Le jour où Kabila a cédé à Sarkozy l’exclusivité sur l’Uranium de la RDC

Mars 2009. Kinshasa est aux prises avec le Rwanda, qui l’agresse à répétitions. Cependant, le coeur de l’Afrique semble aussi être une capitale boudée par les dirigeants des grandes puissances. Tout à coup, le président français Nicolas Sarkozy met cap sur la République démocratique du Congo. Officiellement, la France veut défendre, à Kinshasa ses propositions de paix, très controversées sur place, en vue d’un règlement du conflit qui ravage depuis des années l’est du pays.

Etrangement, cette mini-tournée conduira Nicolas Sarkozy, outre la RDC, au Congo voisin et au Niger: trois pays africains, dont deux ont en commun d’être riches en uranium.  Le président français est alors accueilli en pompe au Palais national par le président congolais Joseph Kabila, avec lequel il se retire rapidement pour un entretien.

Avec son homologue d’abord puis, publiquement, devant le Parlement congolais, le chef de l’Etat français veut profiter de son séjour pour lever les malentendus suscités par sa sortie sur la « coopération régionale » dans l’Afrique des Grands Lacs. Deux mois avant, il avait esquissé une « nouvelle approche » de paix dans la région en suggérant sans détour un « partage » de « l’espace » et des abondantes « richesses » minières dont regorge « l’immense » Congo avec le « petit » Rwanda voisin. Des propos peu appréciés à Kinshasa, qui y avait vu une tentative de démembrement de son territoire.

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Dans les coulisses, comme le révèle un dossier de Jeune Afrique publié le 28 mars 2017, il s’agit en réalité d’un accord au sujet de l’uranium congolais. Areva, «grand acteur intégré du nucléaire», veut ainsi faire main basse des gisements de la RDC, notamment celui ayant aidé à la production de la bombe atomique lancée durant la seconde guerre mondiale à Hiroshima, au Japon.

Ces 26 et 27 mars 2009 à Kinshasa, Joseph Kabila et le président français signent un accord-cadre d’un genre nouveau, concrétisé alors par une signature entre la controversée PDG d’Areva Anne Lauvergeon – surnomée « Atomic Anne » –  et le ministre des mines, Martin Kabwelulu.

L’entente loin des caméras attribuait, explique Jeune Afrique, à Areva un permis de recherche de gisements d’uranium sur l’ensemble du territoire, ainsi que l’exploitation future de ce minerai. « Je crois bien que nous sommes l’unique entreprise dans le monde à avoir ce type de mandat, affirmait à l’époque Zéphirin Diabré. De plus, nous brisons un tabou. C’est la première fois que l’on ose parler d’exploration d’uranium en RD Congo, une activité qui participait jusque-là du domaine réservé de l’État », se réjouissait auprès de Jeune Afrique celui qui était alors président d’Areva pour l’Afrique et le Moyen-Orient.

« De ces belles déclarations de la fin de 2009, il ne reste rien« , commente le magazine panafricain. En effet, la mine de Shinkolobwe, que devait relancer en priorité Areva et qui a fourni naguère l’uranium de la bombe atomique américaine lâchée sur Hiroshima, est toujours à l’arrêt.  « Et il n’y a aucune trace d’activité en RD Congo dans la littérature officielle d’Areva, qui a refusé de répondre à nos questions sur son portefeuille de licences minières », conclut Jeune Afrique de cet épisode.

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