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La « vente » de plusieurs espèces protégées de la RDC à la Chine provoque un tollé 

L’échange de plusieurs espèces protégées congolais vers des zoos chinois crée une vive polémique en République démocratique du Congo, où une pétition est lancée contre l’initiative.

L’affaire débute en mars dernier. Dans une correspondance aux autorités congolaises, Liu Min Heng, directeur exécutif de Tianjin Junheng International Trade Corporation, fait une demande d’importer des animaux, principalement des espèces protégées, dans le cadre de l’accord bilatéral entre l’ICCN (Institutions congolaises pour la conservation de la nature) et les zoos chinois. En réponse, le ministre congolais l’Environnement, de la conservation de la nature et du développement durable Amy Ambatobe Nyongolo annonce, dans un courrier dont la copie est parvenue à POLTIICO.CD, l’arrivée en Chine d’une équipe de congolais experts avec la mission « d’assurer une bonne réception et la meilleure conservation de ces différentes espèces dans ces zoos. »

Problème, l’ICCN semble ne pas être d’accord. Dans un autre courrier également parvenu à POLITICO.CD et adressé au ministre  Amy Ambatobe, son directeur général, le Docteur Cosma WILUNGULA, étale un bon nombre de réticences à ce sujet, arguant notamment que la procédure n’a pas été respectée.

« Etant données la vulnérabilité et la sensibilité des spécimens sollicités dont certains en danger critique d’extinction (Gorilla beringei beringei, Pan paniscus, Pan troglodites, Trichechus senegalensis), sont inscrits à l’Annexe de la Convention CITES, à l’exception de Okapia johnstoni qui n’est pas inscrit aux Annexes de la CITES mais qui est intégralement protégé en RDC). Nous sommes appelés à respecter les dispositions de la Convention CITES et des lois congolaises y afférentes, disposant que l’exportation ne peut pas se faire à des fins commerciales. Les Autorités Scientifiques de la RDC et de la Chine devront émettre l’Avis de commerce non préjudiciable et l’Organe de gestion CITES/RDC devra émettre l’Avis d’acquisition légale conformément aux lois congolaises avant de signer les permis d’exportation« , explique-t-il dans cette lettre datée du juin 2018. 

Cela signifie que les autorités scientifiques de la RDC et de la Chine ainsi que le négociant chinois devront obtenir l’autorisation de la CITES pour obtenir un permis d’importation et d’exportation. Ainsi, la Convention CITES est un accord international entre gouvernements qui vise à garantir que le commerce international de spécimens d’animaux et de plantes sauvages ne menace pas leur survie.

En outre, des organisations de la société civile voient d’un mauvais oeil cet échange. SAVE VIRUNGA est allée même jusqu’à lancer une pétition sur internet pour s’opposer au transfert de ces animaux congolais vers la Chine. « Même si le processus est censé être légal et planifié, personne ne sait ce que le gouvernement de la RDC a obtenu en échange du commerce de ces précieux animaux et du patrimoine national« , explique l’organisation sur son site internet.

« Les relations bilatérales entre la Chine et la RDC semblent être une voie à sens unique, dictée par la Chine, qui obtient ainsi la part du lion. Aucune espèce endémique chinoise n’est présente en RDC et aucun expert chinois ne participe à la conservation en RDC. Pourtant, ils peuvent faire des demandes pour tout ce qu’ils veulent de notre faune et de notre flore« , ajoute-t-il.

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