Que va-t-il se passer maintenant en RDC?

Les négociations entre l’Opposition et la Majorité sont suspendues jusqu’au 21 décembre, que va-t-il se passer à présent en République démocratique du Congo où la tension monte à l’approche à quelques heures du 19 décembre.

Les évêques catholiques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) ont ajourné les discussions entre les alliés de Joseph Kabila et les opposants congolais le samedi 17 décembre après avoir en vain tenté de parvenir à un accord.

En effet, le Pouvoir et l’opposition ont trouvé un compromis dans le dossier des prisonniers politiques le vendredi soir. Une demande de libération ou d’arrêt des poursuites judiciaires à l’encontre de 254 personnes mais avec une liste de sept personnalités prioritaires  a été approuvée.

« Les négociations ont échoué »

cenco-1132x670« Il y a 254 personnes qui ont besoin que l’on s’occupe d’elles. On a créé une commission de magistrats qui vont se prononcer là-dessus, nous ne pouvons remplacer les magistrats », détaillait Lambert Mende,  Porte-parole du gouvernement et représentant de la Majorité présidentielle à ces discussions.

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Parmi ces personnes, Moïse Katumbi, candidat à la présidentielle, mais aussi Jean-Claude Muyambo, le président du parti d’opposition Scode, en prison depuis janvier 2015, ou encore Floribert Anzuluni, membre du mouvement citoyen Filimbi. A présent, les discussions bloquent au sujet de la gestion du pays après le 19 décembre et la date des élections.

« Comme annoncé, les discussions ont échoué. A présent, peuple congolais, la balle est dans votre camp! Nous sommes arrivés au bout de nos efforts« , a déclaré Felix Tshisekedi via son compte Twitter, quelques minutes après l’annonce de la suspension des travaux de ces « discussions de dernière chance ». Dans la foulée, le Rassemblement et le Front pour le Respect de la Constitution, que dirige le Mouvement de Libération du Congo (MLC), ont lancé un message demandant au « peuple congolais » de rester « vigilant pour la défense de la Constitution ».  Si Étienne Tshisekedi s’est toujours réservé l’ultime recours au peuple pour descendre dans la rue, ce communiqué n’a guère était explicite en ce sens.

« Je pense que ce communiqué a été réalisé un peu hâtivement. Il n’est pas signé par le Rassemblement, mais par les deux parties de l’opposition.  Il démontre en effet la position délicate des opposants congolais qui doivent maintenant soit endosser la responsabilité d’un appel au soulèvement, ou la résolution d’attendre jusqu’au 21 décembre et courir le risque d’être pris de court par la population au cas où elle déciderait de défendre de son propre gré dans la rue« , fait remarquer Richard Kiyambu, analyste politique congolais basé en Angleterre.

Les prêtres catholiques ont en effet suspendus les travaux pour se rendre au Vatican sur invitation du Pape, où ils doivent participer à une cérémonie de nativité, certes prévue de longue date.  Leur retour au pays n’intervient que le mardi 20 décembre, d’où la repris des travaux le jour suivant.

« Tous » devant un dilemme

oppositionAyant anticipé cette situation, le Pouvoir congolais a déployé depuis plusieurs jours la Police et l’armée dans les rues des principales villes du pays pour faire face à un éventuel soulèvement. A Kinshasa, le dispositif est surtout employé massivement dans la commune de Limete, bastion de l’opposition où est également située la résidence d’Etienne Tshisekedi.

Par ailleurs, sur le terrain politique, des sources proches de la Majorité Présidentielle annoncent la formation imminente du gouvernement sous la direction du Premier ministre Samy Badibanga, dans le cadre des accords du 18 octobre dernier à la Cité de l’union Africaine.

Toutefois, cette initiative n’est pas sans risque, à l’heure où les opposants du Rassemblement risquent à tout moment d’embraser le pays. « Une formation du gouvernement risque d’énerver l’opposition et consacrée l’échec des négociations alors que même l’Eglise catholique a laissé entendre qu’un accord reste possible« , explique Richard Kiyambu à Politico.cd.

« Que les gens s’apaisent. Rien n’est perdu« , a rassuré l’Abbé Donatien Nshole, le secrétaire général a.i de la CENCO au micro de Politico.cd au moment de l’annonce de la suspension ce samedi à Kinshasa . « Il ne faudra pas fétichiser la date du 19 décembre. La constitution est claire. Personne n’a mis en cause la Constitution dans cette salle. Le plus important, c’est l’accord politique qui permettra de gérer le temps qui sépare le 19 aux prochaines élections. Et c’est le travail qui est en train d’être fait« , a-y-il ajouté.

Le Catholique rejette l’idée selon laquelle qu’ils sont bloqués. Il estime tout simplement que c’est juste une question de temps parce que ‘le train est déjà en marche‘. Modeste, le Secrétaire général a.i de la CENCO reconnaît : « C’est vrai qu’il y a des concessions qui doivent être faites de part et d’autre. Ça veut dire qu’on ne s’accorde pas encore. Comme les enjeux sont tellement majeurs, on évite au stade actuel de dire ce qu’on peut considérer comme acquis. Tout simplement parce que ces acquis doivent être équilibrés avec d’autres acquis à venir. Dans la logique de négociations, ce n’est pas bon de prendre une partie d’acquis comme acquis. Mais il y a déjà des avancées« .

Même son de cloche du côté de Vital Kamerhe, opposant congolais mais dont les avis divergent avec ceux du Rassemblement. « Je nous interpelle pour que nous ne lançons pas de messages incendiaires, au moment où les évêques nous disent qu’ils vont aller à Rome (…) ce serait vraiment détester le peuple« , affirme M. Kamerhe. Et d’ajouter: « Nous sommes sur la bonne voie et l’espoir est permis. »

Il faudra aussi regarder de prêt le comportement de la communauté internationale d’ici au fameux 19 décembre. Alors que Washington, Paris ou encore Bruxelles ont toujours soutenu ces discussions sous l’égide de la CENCO, ces pays, très impliqués dans la crise congolaise, ont cependant fait savoir leur opposition de voir le président Kabila demeurer au pouvoir au-délà du 19 décembre.

En outre, avec les appels à leurs ressortissants de quitter le pays, le cas notamment de la Belgique et les Etats-Unis, rien n’est certain que l’on pourrait éviter l’embrasement. Les prochaines heures vont être cruciales.

6 comments
  1. Kamerhe reafirme sa position come porte parole de la majorite; c’est vraiment triste ; for a few thousand dollars more and you sell your country

  2. Kabila croit qu’il va réussir son coup de se maintenir au pouvoir par la force, on déployant la police et l’armée partout.
    Ça sera une guerre d’usure et longue, il va trouver quoi pour nourrir les policiers et les militaires chaque jour. Voilà l’histoire se répète encore si la Afdl avait reçu de chasser Mobutu parce que les militaires qui étaient au front ne mangeaient pas, ils ne percevaient pas leur soldes.
    Voyons voir entre nous la population et kabila qui va gagner.

  3. que Kabila celui par qui le malheur est arrivé et que le pays se trouve dans cet état après 16 ans de pouvoir, annonce son départ du pouvoir et garantisse le respect de la CONSTITUTION. On ne va tout de même pas foutre le pays en l’air juste à cause d’un petit individu, corrompu, pilleur et analphabète !
    Le Congo est la propriété des Congolais, et non pas d’un petit clan de potentats ou d’une famille Kabila !!!
    yebela yebela yebela article 64

  4. Les évêques ont échoué, ils doivent le reconnaître au lieu d’essayer de gagner du temps. Kabila n’a pas l’intention de quitter le pouvoir. Le peuple Congolais doit prendre sa destinée en main!

  5. de gré ou de force l’ sale fils de pute va dégager. étant peuple on va gérer la situation. Kabila doit fuir avant le 20 si il ne veux pas mourir.

  6. Le peuple va prendre son destin en mains comment : en renversant les institutions ou en faisant une nouvelle ville morte. L’opposition doit être claire dans ses mots d’ordre pour ne pas retomber dans un nouveau pillage aux conséquences graves pour la population. Avec un peuple affamé et chauffe à blanc par les occidentaux et une frange de l’opposition, on ne peut s’attendre à mieux.

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