Vers une victoire des pro-Kabila et le chaos en RDC

Les résultats des élections du dimanche dernier sont toujours attendus en RDC, où la tension monte. L’opposition met en garde contre toute victoire du candidat du pouvoir, alors que ce dernier pourrait l’emporter, à en croire des sources proches de la CENI.

Emmanuel Ramazani Shadary pourrait être déclaré vainqueur des élections du 30 décembre en République démocratique du Congo, annonce une source proche de la CENI à POLITICO.CD ce mardi. « J’ai vu des chiffres venant notamment des procès-verbaux du Tanganyika, Lualaba, Maniema, Haut-Katanga, Tshopo, Lomami, et plusieurs coins. Shadary est largement en tête. Je ne sais pas si c’est PV sont vrais mais tout porte à croire que Shadary sera déclaré vainqueur », note ce haut responsable de la CENI qui a recuis n’anonymat.

 « Shadary devrait être déclaré vainqueur »

La Commission électorale est tenue de ne pas s’exprimer officiellement sur les tendances avant leurs publications provisoires attendues pour le 6 janvier. Mais depuis lundi, les autorités ont décidé de couper unilatéralement les communications par internet et les SMS, accentuant des accusations de fraude en préparation. « La CENI pourrait également communiquer les résultats bien avant, et même dans une totale surprise« , ajoute notre source.

Bien avant cette coupure, l’opposition, notamment la coalition de Martin Fayulu annonçait rapidement avoir recueilli le un tiers de résultats, donnant son candidat largement victorieux. De son côté, la coalition de Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe accuse le pouvoir congolais d’avoir coupé la connexion internet pour faciliter la fraude, alors que le dépouillement des résultats est toujours en cours. « Nous sommes dans notre central, nous continuons la collection des données. Malheureusement, depuis qu’on nous coupé l’internet, le flux s’est réduit, mais on le fait maintenant par voie téléphonique« , explique l’avocat Jacquemain Shabani, responsable de la Cellule électorale de la coalition CACH, qui soutient la candidature de Félix Tshisekedi,

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Mt Shabani affirme par ailleurs, en citant des résultats en procession de sa coalition, que le candidat du pouvoir arrive largement derrière les deux principaux opposants en lice dans cette Présidentielle. « Par rapport aux résultats que nous sommes en train de recueillir, notre candidat se comporte très bien. Le candidat Shadary est en troisième position un peu partout, avec des faibles résultats. C’est ce qui explique cette coupure d’internet, on craint maintenant un coup de forme », affirme-t-il au téléphone de POLITICO.CD.

 « Ça sera le chaos »

Une victoire redoutée de Shadary risque en effet d’embraser le pays. Dans un tweet, l’opposant Moïse Katumbi, qui soutient le candidat de Martin Fayulu, appelle déjà la population à « ne rester vigilant face à un troisième faut penalty », faisant allusion à cette victoire du candidat de la coalition au pouvoir. Comme lui, Jean-Pierre Bemba, l’autre opposant majeur soutenant Fayulu, affirmait dès la fin du vote que son candidat devrait l’emporter. Bien avant les élections, Martin Fayulu a lui-même fait savoir qu’il n’accepterait pas des résultats où le candidat du pouvoir l’emporterait.

La veille des élections à Kinshasa, la mission de la SADC a échoué à faire signe un accord de bonne conduite entre les deux branches de l’opposition et le pouvoir. Dénonçant ce document, Vital Kamerhe, qui soutient la candidature de Félix Tshisekedi, accusé la Commission électorale d’avoir refusé de donner des garanties concernant notamment : le comptage manuel des résultats, la tenue des élections à Beni et Butembo, les accréditations des témoins de l’opposition, le dépouillement des résultats sous surveillance effective des toutes les parties. « Voilà pourquoi, nous le CACH, nous ne pouvions pas signer. La CENI et le FCC ne sont pas pour des élections transparentes, il y a surement d’autres aspects de leur plan que nous ignorons« , expliquait le directeur de campagne de Félix Tshisekedi.

Si la capitale est calme, à l’intérieur du pays, la situation est tendue. A Mbuji-Mayi, raconte la journaliste Sonia Rolley de la RFI, des candidats auraient perturbé les opérations de dépouillement dans certains bureaux de vote. « Un groupe dénommé « 100% » aurait fait irruption dans un centre situé à école Kalundu dans la commune Bipemba pour déchirer PV« , révèle-t-elle.

 « Il y a en ce moment des terribles manipulations autour du dépouillement des résultats« , rapportent plusieurs sources à POLITICO.CD. La difficulté est de prouver cela. Mais la réalité est assez plausible. Rien n’écarte une situation où des votes continuent à être produits au profit du pouvoir.  La même situation est dénoncée par la CENCO, l’organisation des prêtres congolais catholiques, qui a appelé, en vain, les autorités à garentir l’accès aux centres de compilations aux observateurs indépendants.

 Dépouillement sous black-out

Le fait est que tout est fait dans un black-out total. La CENI mène seule les opérations de dépouillement, où parfois, des témoins de l’opposition affirment avoir été « chassés », comme le dénonçait hier Mt Shabani de l’UDPS. Durant les élections, plusieurs n’avaient d’ailleurs pas eu accès aux bureaux de vote. « Nous connaissons des difficultés au niveau de remise de procès-verbaux. Nos témoins font face à des situations où soit on ne leur remet pas des documents, soit on leur remet des documents non signés », ajoute-t-il, affirmant cependant que sa coalition continue « de se battre » pour obtenir la vérité des urnes.

Dans une déclaration commune, les Etats-Unis, la Suisse, le Canada, la France, le Pays-bas, le Royaume-Uni, la Belgique, la Suède et l’Union Européenne ont appelé le gouvernement congolais à ne pas bloquer l’accès à internet et aux médias. « Nous demandons au gouvernement de ne pas bloquer les moyens de communication et notamment l’accès à internet, ainsi que les médias« , affirme le communiqué de ces pays consulté par POLITICO.CD.

Alors que les connexions internet sont coupées, le dépouillement est toujours en cours, loin cependant de toute observation indépendante. Plusieurs missions d’observation et la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) dénoncent cette situation susceptible, selon elles, d’occasionner la fraude.

« Nous soutenons l’appel au calme lancé par la CENCO et la SYMOCEL ainsi que leur demande d’un accès des observateurs aux centres de complication des résultats« , affirment les Etats-Unis, la Suisse, le Canada, la France, le Pays-bas, le Royaume-Uni, la Belgique, la Suède et l’Union Européenne. Mais Kinshasa n’a pas répondu à cet appel.

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