Poches de conflits en RDC: un rapport accable le pouvoir, l’armée dement!

Sylvain Liechti/UN Photo

Jean Battory et Thierry Vircoulon estiment qu’après 17 ans au pouvoir, Joseph Kabila, président de la République démocratique du Congo (RDC), est confronté à un désaveu général qui l’empêche de réviser la Constitution, étape pourtant nécessaire s’il veut formellement briguer un troisième mandat.

« Prisonnier de cette impasse, celui-ci s’accroche au pouvoir en instrumentalisant les
nombreuses zones de tensions régionales qui déchirent les provinces de ce pays-continent » écrit le document de 31 pages.

« La gouvernance du chaos »

Décrivant les régions du Tanganyika, Kivu, Kasaï, Kongo Central et Kinshasa en tant que « points chauds » en RDC qui se
manifestent depuis la fin constitutionnelle du régime en décembre 2016, les deux chercheurs indiquent que cette flambée d’insécurité illustre le glissement du pays dans la violence.

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« Elle montre comment dans l’Est du pays (Tanganyika, Nord et Sud-Kivu) et dans l’Ouest (Kongo central, Kinshasa, Kasaï occidental et oriental) ces crises sont des « crises miroirs » provoquées par un régime plus à l’aise dans la gestion du chaos par la violence que dans la recherche de la stabilité et la construction de
l’État« .

La note de l’IFRI rappelle que la même stratégie de la tension avait été inventée pour les mêmes raisons par
Mobutu Sese Seko et qui l’avait mené à sa perte, permettant ainsi la prise
du pouvoir de Laurent-Désiré Kabila… père de l’actuel président.

Alors que la chaudière du Kasaï semble être éteinte, notamment suite à la grande pression de la communauté internationale après l’assassinat de deux experts de l’ONU dans la zone, les chercheurs semblent pointé le bout du l’Ituri comme la nouvelle étincelle par laquelle le régime actuelle veut rallumer la flamme pour obtenir une raison de reporter les élections présidentielles prévues le 23 décembre prochain.

Des assaillants non autrement identifiés ?

Les deux communautés ethniques accusées d’entretenir les conflits qui ont fait une centaine de morts et plus de 200.000 déplacés depuis décembre 2017, ne reconnaissent pas officiellement une tension ouverte entre les membres de leur communautés respectives.

Dans plusieurs communiqués de presse publiés depuis la résurgence de tensions, les communautés culturelles Ente (Hema) et Lori (Lendu) ont averti leurs membres de ne pas céder à la manipulation. Toutefois, ces textes n’ont pas exclu un appel à l’auto-prise en charge si le danger devient menaçant. Un appel présageant une crainte si on se réfère aux conséquences qu’avaient causé les tensions interethniques des années 1998/2002.

« Une armée présente, mais inactive »

Avant le déclenchement des violences dans cette région, la stabilité de cette zone était en partie dûe à la faible présence militaire dans les villages du territoire de Djugu. Au lendemain des premiers affrontements, les structures de la société civile avaient appelé au déploiement de l’armée Congolaise et de la police pour s’interposer et ramener la paix.

Malgré le déploiement d’une centaine d’hommes, les tueries n’ont pas cessé.

À Politico.cd le commandement de l’armée Congolaise dans la région a déclaré qu’elle n’intervient que pour imposer la paix lorsqu’éclatent les affrontements. « Ce sont deux communautés tribales qui se battent. L’armée ne peut pas prendre position en réprimant une partie de belligérants mais intervient pour prévenir de dégâts » a déclaré un officier, indiquant que la question est une prérogative du ministère de l’intérieur.

Par Fiston MAHAMBA

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