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A Kinshasa, le Palais de la nation démystifié

Journée historique dans la capitale congolaise où des milieux de partisans de l’ex-opposant Félix Tshisekedi ont envahi le Palais de la Nation, bureau officiel du Président de la République et symbole du pouvoir, pour assister au premier transfert pacifique du pouvoir en RDC.

Fouler la pelouse du Palais de la nation et mourir en paix. Tel le sol de Canaan, des partisans du parti historique d’opposition en RDC ont juré ce matin de prendre d’assaut ce palais, symbole du pouvoir en RDC.  Dès 6h, des centaines des « combattants » mettent cap vers le quartier le plus sécurisé du pays. Habillés en blanc, certains avec le fameux logo « FT » du duo FATSHIVIT très connu durant la campagne, ils sont pressés d’assister à l’intronisation de leur demi-dieu.

« Aujourd’hui, le Palais de la nation va tomber. C’est fini« , lance Justin devant le célèbre « Grand Hotel », l’actuel Pullman Hotel. Etrangement, ces partisans qui ont affronté le pouvoir depuis toujours, n’ont aucune animosité envers le président sortant Joseph Kabila. « Vous allez où avec la photo de notre frère« , lance un homme en rigolant à quelques militants du ministre Mova, qui se dirigeaient alors vers le Palais de la nation avec le portrait officiel du président Kabila. « Joseph Kabila +Kabanga+ est du Kasaï. Il n’y a pas de +Kabanga+ dans le Katanga« , ajoute-t-il en riant.

C’est donc comme ça que commence cette journée historique. Sur les pelouses du Palais de la nation, il était à peine 9h que des milliers de ces partisans euphoriques chauffaient l’ambiance dans l’attente du début officiel de l’événement. Et quand la télévision nationale, vers 11H, a eu la bonne idée de passer les images de Vital Kamerhe assis aux côtés d’Emmanuel Ramazani dans la tribune, la foule exulte. Même lui, dauphin du pouvoir est ému, il fait signe fatidique du V de la victoire à ces combattants qu’il a jadis affronté.

L’idylle entre un peuple et ses dirigeants. Le Palais de la nation est démystifié. La garde présidentielle, les fameux « Bana moura », ne sont plus craints. La foule force même un barrage devant ces militaires armés, elle veut se rapprocher de la tribune d’où Félix Tshisekedi devra prêter serment.

Soudain, la terre tremble. Le temps s’arrête. Un homme fait irruption. Le speaker annonce « le Président élu Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi ». Plus personne ne sait contenir sa joie ici. Une journée magnifique, où des Congolais croient être arrivés à Canaan. Cris de joie, célébrations, Félix Tshisekedi sera longuement adulé avant de prendre place à la tribune.

L’autre star de la journée, le président sortant Joseph Kabila, sera étrangement accueilli de la même façon par ces hommes dont la plupart ont manifesté contre lui. Joseph Kabila, de bonne humeur, n’hésitera pas à les saluer. Il s’est même coiffé et a rasé sa barbe rebelle. C’est donc la fin d’une époque de combat. Une autre commence.

Le discours mouvementé de Félix Tshisekedi, ou encore le petit malaise que le nouveau Président fera, sans doute causé par un gigantesque gilet pare-balles, ne seront finalement que des détails. Ici, ces Congolais fous de joie célèbres la victoire, la communion entre des dirigeants et la « chute du palais de la Nation ». Des images inoubliables, comme ce transfert de drapeau entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila, ou encore leurs fou-rires. Le Congo peut être fier ce soir.

Depuis le Palais de la Nation,
Litsani Choukran.

 

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