Un débat présidentiel en RDC est-il possible?

Paysage médiatique francopone ,et donc commun oblige, le débat présidentiel en France a été largement suivi en République démocratique du Congo où des internautes n’ont pas hésité à commenter. Sauf que, cet exercice n’a jamais été de mise au pays. Y en aura-t-il un jour? La réponse!

Le duel Marine Le Pen – Emmanuel Macron n’a pas seulement captivé la France et les médias américains hier. Alors que les  compatriotes de Donald Trump trouvaient des similitudes entre leur Président et la candidate du Front national, à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, le plus grand pays francophone au monde, on suivait avec attention ce débat.

La tradition veut que le président de l’Hexagone ait un mot à dire sur le pouvoir ici. C’est ainsi que l’opposition dirigée par Félix Tshisekedi s’est envolée pour une tournée en européenne, peu après le premier tour de ces élections françaises. Et pour donner de l’envergure à ce pèlerinage, alors que les opposants pataugent face au pouvoir écrasant du président Joseph Kabila, certains proches de M. Tshisekedi annoncent même une rencontre, toutefois hypothétique, avec le candidat d’En marche!, Emmanuel Macron, favoris de cette présidentielle, sous la houlette de Moïse Katumbi.

Cependant, hier le pays était captivé par plus que ça: l’exercice du débat présidentiel. Entre les « mensonges » de Mme Le Pen et la suffisance de M. Macron, c’est surtout le fait d’avoir à s’expliquer et quémander le vote du peuple qui est loué ici.

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« Quand est-ce nous aurons un tel niveau de débat et de démocratie dans notre pays« , s’interroge même un internaute sur Twitter, en mentionnant POLITICO.CD dans ce commentaire.

Kabila esquive Bemba en 2006

Le président Kabila et l’ancien vice-président Jean-Pierre Bemba

En effet, l’exercice démocratique très jeune en République démocratique du Congo n’a jamais vu un tel niveau de confrontation entre candidats. En 2006, seule présidentielle jugée « démocratique » ici, le candidat Jean-Pierre Bemba croisait les doigts pour y affronter un certain Joseph Kabila, avant que des cadres du Pouvoir ne viennent annoncer un report, prétextant un « danger physique » contre l’actuel président congolais. « Vu le caractère » sulfureux de M. Bemba.

Dans les coulisses, Jean-Pierre Bemba très populaire dans la capitale, maîtrise aussi bien le français (la langue officielle) que les langues nationales, alors que le président Kabila lui, qui a vécu une jeunesse dans un environnement anglophone, avec un français « approximatif » et ne parlant que le Swahili, ne pouvait pas faire face à la machine de l’ancien mobutiste.  Kabila remportera l’exercice en s’évitant le débat, au détriment de la population qui n’aura jamais la chance de voir ses candidats en duel direct.

La Haute Autorité des Médias (HAM), dirigée par des proches du pouvoir à l’époque, notera simplement que le candidat de l’Alliance pour la Majorité Présidentielle (AMP) a refusé de se présenter au débat. Un droit qui revient toutefois aux challengers. Car, les débats présidentiels ne sont pas une obligation légale. En France même, l’ancien président Jacques Chirac a refusé de débattre avec un certain… Jean-Marie Lepen durant la présidentielle de 2002.

En 2011, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC) qui a remplacé la fameuse HAM, plus démocrate, a organisé des débats candidat-journalistes durant ces élections. Là encore, certains, comme… le président Joseph Kabila n’ont pas répondu à l’invitation. Vital Kamerhe (troisième de ces élections) était bien présent sur les plateaux pour y exposer ces idées.  Étienne Tshisekedi, challenger principal de Joseph Kabila n’a eu que faire de cet exercice. Alors que les Kakese Malela et autres s’y prêtaient.

« C’est possible » en 2017

Vital Kamerhe, un des opposants à participer au débat de 2011

Le deuxième tour ayant été « supprimé », il n’y aura donc pas de débat direct entre deux challengers, bien que toujours prévu par l’autorité de régulation des médias.

Six ans plus tard, les élections sont toujours annoncées à la fin de cette année. Et alors que la certitude de voir ce scrutin avoir lieu s’éloigne dans une polémique autour de l’accord politique du 31 décembre, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) rassure néanmoins qu’il y aura bel et bien des élections.   « C’est possible, mais cela vient après la publication du calendrier électorale et en conformité des lois. Il faudra en discuter avec les parties prenantes aussi« , dit un responsable de la CENI jointe au téléphone au sujet du débat présidentiel

Du côté du CSAC, Alain Nkoy, vice-président explique que la difficulté liée au calendrier électoral qui doit être publié, même si tout reste possible. « Cela a toujours existé. Mais la difficulté est que nous ne savons pas quand est-ce que ces élections auront lieu« , dit M. Nkoy, rappelant les précédents débats de candidats face aux journalistes.

« Le Principe est maintenu, le temps de voir comment la classe politique s’organise et y adhère« , ajoute M. Koy.

Ecoutez les explications d’Alain Nkoy

C’est donc possible. Pendant ce temps, les Congolais doivent une fois de plus croiser les doigts en attendant un miracle pour voir enfin l’usage du débat présidentiel. Tournons-nous à présent vers la France, une des plus vieilles démocraties au monde, où le vainqueur est déclaré dans la plus grande des simplicités. Où le perdant accepte tout aussi sa défaite de pareille manière. Sauf pour le premier tour où certains n’ont pas hésité à barrager avec les forces de l’ordre. Comme quoi, la France peut parfois nous copier.

Litsani Choukran.

8 comments
  1. mais kabila akosala debat na monoko nini oyo ba congolais bakoyoka ? tangu balobi democratie yo candidat yoka koloba programme nayo bosala debat na chalenger nayo wana pe ezali na kati ya democratie, mais kabila aboyaka kosala debat pona nini ? un vrais congolais akobanga debat national te, alors boyeba nani azali vrais congolais. ce ruandais de kanambe alis kabila toko kanga ye un jour pe akosamba toko nionga ye naba collabot congolais toyebi bango bien

    1. il lui impossible de s´engager dans un débat, parce que cette marionnette dirige par les intermédiaires dont les officines se trouvent au petit rwanda.
      En soi le malheur des congolais vient des congolais eux- mêmes. comment peut- on concevoir un incapable á la taille de kabila prenne en otage toute une Nation?
      Vrais congolais lamuka, bolali mingi

  2. Les amis, vous devez avoir plutôt honte de parler comme ça de Kabila; c’est comme un mari qui a la même femme pendant 16 ans sous son toit et qui n’arrête pas à chaque fois de dire publiquement à qui veut l’entendre que sa femme est une pute!!!! Mari= peuple Congolais et Femme= Kabila traité de bête.
    Comment quelqu’un qui est si bête comme vous dites a pu se maintenir au pouvoir parmi des intelligents que vous êtes ( enfin, je voulais dire que nous sommes) ????
    En disant ça, la honte reviens à nous les Congolais et non à Kanambe le Rwandais comme vous l’appelez. Et que dire de tous ces opposants, docteurs de leur état?? Pitié…..

    1. Monsieur Kabila n´est pas intelligent tel que tu veux nous faire avaler. Regadez seulement ses lectures des discours qu il prononce. tu remarquera directement que ton président ne connait pas le contenu de ses discours ou encore que les idée lues ne proviennent pas de la personne de Kabila. Tu as bel et bien droit de defendre qui tu veux cher monsieu Felix mais tu n´as pas le droit de diffuser des mensonges contre ton peuple. Kabila est un marionnette ok? tout et alors tout ce qui se passe en rdc est diriger par l´exterieur et tu le sais bien

  3. Y’a-t-il eu un débat en France entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen, entre les deux tours?
    Il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes même si bonnet blanc = blanc bonnet.
    Pourquoi doit-on copier 1:1 ou 5:5, tout ce qui se passe ailleurs (surtout dans les pays industrialisés, plus particulièrement en France, à la rigueur en Belgique) en Afrique, en RD Congo. Non, on ne peut pas copier aveuglement copier, malgré les différences sociologiques, psychohistoriques et psychosociaux tout ce qui se passe sur le plan économico-politiques et sociales en Occident.
    La question fondamentale, la mère de toutes les questions est la suivante: que vaut un referendum, en France, dans la mesure où le referendum sur le Traité de Lisbonne du 25.05.2005, fut rejeté par 55% des Françaises et Français contre 45%.
    Le souverain primaire, le violon d’Ingres, le dada de certains politiciens congolais, s’était prononcé en France, contre le Traité de Lisbonne, sans fraude électorale. Le gouvernement français en décida autrement, en faisant passé ce Traité au Parlement et au Congrès (session extraordinaire de deux chambres : Parlement et Sénat) : le souverain primaire (le peuple français fut ignoré). Ce fut le cas en Irlande et aux Pays-Bas.
    Si l’avis du peuple français exprimé par voie de referendum avait été appliqué, le refus du Traité de Lisbonne, certains sujets des débats électoraux, en France, tels que: la fermeture des frontières, la monnaie unique (EUR), la délocalisation etc. seraient obsolètes, en France.
    Chirac refusa le débat avec Jean-Marie Le Pen : les présidentielles eurent lieu.
    Une question secondaire, si le referendum n’a aucune valeur juridique quelque conque en France, pays par excellence de donneur de leçons en et de démocratie, en Afrique, pourquoi en RD Congo, les gens (politiciens) rejettent-ils tout amendement constitutionnel en se référant au fait, que la constitution aurait été accepté par voie de referendum?
    Les pays occidentaux, qui ont développé une certaine tradition de débats entre deux candidats aux présidentielles, Aux USA ou en France par exemple, les populations parlent, s’expriment et entendent la même langue, même si certains termes techniques leur échappe, ce qui est un handicap; le niveau de patriotisme et de nationalisme est de loin supérieur dans ces pays, qu’en RD Congo.
    Ce n’est pas, parce que la France vous fait croire que la RD Congo est le plus grand (surface) pays francophone du monde, que la langue française est « comprise » par toute la population, surtout que le niveau et la qualité de l’enseignement sont devenus médiocres par rapport au niveau du Congo belge.
    Un débat comme en France ? Non, parce qu’au moins cinq débats : en français et dans les 4 « lingua franca » (langues vernaculaires) congolaises : suaheli, lingala, monokutuba et luba devraient avoir liezu. Et si nous tenons compte de réalités linguistiques, égalité de chances oblige en, le débat devrait être organisé dans une bonne vingtaine de langues : kuba, songye, tetela, yombe, kisigombe, kitantu etc. , parce qu’il y a de zones et régions en RD Congo, où aucune langue vernaculaire n’est parlée ou comprise, où le français comme ailleurs (Kinshasa inclus) n’est pas maîtrisé.

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