait été surpris avec deux mineures avec lesquelles il aurait eu des rapports sexuels avant de s’enfuir une fois la police démarquée à son bureau au centre-ville de Kinshasa. Selon le gouvernement, le député, qui avait refusé de siéger à l’Assemblée, aurait plutôt fui pour se soustraire à la justice parce qu’il était accusé de viol par deux mineures. Eugène Diomi Ndongala ne réapparaît que quatre mois plus tard, à la veille du sommet de la Francophonie de Kinshasa, à la prison centrale de la capitale congolaise.
En janvier 2013, l’Assemblée lève son immunité parlementaire, ouvrant la voie à une procédure judiciaire. L’opposant sera également déchu de son mandat de député et accusé de tentative de déstabilisation. Le 8 juillet 2013, Eugène Diomi Ndongala comparait pour la première fois devant la Cour suprême pour viol sur mineures. Son parti, Démocratie chrétienne, et ses avocats, dénoncent un procès politique et une détention arbitraire.
Tout au long de la procédure, ses conseils soulèveront de nombreuses irrégularités et autres curiosités, parmi lesquelles la disparition du coaccusé, qui a lui été remis en liberté – et qui n’est jamais venu témoigner au procès – ou encore le fait que cinq juges au lieu de sept ont rendu cette décision, après 18h, en l’absence de l’accusé ou de ses avocats.
Mais alors que son cas a été placé parmi ceux des opposant emblématiques à libérer dans l’accord du 30 décembre 2016, le président Félix Tshisekedi a préféré ne pas gracié l’opposant congolais. Beaucoup, même y compris du côté de l’opposition, doutent de son innocence. diomi