Dressons nos fronts!

Cinquante-sept ans après l’indépendance difficilement acquise des malveillantes mains belges, notre Nation en perpétuelle enfantement se doit à présent de se remettre en question. Ceci est un appel.

J’ai 32 ans. À ma souvenance, autant que je me le rappelle, je n’ai de mémoire qu’une fierté jadis égarée pour ce pays que j’aime tant : la République démocratique du Congo. Une contrée que tous sommes d’accord pour la décrire en situation de catastrophe dans tous les secteurs. Autant nous en connaissons les causes, autant les solutions ne sont toujours pas trouvées. Alors, il nous convient, à tous, de nous remettre en question. De faire le grand point.

Pour ma part, la solution à nos problèmes ne réside pas en une ruée vers la politique. Non. Il nous faut plutôt dépolitiser. Rendre la fonction politique tellement peu opportune, qu’elle ne soit plus un Graal, un boulevard vers l’enrichissement délibéré. Il nous faut tout autant dépolitiser la société. Que la nation entière rêve de faire fortune dans l’agriculture, la mode, le transport, le numérique… que chacun de nous ait le moyen de mettre son rêve en pratique, mais aussi et surtout la détermination qu’il faut. Sans rencontrer d’opposition naturelle.

La République démocratique du Congo se doit d’éduquer sa progéniture, son héritage, sa jeunesse. Il nous faut un idéal, un but commun, une idéologie de conquête ; de conquête de soi, de l’appropriation du rêve fondateur de cette Nation par chacun de ses citoyens. Une Nation de Léopards génies, des conquérants, mangeurs de serpents, capables de faire face, à l’unisson, à toute menace intérieure et extérieure.

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Il s’agit tout aussi d’être fier d’appartenir au Congo. Non pas parce que l’on n’a pas encore eu l’occasion d’avoir un passeport suisse, mais plutôt par choix. Par attachement à ces terres bénies des dieux. Le pays, à son tour, doit aussi apporter à ses citoyens le privilège de lui appartenir. Comme dans la Rome antique, le Congolais doit parcourir le monde en toute liberté, tête haute, et ne jamais souffrir de son origine ; protégé par le sang rouge des martyrs qui traverse le ciel bleu et l’étoile dorée de notre bannière souveraine.

Reprendre le flambeau

Croire chacun à son rêve. Un appel perpétuel à une révolution permanente de soi, du rêve citoyen et de la Nation entière. Que l’élite tire le bas vers le haut. Que chacun s’inscrive dans une logique de temps défini et songe à la continuité, au renouvellement de ce rêve. Que chacun se résolve à passer le flambeau aux meilleurs d’entre nous. Comme quand Joseph Désiré Mobutu a repris le flambeau de Lumumba. Comme quand Pierre Mulele s’est opposé à lui, alors qu’il s’en écartait. Ou comme Laurent-Désiré Kabila a ravivé cette flamme. Comme quand Jean-Pierre Bemba et Joseph Kabila ont choisi de taire leurs armes pour instaurer la démocratie. Comme, enfin, quand Étienne Tshisekedi a défié le poids de la biologie pour stopper Joseph Kabila, tendant, à son tour, à s’écarter de l’idéal commun.

Il y a eu le Congo d’hier : celui-ci des martyrs, de trahisons, de sacrifices et souffrances. Il y a le Congo d’aujourd’hui : celui des mutations, de tensions, de luttes… il nous faut à présent inventer et préparer le Congo de demain. Celui-là même qui faisait rêver Patrice Emery Lumumba. Un Congo fort et fier… C’est le temps de nouveaux héros, des nouveaux Sphinx. La relève à Charles Mwando Nsimba, à Leon Kengo… celui des héritiers de Kimpa Vita.

Oui, nous pouvons le faire. Que ce mois de juin, sacré, nous aide à enfin nous remettre à la réflexion. Revisitons l’histoire, réécoutons Kimbangu, où l’appel de Joseph Kava-vubu, celui d’Albert Kalonji, de Moïse Tshombe…loin des intérêts et des partis. Du fonds de nos cœurs. Prenons le temps de nous remettre en question. D’honorer notre patriarche Etienne Tshisekedi, d’honorer le Soldat Mobutu. De faire la paix entre nous. De se réunir et de se parler franchement. Et, enfin, de redresser ces fronts si très longtemps courbés.

Litsani Choukran,
Le Fondé.

5 comments
  1. Pour qu’une maison se mette à briller de ses mille feux on commence d’abord par faire le ménage et quand on nettoie un escalier on ne commence jamais par la marche d’en bas.

  2. Il nous faut la révolution. Les cadres universitaires qui ont des responsabilités dans l’appareil de l’Etat ont trahi la Nation.

  3. Monsieur le Fondé,

    Il n’est interdit à personne de rêver. Toutefois, la conclusion de vos analyses semble ne pas rejoindre votre ligne éditoriale. Avons-nous congolaises et congolais, une même vision du Congo ? Le problème de ce pays et de bien d’autres africains et du Tiers-monde est foncièrement POLITIQUE, orientation politique, la VOLONTÉ Politique de s’en sortir souvent seul. Je voudrais souligner sans se soucier des autres « COMPATRIOTES ». Et ça ! de quoi reprendre Kimwangana:  » Motu muindu a uta wapi »? Les perspectives sont très sombres pour ce semblant de pays. Ce qui n’exclut pas la persévérance dans la formation et l’éducation.

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