En RDC, deux visions de l’opposition s’opposent

Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi ont entamé des « discussions directes » pour désigner un candidat commun, alors qu’une large partie de l’opposition préfère se battre pour l’inclusivité et la transparence du prochain scrutin.

Vital Kamerhe, président de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) et Félix Tshisekedi, président de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), deux principaux candidats de l’opposition encore en lice pour la prochaine Présidentielle en RDC, ont entamé des « discussions directes » cette semaine à Kinshasa. Selon des proches de ces deux partis, il est question de savoir dans quelle mesure l’un ou l’autre candidat pourrait se désister.

Félix Tshisekedi, qui est favori à cette désignation, a laissé pourtant entendre hier que lui ou un autre candidat aurait les mêmes chances de l’emporter face au candidat du pouvoir à cette Présidentielle. « Si je suis le candidat, je gagnerai« , a déclaré Félix Tshisekedi dans une interview avec la BBC.

 

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« Mais si je me retire demain en faveur d’un autre candidat, en faveur du candidat commun, il aura autant de chances que moi de gagner. Je pense que nous sept avons assez de soutien dans tout le pays pour remporter la majorité« , a-t-il ajouté.

Du côté de Vital Kamerhe,  beaucoup aimeraient bien voir le fils d’Etienne Tshisekedi se désister en faveur de leur candidat. Une situation peu probable, à l’image d’une hostilité que l’ancien président de l’Assemblée nationale dégage autour de sa candidature notamment à Kinshasa et à l’Ouest du pays. Kamerhe garantie pourtant théoriquement un électoral très vital dans l’Est de la RDC.

« On se trompe de débat »

Cependant, si les deux leaders semblent plus enclin à aller vers les élections, du côté des autres poids lourds, à la savoir Jean-Pierre Bemba ou encore Moïse Katumbi, on se presse pourtant pas. En effet, des proches de l’ancien gouverneur du Katanga font savoir que le plus important, à l’heure actuelle, est d’obtenir l’inclusivité et la transparence de ce processus dénoncé.

« La question de la candidature commune est secondaire. Car cela ne servirait à rien d’aller vers des élections où il y a la machine à voter et où le pouvoir a tout mis en place, en complicité avec la CENI, pour déclarer son candidat vainqueur« , explique un proche de Katumbi.

Cette lecture est partagée du côté des mouvements citoyen, qui dénoncent le « semblant » qui anime l’opposition. Sindika Dokolo, leader des Congolais debout, estime que tout est mis pour faire gagner le candidat du pouvoir. Et même dans le cas où un candidat de l’opposition l’emporterait à la Présidentielle, l’homme d’affaires et activiste congolais estime que le président Kabila contrôlerait toujours la majorité parlementaire grâce à la machine à voter.

« On sait comment la machine à voter va servir à tricher. Quelles sont les probabilités ou les chances qu’on arrive à réunir une majorité gouvernementale? Zéro! Ça veut dire quoi? Ça veut dire que demain, on va voir Freddy Matungulu président et Joseph Kabila Premier ministre« , a-t-il dit dans cette interview diffusée sur Twitter.

Le temps presse

Pour Sindika Dokolo, il ne peut y affaire d’élections crédibles aussi longtemps que le président Joseph Kabila serait au pouvoir au pays.  « J’ai l’impression qu’on se trompe de débat, on est en train de dire allez on fait un candidat de l’opposition (…) non moi je vous le dis très clairement, nous n’aurons pas, malheureusement c’est ma conviction, des vraies élections crédibles avec Joseph Kabila. »

Il y a également d’autres leaders de l’opposition qui sont toujours en lice à cette Présidentielle, notamment Martin Fayulu, ou encore Freddy Matungulu, qui espèrent, comme Jean-Pierre Bemba et Adolphe Muzito, la signature d’un accord commun de gouvernement comme préalable à la désignation de ce candidat commun.

Plus que jamais, deux vision de l’opposition s’affrontent. Alors que les jours avancent, l’Eglise catholique et les organisations de la Société civile, ou même la Communauté internationale, redoutent toujours des élections chaotiques au pays.

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