La messe était dite d’avance pour lui. Joseph Kabila, dans une interview au journal français le monde quelques jours avant les élections, avait peut-être déjà scellé l’avenir de Martin Fayulu en s’exprimant pour la première fois aussi ouvertement au sujet de son ancien protégé Moïse Katumbi, le qualifiant de « Judas » et l’envoyant indirectement à se pendre.
Tous sauf Fayulu
La teneur de ces propos envoyait un message assez clair. La rancoeur personnelle entre l’ancien gouverneur du Katanga et le Président sortant allait peser sur l’issue de ces élections. « Avec toutes les rumeurs et spéculations en cours, la seule certitude que nous pouvons confirmer sans crainte de se tromper est la suivante: la CENI ne déclarera jamais Martin Fayulu vainqueur de la Présidentielle en #RDC. Le pourquoi et les explications sont une autre affaire« , disait Litsani Choukran, éditorialiste et fondateur de POLITICO.CD à ce sujet.
Jeudi, tard dans la nuit, Joseph Kabila a lâché sa bombe via la Commission électorale. Les résultats des élections établissent une victoire de Félix Tshisekedi. Mais beaucoup ne sauront pas se voiler la face. Il ne s’agit bien évidemment pas de la vérité des urnes, mais plutôt l’issue d’un duel politique qui crucifie le camp de Martin Fayulu.
Et la situation semble jouée d’avance pour les alliés de Bemba. Car Joseph Kabila vient de mettre en place un jeu politique autant perfectionné que difficile à défaire. La victoire de Félix Tshisekedi est une véritable équation pour le monde et même pour le peuple congolais. Dans la nuit de jeudi, le pays n’a d’ailleurs pas hésité de laisser exploser sa joie. Des femmes, des enfants et des jeunes sont sortis dans la rues pour fêter la victoire du peuple. Ils n’ont vu que du feu au stratagème de Kabila.
Félix Tshisekedi ou le chaos
En effet, en laissant Félix Tshisekedi l’emporter, le président congolais évite la chute brutale de son régime. Il se cache, avec tous ses hommes, derrière la forte aura populaire du fils d’Etienne Tshisekedi, devenant par la même occasion un « héros ». Le pays est divisé. Le monde aussi. Comment contester la victoire d’un opposant? Et pas de moindre.
Du côté de Lamuka, la coalition de Martin Fayulu, le dilemme est aussi cornélien. Les chiffres pourraient avoir menti. Mais il faut le prouver. Le seul moyen reste la Cour Constitutionnelle. Mais cette initiative n’est pas sans pendre le risque de faire invalider les résultats de ces élections, et surtout de prolonger le séjour de Kabila au pouvoir.
Martin Fayulu, Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi vont-ils être tentés d’en recourir à la rue? Au risque d’y retrouver aussi les partisans combinés de Joseph Kabila Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe. Le pays pourrait ainsi s’embraser. Les options de LAMUKA sont donc difficiles.