G7, nouvelle « mère » de l’opposition en RDC?

En l’espace d’une semaine, la coalition soutenant Katumbi est passée l’offensive en pressant d’abord ses alliés du Rassemblement dans le dossier de la désignation du futur Premier ministre et en s’attaquant frontalement à Joseph Kabila. Les lignes bougent chez les opposants.

Le décès inopiné d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba, leader charismatique de l’opposition congolaise regroupée dans la large coalition du Rassemblement, laisse clairement un vide tant chez les rivaux des Kabilistes que dans toute la classe politique de la République démocratique du Congo. Et, la nature a horreur du vide. Encore pire en politique. Ce constat, les leaders du Groupe de sept partis dissidents de la Majorité Présidentielle, en plus court G7, l’on compris et agissent.

En effet, outre le rapprochement idyllique de son leader dans l’ombre, Moïse Katumbi auprès de l’héritier attitré de Tshisekedi, Félix Tshisekedi, la coalition orchestre une véritable prise de pouvoir au sein de l’opposition congolaise. Une révolution de palais qui plus est, se fait toute en douceur et sans affrontements. Ainsi, réunis autour de son président Pierre Lumbi, ancien conseiller spécial du Président Joseph Kabila en matière de sécurité, Olivier Kamitatu, Christian Mwando et Christophe Lutundula ont d’abord affiché une cohésion avec leurs alliés de l’Union pour la démocratique (UDPS), en rendant hommage mardi à son Sphinx au siège du parti à Kinshasa, avant de passer à l’offensive, publiant un communiqué qui incite à l’avancement de la situation, toujours bloquée dans les discussions autour de l’arrangement particulier.

« Au regard de la dégradation accélérée de la situation économique et sociale, de la résurgence des poches d’insécurité en RDC et de la tension politique due au retard pris par la mise en oeuvre de l’accord le G7 à la Cenco dans le cadre de sa médiation de soumettre avec diligence au Président de la République le dossier en vue de la nomination du Premier Ministre » ,entonne ce communiqué publié mercredi soir et signé par Pierre Lumbi Okongo.

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Dès jeudi, c’est au tour d’Olivier Kamitatu, comme pour montrer clairement l’ambiance démocratique qui règne chez les Katumbistes, qui s’est lancé, toujours au nom de la coalition, dans une longue déclaration politique digne de successeurs d’Étienne Tshisekedi.

Des opposants discutant lors des veillées de prière à Bruxelles

Commençant par le 25ème anniversaire des martyrs des chrétiens  du 16 février 1992 – plus de 250 personnes tuées dans une répression sanglante par les forces de sécurité du Maréchal Mobutu, alors qu’elles réclamaient la démocratie au pays; en passant par la situation de l’insécurité grandissante notamment dans les Kasaï avec les incursions répétées des adeptes Kamwina Nsapu et plus récemment au Kongo Central et à Kinshasa; y compris le mandat du président Kabila qu’elle qualifie « d’illégitime » et finalement les discussions autour de l’arrangement particulier de la CENCO, la coalition du G7 y dépeint globalement une situation dégradante, appelant entre autres à la libération des prisonniers politiques et, surtout à la « mobilisation générale » contre le pouvoir.

En suite, pour voler au secours de l’autre icône de l’opposition, Gabrielle Kyungu, président de l’UNAFEC et celui du Rassemblement dans le Haut-Katanga, le G7 a fustigé le pouvoir, le mettant en garde contre « toute arrestation » de son cadre.

Le G7 dit s’indigner et regretter la « persécution politique » dont est victime son cadre, Gabriel Kyungu, alors que ce dernier a été une nouvelle fois convoqué le 20 février prochain au parquet de Lubumbashi où il est poursuivi pour « outrage au Chef de l’Etat ». La coalition met ainsi en garde les autorités contre son arrestation qu’elle qualifie de « tentative d’étouffement de sa liberté d’expression« .

Antoine Gabrielle Kyungu wa Kumwanza, ancien président de l’assemblée provinciale et coordonnateur du Rassemblement de l’opposition dans l’ex-Katanga, a été de nouveau convoqué au parquet de Lubumbashi, au sud-est de la République démocratique du Congo,  le 20 février 2017 à 11h00, affirme une nouvelle invitation qui lui a été adressée et dont POLITICO.CD s’est procurée une copie.

Selon ce document, l’opposant congolais y est convié par le Ministère Public près la Cour d’Appel de Lubumbashi. Il devra présenter ses moyens de défense dans le cadre de l’enquête judiciaire ouverte à sa charge sous le dossier RMP.311/PG.025/VON. Il intervient après une rencontre manquée le mercredi. M. Kyungu n’a pas répondu à l’invitation de la justice. Ses avocats ont expliqué que son « état de santé » ne le lui permettait pas.

Au final, le positionnement de la coalition du G7 la place au cœur même de l’opposition politique à l’heure où, de l’autre côté, son candidat à la présidentielle Moïse Katumbi a annoncé son grand retour « avec la dépouille » d’Étienne Tshisekedi à Kinshasa. Comme l’UDPS avant elle, issue des frondeurs du pouvoir, la coalition du G7 est peut-être la « nouvelle mère » de l’opposition congolaise

Par Litsani Choukran,
Le Fondé

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