En RDC, les opposants s’entretuent, mais le pouvoir n’en profite pas

A moins d’une semaine des élections en République démocratique du Congo, les opposants congolais se rentrent dedans, alors que du côté du pouvoir, on n’arrive pas à en profiter. 

« Genève était une sorcellerie », lance Vital Kamerhe le samedi 15 novembre dans une ville de Lubumbashi euphorique. Le duo de l’opposition que cet ancien allié de Joseph Kabila forme avec Félix Tshisekedi, fils d’Etienne Tshisekedi, vient de rafler une ville qui est cosidérée à la fois comme le fief de Joseph Kabila et de l’opposant Moïse Katumbi.

C’est donc désormais un point de non retour entre la coalition LAMUKA et CACH. Avant cette étape,  des pro-Martin Fayulu s’amusent à infiltrer les sorties de Félix Tshisekedi. A Bunia, c’est des rues entières qui ont hué le candidat de Vital Kamerhe. A Beni, le meeting de CACH a tourné court devant une énième interférence des partisans de Fayulu.

Accusations, interférences et volte-face

Par la suite,  Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe ont haussé le ton, annulant leur passage à Butembo, tout accusant au passage leurs adversaires, notamment et surtout Moïse Katumbi, d’avoir cherché à les faire assassiner.  Dès lors, LAMUKA monte au créneau pour dénoncer ces allégations provenant en réalités, des informations fournies par les Services de renseignements militaires de Joseph Kabila.

Pendant ce temps, Joseph Kabila fait de Martin Fayulu sa principale cible. A Kindu, l’avion de l’opposant congolais est interdit de se poser. A Lubumbashi, son arrivée victorieuse est victime de répression faisant au moins un mort. Fayulu connaîtra la même situation à Kalemie, avant que son avion ne soit finalement interdit de se poser dans la région de l’ex-Katanga.

Dimanche, LAMUKA opère un revirement spectaculaire.  Longtemps opposé à la machine à voter, suceptible de faciliter la fraudre, elle accepte finalement d’aller à ces élections avec, alors que la coalition de Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba avait principalement fustigé leurs adversaires du CACH qui ont accepté cet outil depuis septembre dernier.  D’ailleurs sur les réseaux sociaux, une meute des partisans de CACH n’ont pas hésité à fustiger la coalition LAMUKA.

Shadary toujours mal aimé

https://twitter.com/afriqueredac/status/1074636507749715969

Dans l’opinion publique, les deux franges de l’opposition sont de plus en plus décriées. Depuis le début de la campagne, elles ont surtout semblé s’attaquer mutuellement, ménageant grandement le candidat du pouvoir. Toutefois, Emmanuel Ramazani Shadary risque de ne pas trop profiter de cette situation au sein de l’opposition.

En effet, pendant que les opposants se battent entre eux, au pouvoir, la campagne d’Emmanuel Ramazani Shadary reste laborieuse. A Lubumbashi, le candidat du Front Commun pour le Congo (FCC) a été accueilli par des rues vides et un stade qui a refusé de se remplir. Alors qu’il a déjà fait plus de 15 provinces, Shadary ne compte que des succès sporadiques notamment à Genemena, à Lisala et dans le Maniema. A Bukavu ou à Goma, il a été accueilli par des partisans de l’opposition appelant à voter pour Fayulu.

A quelques jours du vote, les candidats de l’opposition sont plus que jamais divisés, mais le pouvoir semble tout autant rejeté par une population qui s’est déplacée en masse dans les rues pour montrer sa détermination à voter le 23 décembre.

 

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