Elu en France, il fait rêver en RDC

Du côté de Limete surtout, l’on constate un enthousiasme débordant, avec comme indice, la photo du président du Rassemblement, Félix Tshisekedi, postée sur son compte twitter, félicitant chaleureusement le nouvel élu. Dans la foule, tenant un bout de la main d’Emmnuel Macron, parmi tant d’autres « admirateurs », le président du Bureau politique du Rassemblement/Limete s’est empressé de publier cette photo, pourtant peu flatteuse, visiblement dans le but de montrer sa proximité avec le nouveau président français.

J'étais à Paris pr féliciter le nouveau Président français.Pas pr être à une réunion qui aurait été perturbée par des pseudo combattants. pic.twitter.com/FMTQdVCGtQ

— Félix A. Tshisekedi (@fatshi13) May 8, 2017

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En réaction, des communicateurs de la MP ont également pris d’assaut les réseaux sociaux, pour qualifier ce geste du président du Rassemblement d' »une preuve d’infestation du fils de Tshisekedi aux puissances extérieures ».  La polémique s’est enflée avec la réplique de quelques opposants qui ont exprimé leur  » doute sur le patriotisme de ceux qui font le tour des capitales voisines pour tenter de légitimer le Gouvernement Tshibala « .

Oui, il est indéniable que la victoire de Macron face à une Marine Le Pen qui menaçait ouvertement les immigrés africains ne pouvait que réjouir la plupart des Africains. Mais aussi, les acteurs politique qui entretiennent des bonnes relations avec le « système », l’Union européenne certes, de laquelle Le pen voulait extirper la France après son accession à l’Élysée.

La France de François Hollande dont Macron reste une sorte de produit dérivé, assure la continuité notamment des relations apathiques avec les opposants congolais du Rassemblement et de celles antipathiques avec la Majorité présidentielle qui crie sans cesse à l’ingérence extérieure.

Cependant, devant un Emmanuel Macron dont élection a pour d’abord comme l’objectif principal la défense des intérêts de la France et pouvant reléguer celle de la démocratie et des droits de l’homme au second plan, il est prudent pour les uns et les autres de rester en retrait, au sujet des attentes que peuvent susciter cette écrasante victoire du jeune Président, qui sera le quatrième sous la présidence de Joseph Kabila.

En clair, il ne saurait être question, par exemple, que Paris ferme les yeux sur les impératifs sécuritaires ou économiques en cassant les relations avec des violations notoires des droits humains comme Idriss Deby du Tchad, qui est en première ligne dans la guerre contre le fondamentalisme en Afrique, ou la Chine et l’Arabie Saoudite; dont l’éloignement avec l’Elysée peut produire des graves conséquences sociales et économiques au niveau de l’Hexagone.

L’autre observation concerne les bases électorales de Macron qui réduisent sérieusement sa marge de manoeuvre.
En effet, si au premier tour on pouvait attribuer son arrivée en tête à ses efforts et à son mouvement « En marche! », le deuxième tour à vu des adhésions beaucoup plus hétérogènes à sa cause. En outre, il faut compter avec ceux qui ont plus voté contre Le Pen que pour Macron. Leur comportement aux législatives de juin prochain peut priver la majorité parlementaire au mouvement  » En marche !  » et le conduire à nommer un premier ministre de l’opposition, pour une quatrième situation de cohabitation, comme celles qu’a déjà vécue la France de 1986 à 1988 entre François Mittérand et Jacques Chirac, de 1993 à 1995, entre François Mitterrand et Édouard Balladur et de 1997 à 2002, entre Jacques Chirac et Lionel Jospin. Une telle réalité pourrait asphyxier la politique interne et externe du jeune président de la République française et réduire ses ambitions.

Une autre inconnue, le futur poids politique du mouvement « En marche » qui pourra influencer les pouvoirs de l ‘ Élysée, comme les mouvements citoyens le font au Sénégal. Enfin, le parrainage symphonique de Hollande, peut plus tard s’avérer ennuyeux.

Aline Engbe/ Jeannot Sheji