C’est plusieurs actes et déclarations qui s’entremêlent mais qui ont la même portée diplomatique dans les relations tendues entre Kinshasa et Washington. Dès le lendemain du vote, le nouvel ambassadeur des Etats-Unis en RDC était le premier à titiller le régime Kabila.
Alors que la RDC attendait toujours les résultats des élections tendues du dimanche 30 décembre, Mike Hammer, lance un message de vœux subtil sur Twitter: « Je souhaite une bonne année et meilleurs vœux à mes amis congolais! Que 2019 vous apporte la paix, une transition démocratique et l’internet débloqué! » s’est-il exclamé.
Je souhaite une bonne année et meilleurs vœux à mes amis congolais! Que 2019 vous apporte la paix, une transition démocratique et l'internet débloqué! #RDC #NewYears2019 pic.twitter.com/Br8nKOysKo
— Chargé d'Affaires a.i. Stephanie Miley (@USAmbDRC) January 1, 2019
« Transition démocratique »
La « transition démocratique » est aussi la phrase qu’un autre haut représentant américain a utilisé dans une déclaration un plus agressive. Le secrétaire d’État adjoint américain pour les affaires africaines Tibor Nagy a fustigé notamment la décision de Kinshasa d’expulser le Représentant de l’Union Européenne du pays dans des termes forts. « Nous sommes consternés de la manière publique peu diplomatique, peu professionnelle, et injustifiée dont l’ambassadeur de l’UE Bart Ouvry a été expulsé de RDC », avant d’ajoute: « Nous exhortons la RDC à rester concentrée sur son 1er transfert pacifique du pouvoir. »
Un peu plus fort, c’est le président de la Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants des Etats-Unis, Ed Royce qui a publié une déclaration dénonçant les élections du dimanche 30 décembre en République démocratique du Congo. « Les élections retardées d’hier n’étaient ni libres ni équitables. Plus d’un million de personnes dans les principaux bastions de l’opposition ont été empêchées de participer. Ailleurs, les informations faisant état de longues files d’attente, de dysfonctionnements des machines à voter et de matériel d’électeur manquant étaient courantes« , dénonce ce message écrit en anglais et traduit par la rédaction de POLITICO.CD.
Washington mais aussi tous les autres
Les Etats-Unis ont également signé un communiqué commun avec la Suisse, le Canada, la France, le Pays-bas, le Royaume-Uni, la Belgique, la Suède et l’Union Européenne, appelant le gouvernement congolais à ne pas bloquer l’accès à internet et aux médias.
« Nous demandons au gouvernement de ne pas bloquer les moyens de communication et notamment l’accès à internet, ainsi que les médias« , affirme le communiqué de ces pays consulté par POLITICO.CD.
Alors que les connexions internet sont coupées, le dépouillement est toujours en cours, loin cependant de toute observation indépendante. Plusieurs missions d’observation et la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) dénoncent cette situation susceptible, selon elles, d’occasionner la fraude.
« Nous soutenons l’appel au calme lancé par la CENCO et la SYMOCEL ainsi que leur demande d’un accès des observateurs aux centres de complication des résultats« , affirment les Etats-Unis, la Suisse, le Canada, la France, le Pays-bas, le Royaume-Uni, la Belgique, la Suède et l’Union Européenne.