Katumbi: un homme (désormais) en colère!

Après New York, avec un pouvoir de plus en plus entêté, et une transition prolongée qui guette,  l’opposant congolais a durci le ton contre le président Joseph Kabila, faisant appel à la rue.

L’entretien. Le nom est bien trouvé pour cette émission de la chaîne de télévision française France24.  Il s’agit d’une page de magazine qui, selon ses concepteurs, donne la parole à « une personnalité française ou internationale, issue de l’univers économique, culturel, politique ou diplomatique » pour livrer son regard sur l’actualité. C’est donc cette tranche qu’a choisi l’opposant congolais Moïse Katumbi pour déferler toute sa nouvelle colère sur la crise politique en République démocratique du Congo.

Le mardi 26 septembre, peu après-midi, c’est le moment qu’a choisi France24 pour diffuser cette gentille confrontation du leader du G7 avec l’éditorialiste français Marc Perelman. Diplômé de Sciences-Po Paris et de la Columbia University, le spécialiste de politique française, du Moyen-Orient et de l’Afrique a donné la réplique – tout en le portant dans ses bras – à un homme assez différent, pendant les douze minutes montées et diffusées sur le site internet de la chaîne.

Le rendez-vous de New-York, où les opposants ont sillonné les couloirs des Nations-Unies pour vendre leur proposition de sortie de crise, à savoir une transition sans Joseph Kabila, était au menu. Et c’est là qu’on découvre Moïse Katumbi plus sec envers Kinshasa. Il fait alors savoir que le président congolais, qui a promis, sans communiquer une date, qu’il y aura des élections en RDC, ne tiendra pas sa promesse.  « Nous allons le chasser« , promet-t-il à Kabila s’il n’organise pas les élections le 31 décembre 2017, tout en sachant qu’il y aura report.

Publicité

Moins Présidentiable et moins diplomate, plus tranchant,  l’ancien gouverneur du Katanga, dont le discours reste peu raffiné, va jusqu’à épingler ouvertement Kabila comme responsable des assassinats de deux experts de l’ONU dans le Kasaï. « C’est lui le responsable numéro un« , clame-t-il.

Du côté du pouvoir, on veut officiellement rire. « Il doit d’abord apprendre mieux exprimer sa pensée. Moi j’ai plus vu un homme qui ne sait pas de quoi il parle et un homme qui ne sait même pas ce qu’il veut. A-t-il les preuves de ce qu’il avance? Il parle comme quelqu’un dans la rue, et c’est ne pas la stature d’un futur Chef de l’Etat« , rétorque un proche du pouvoir congolais sous le sceau de l’anonymat.

On se dispute Félix Tshisekedi

Des opposants discutant lors d’une veillée de prière à Bruxelles, à l’occasion de la mort de Tshisekedi

Néanmoins Katumbi réaffirme la position d’une grande partie de l’opinion congolaise, fatiguée de dialogues à répétition et qui ne demande qu’en découdre dans la rue. Mais le co-leader du Rassemblement y alterne aussi de la douceur, promettant une liberté après-pouvoir à Kabila.

« Le problème avec la position de Katumbi c’est qu’elle tient essentiellement de celle de Félix Tshisekedi, qui est à ce jour le seul leader à Kinshasa capable de réellement faire descendre les foules dans les rues, et donc, en sautant premier pour parler de mobiliser la rue, il [Katumbi] prend un gros risque, aussi loin de l’échéance« , explique un alanyste à POLITICO.CD.

En effet, pendant que Moïse Katumbi passait devant les médias, une rumeur lancée par le sérieux journal LE POTENTIEL annonce un accord entre son allié Félix Tshisekedi et le pouvoir, pour une transition de deux ans, qui maintiendrait Kabila en fonction, tout en faisant du fils de Tshisekedi Premier ministre. Hypothèse sans doute peu crédible, car démentie par le parti d’Étienne Tshisekedi, mais qui mérite au moins d’avoir mis en lumière la fragile position du candidat du G7 à la Présidentielle.

Néanmoins, désormais avocat de la « descente dans la rue », une nouvelle donne de l’opposition, Moïse Katumbi n’est pas le seul à porter les aspirants à l’article 64 de la Constitution. En effet, l’idée même d’une transition « sans Joseph Kabila » a été coulée dans un manifeste signé à Paris en août dernier par plusieurs organismes de la Société civile. Outre des leaders politiques, il y a également l’homme d’affaires congolais Sindika Dokolo qui, avec son mouvement des Congolais debout, ne cache plus leur volonté de faire appel à un mouvement populaire au pays.

Ainsi, tout accord entre les politiques risque alors de ne pas rencontrer l’assentiment des mouvements citoyens, entre autres LUCHA, FILIMBI, ou encore des mouvements de la Société civile qui rencontrent de plus en plus d’adhésion de la population, fatiguée par les politiques.

Entre-temps, la situation pourrissante dans les rues des grandes villes congolaises, où des manifestations et affrontements ont lieu presque tous les jours guette de loin un pouvoir qui a toujours du mal à proposer une voie de sortie crédible. Moïse Katumbi lui, pêche néanmoins dans sa chute, notamment au sujet de son retour au pays, où il promet une fois de plus un comeback « imminent ». Il aura quand même le mérite d’avoir précipité la situation à un stade d’affrontement final (ou pas), qui devrait avoir lieu d’ici  la fin de cette année au Congo.

4 comments
  1. Si ! il y a de quoi ! Kabila est devenu si insaisissable et glisse travers tout les pièges tendu ! un proverbe en KiBemba dit: u ufwaya ukupoka a kashishi mu kanwa ka N’konko ala naila ! . (celui qui veut retirer quelque chose dans le bec d’une poule ne brusque la poule)

  2. Leo Lipopo,

    N’empêche que ton champion Kabila soit devenu insaisissable. Mais, comme disait ma tante Na Kilufia  » Biala mu kanga ».!!
    Tôt ou tard!!

  3. Il est temps que Katumbi arrête avec ses menaces à l’encontre de Mr KABILA qui est le président de la république. Katumbi passe devant le média sans parler du projet de société pour la RDC mais les deux choses que j’ai retenu ce qu’il demande les élections le 31/12/2017 et surtout que la population sorte à la rue afin de chasser Mr KABILA. Il est devenu pathétique. Je pense, pour moi, il commence à se rendre compte que la chance n’est plus de son côté pour devenir président de la RDC. Déjà dans son cas, vaut mieux que les élections soient organisées après le 31/12/2017 afin qu’il puisse s’enrôler et être candidat à la présidentielle. Son acolyte Félix a compris le jeu et il s’est enrôlé pour ne pas être pris de court.

Comments are closed.

Recevez l'actualité directement dans votre email

En appuyant sur le bouton S'abonner, vous confirmez que vous avez lu et accepté notre Politique de confidentialité et notre Conditions d'utilisation
Publicité

En savoir plus sur Politico.cd

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading