Le Chef d’œuvre de Kamerhe

Du traître national au héros consacré, Vital Kamerhe prouve peut-être à jamais, qu’il est l’un des as de la politique congolaise.

La foule explose. Un homme niché sur le toit d’un 4×4 au milieu d’une marée humaine la rend folle en exhibant une affiche de campagne du candidat Président Félix Tshisekedi. « Le pacificateur », scande-t-on ici. Avec d’autres cris, Vital Kamerhe est consacré, fait héros, presque canonisé. De l’aéroport international de N’dji à Limete, Saint-Siège du Tshisekedisme, la nouvelle épouse du plus populaire des partis en RDC ne récolte que d’éloge.

Dans ce lieu d’euphorie, personne ne prend l’ampleur de la situation. A Limete, où il connaîtra des véritables standings ovations, l’ancien président de l’Assemblée nationale est pourtant en terre hostile : un pape à La Mecque, un Rabbin au dôme du rocher. Il y à peine quelques jours, il serait surement déguerpi de là en morceaux. « C’est une autre histoire. C’est du passé, aujourd’hui, Vital Kamerhe est un vrai patriote qui a compris les souffrances de notre peuple et va participer à le libérer », clame même un dirigeant de l’UDPS.

 A Genève, un suicide par cinq balles dans le dos

Jean-Marc Kabund, qui jurait d’en découdre avec ce « traître de Kabila placé au sein de l’opposition », rougit même aux côtés du leader de l’UNC. L’homme est certes charismatique. En mars 2018, je l’ai rencontré pour la première fois en tête-à-tête. Nous avions alors une interview de quelques vingtaines de minutes, mais nous y resterons une heure.  Brillant, cultivé et surtout, Kamerhe connaît sa chose : un art de bien parler, parfait emberlificoteur, avec une érudition approfondie de la situation politique du pays.

Ce de là qu’il tire peut-être son chef-d’œuvre, cette capacité à voir plus loin que tous. A Genève pourtant, il a été bouffé par le duo Katumbi-Bemba, qui lui feront signé, avec Félix Tshisekedi, un serment d’hypocrites politiques, promettant même la fin de leurs carrières politiques : un suicide par cinq balles dans le dos.

Mais le Kamerheon allait prendre sa revanche. Jadis rival , vital, Kamerhe tombe amoureux de son jeune-frère entre deux murs à Nairobi, dans un accord aussi incongru, qu’incroyable. Car le dossier signé chez Raila Odinga, qui promet la Primature au leader de l’UNC est à la fois un chef d’œuvre politique et une boutade. Car en réalité, ni lui, ni Félix Tshisekedi d’ailleurs ne visent une quelconque victoire à la prochaine présidentielle. L’UDPS ne saura donc nommé VK Premier ministre : même la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a.

Un Pape à la Mecque de Limete

Lamuka ne propose aucune solution viable en dehors d’un hypothétique soulèvement populaire. Vital Kamerhe le sait. Félix Tshisekedi aussi. Dès lors, leur alliance qui les propulse à la tête des coalitions politiques au pays, les plaçant dans une situation où plus rien ne peut se faire sans eux. En janvier, lorsque Kabila aura braqué la CENI, le Cap vers le changement sera le seul interlocuteur viable pour contester la victoire de Shadary. Un calcul matois, digne d’un artiste politique qu’est Vital Kamerhe.

A l’heure où la politique au Congo est peuplée des génies comme Olenghankoy et Tshibala, Kamerhe prouve tout son talent, qui aurait certes gagné en se mettant au service seul du Congo. Mais c’est une autre histoire. Retenons qu’en janvier, les cartes seront à nouveau rétribuées, quand l’UDPS et l’UNC vont en venir aux mains et quand LAMUKA pourra se réveiller enfin.

Litsani Choukran,
Le Fonde.

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