Emmanuel Shadary et le sauvetage hors-la-loi des gouverneurs MP

En quelques semaines, deux gouverneurs de provinces issus de la Majorité Présidentielle sont tombés, alors que deux autres sont menacés. La crise semble épidémique, le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary tente de limiter les débats, au détriment de la loi.
Ramazani Shadari de la majorité présidentielle, lors de travaux du dialogue national inclusif à Kinshasa, le 15/12/2016. Radio Okapi/Ph. John Bompengo

Il s’agit peut-être d’une des plus grandes violations des lois limitant les pouvoirs de l’exécutif en République démocratique du Congo. A Kisangani, capitale de la Tshopo, les forces de l’ordre ont interdit jeudi aux députés provinciaux de siéger; alors que ces derniers devraient étudier la motion de censure contre le gouverneur Jean Ilongo Tokole. Le Gouverneur, membre de la coalition des partis au pouvoir, est sous le coup d’un motion de censure lancée par des députés de cette provinces du nord du pays, et très soutenue par la population et les organisations de la Société civile.

Pour justifier cette entorse à la loi, Kinshasa affirme que « l’Assemblée provinciale n’a pas le droit de siéger « parce que bureau de son président est convoqué dans la capitale. Le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary tente, une fois de plus, de s’interposer contre la destitution du gouverneur.

En effet, il y a visiblement une épidémie de destitutions des gouverneurs en République démocratique du Congo. Après celles de Jean-Claude Kazembe du Haut-Katanga et Célestin Mbuyu dans le Haut-Lomami, les gouverneurs de la Tshopo et celui de l’Ituri sont à leurs tours sous le coup d’une motion de défiance. Ils ont tous en commun d’appartenir à la Majorité Présidentielle au pouvoir. Et donc, comme à chaque fois, le vice-Premier ministre Ramazani tente d’intervenir en leur faveur.

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Des captures d’écrans des conversations probables, mais démenties, entre le ministre congolais et l’ancien gouverneur Kazembe du Haut-Katanga ont été diffusées dès l’aube de la destitution de ce dernier en avril, et faisant état d’une promesse non tenue de protéger celui-ci contre tout départ.  Dans le Haut-Lomami, Emmanuel Ramazani a tenté en vain de convoquer le président de l’Assemblée provinciale, dès l’initiation de la motion qui a vu tomber le gouverneur Célestin Mbuyi.

Depuis le début de cette semaine donc, tous les présidents des Assemblées provinciales ainsi que des membres de leurs bureaux respectifs ont été convoqués à Kinshasa par le ministère de l’Intérieur. Là encore, une première concernant des Assemblées qui sont pourtant autonomes du gouvernement central et surtout lequel le ministre Ramazani ne devrait avoir aucun pouvoir.

Officiellement, le vice-Premier ministre reconduit dans le gouvernement Tshibala annonce l’organisation d’un atelier « d’évaluation sur le fonctionnement des assemblées provinciales » dans les prochains jours à Kinshasa. Selon lui, il ne s’agit pas de « bloquer les motions », mais « seulement d’innovation« .

3 comments
  1. je proposerais plutôt au VPM en charge de l’intérieur d’organiser un atelier d’évaluation national à mi-parcours de la mise en oeuvre du decoupage territorial. Cet atelier rassemblerait les représentants provinciaux de la société civile, les acteurs étatiques, les membres des assemblées provinciales, ainsi que les services de sécurité sans oublier la FEC. Le decoupage territorial n’est pas seulement une question politique mais aussi économique, culturelle, sociale et j’en passe. Occulter les problèmes du decoupage n’est pas la solution.

    1. Oui. Le découpage territorial qui n’a pas été préparé est entrain d’être perçu comme un découpage ethnico tribale.

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