Zuma, le médecin malade

Attendu à Kinshasa pour désamorcer la crise politique qui oppose le régime de Joseph Kabila à une opposition de plus en plus grandissante, le président sud-africain Jacob Zuma doit lui-même faire face à une situation beaucoup plus compliquée, si pas identique, à celle de son homologue de la RDC. 

Ce dimanche 15 octobre, Jacob Zuma est attendu à Kinshasa, en sa qualité du président la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC).  Alors que la crise politique en République démocratique du Congo atteint un point culminant, le sulfureux président sud-africain endosse officiellement le costume du médecin traitant, qui ne lui va certes pas.

En effet, la justice sud-africaine a confirmé vendredi que le président Jacob Zuma pouvait être poursuivi pour corruption dans un dossier relatif à des ventes d’armes ouvert contre lui il y a une dizaine d’années. Dans un jugement lu à l’audience par le juge Eric Leach, la Cour suprême d’appel de Bloemfontein (centre) a rejeté un appel du chef de l’Etat contre la décision de relancer contre lui 783 inculpations de corruption, fraude fiscale et extorsion de fonds. Cette décision renvoie la balle dans le camp du parquet général sud-africain, qui doit désormais décider de relancer ou non le dossier et, éventuellement, de renvoyer Jacob Zuma devant un tribunal.

Ainsi, comme Joseph Kabila, Jacob Zuma est sévèrement critiqué pour sa présidence chaotique à la tête de la Nation Arc-en-ciel. Le chef de l’Etat sud-africain est accusé d’avoir touché, alors qu’il était vice-président, des pots-de-vin pour un contrat d’armement de 4,2 milliards d’euros signé en 1999 par l’Afrique du Sud avec plusieurs entreprises européennes, dont la française Thales.  Il avait alors été formellement inculpé, mais ces poursuites avaient été abandonnées en 2009 au motif qu’elles avaient été, selon le parquet général, motivées politiquement.

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« L’ami de Kabila »

A Kinshasa, il trouvera une furie enclenchée par Corneille Nangaa, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), qui a affirmé dans une déclaration à la suite d’une réunion avec des représentants de la société civile mardi qu’il faudrait au moins 504 jours pour organiser le scrutin une fois l’enrôlement des électeurs terminé.

Par ailleurs, la SADC que dirige Zuma n’a pas vraiment la cote au pays de Lumumba, et le président sud-africain en est l’une des raisons. En effet, à l’occasion du 37ème sommet de cette organisation régionale en août dernier en Afrique du Sud, le président autodidacte a affirmé qu’il ne serait pas possible d’organiser les élections cette année en RDC, annonçant qu’un envoyé spécial va être nommé pour la crise politique au pays.

Pour l’opposition congolaise, cette sortie du président sud-africain « va à l’encontre des aspirations profondes du Peuple congolais qui aspire à une alternance démocratique à travers les élections crédibles et transparentes qui doivent impérativement se tenir d’ici le 31 décembre 2017. »

Dans un communiqué publié le lendemain, le Rassemblement fait savoir que « la question de l’organisation et de la tenue des élections est réglée par la Constitution de la République et l’Accord du 31 décembre 2016, entériné par la résolution 2348 du Conseil des Nations unies, auxquels reste attaché le peuple Congolais. »

Pour la principale coalition de l’opposition, la SADC « devrait se montrer solidaire du peuple Congolais et non soutenir un individu, Joseph KABILA, qui reste l’unique et seul obstacle sur la voie de l’organisation des élections en République Démocratique du Congo. »

Même son de cloche du côté de la Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV), qui se dit « vivement préoccupée et choquée » par la prise de position.  « Cette prise de position foule au pied les attentes légitimes de la population Congolaise qui souhaite ardemment l’organisation des élections avant fin décembre 2017. Elle viole également les dispositions pertinentes de l’Accord de la Saint Sylvestre signé le 31 décembre 2016 ainsi que celles de la Résolution 2348 qui disposent que les élections présidentielle et législatives doivent avoir lieu avant fin décembre 2017« .

Bien avant cette sortie, la SADC, tout comme l’Union Africaine ont longtemps frustré l’opposition congolaise en prenant souvent position pour le régime de Kinshasa. Une situation qui rend plus compliquée la mission de Jacob Zuma dans la capitale congolaise, qui doit lui même retrouver d’autres cadavres extirpés son placard à son retour à Pretoria.

Litsani Choukran

3 comments
  1. La venue de ce mec a Kinshasa est un non-evenement.

    Nous sommes surpris de lire un tel long article de Politico.cd sur une viste d’un chef d’etat corrompu et vomi chez lui a son homologue tout autant illegitime, et par ailleurs partenaire dans le bradage des mines de la RDC. Nous devinons deja la « Declaration » que feront ces 2 comperes vomis: Kabila & Bande restent.

    1. il fuit ses problèmes pour venir régler ceux du Congo, hahahhaha quel espèce d’aventurier! si l’opposition comprend les choses comme nous les jeunes congolais; il faudrait qu’au 31/12/2017 ce régime maudit parte! monsieur MENDE avait dit que le peuple n’est pas naïf, c’est vrai mais ça ne sera pas l’opposition qui doit constater ça mais plutôt ce fameux régime! aujourd’hui si on peut évaluer le régime KABILA depuis 2001 rien n’a marché sauf des violences graves sur nos sœurs et maman, des tueries etc. si l’opposition ne veut pas prendre ses responsabilités, nous les jeunes indépendants nous saurons quoi faire car trop c’est trop!

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