La riposte de Katumbi éclabousse des médias internationaux

Accusé d’avoir détenu une nationalité italienne durant plus de 17 ans, Moïse Katumbi contre-attaque et lance une tornade qui risque d’éclabousser des médias internationaux.

C’est le média Jeune Afrique qui a lancé en premier l’alerte. Au soir du 22 mars 2018, ce média basé à Paris dévoile une infirmation incroyable : l’ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, aurait détenu une nationalité italienne depuis plus de 17 ans.  « Moïse Katumbi a bel et bien eu la nationalité italienne pendant 17 ans », titrait le magazine fondé par François Soudan. Dans cette publication, également relayée sur POLITIICO.CD, le média ne va pas par quatre chemins.

« Une municipalité du sud de l’Italie a confirmé à Jeune Afrique que « Moïse Katumbi d’Agnano » avait bien détenu la nationalité italienne entre 2000 et 2017 », dit-il, faisant au passage remarquer que cette situation, contraire au droit congolais, pourrait porter préjudice à la candidature de l’opposant à l’élection présidentielle, prévue pour décembre prochain.

« Contactée par Jeune Afrique, la municipalité confirme que l’opposant – qui a choisi le nom de Moïse Katumbi d’Agnano lors de sa demande de naturalisation – a acquis la nationalité italienne le 3 octobre 2000, avant d’y renoncer le 13 janvier 2017. D’après nos informations, l’homme figurant dans le registre est né le 28 décembre 1964, tout comme l’ancien gouverneur du Katanga », explique-t-on dans cet article.

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Etrange timing et jubilations à Kinshasa

Flory Kabange Numbi, procureur général de la RDC. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

Stupeur à Kinshasa. Du côté du pouvoir, on affirme avoir eu échos de cette « information » depuis des lustres. Le Procureur Général de la République (PGR) Floribert Kabange Numbi saute subitement sur l’occasion. Une information judiciaire est ouverte, s’ajoutant à la ribambelle des casseroles que la justice congolaise attribue au président du TP Mazembe, qui vit alors en exil.

La nouvelle paraît d’autant plus plausible que la très sérieuse agence britannique Reuters et, dans la moindre mesure,  Radio France Internationale (RFI) viendront confirmer « l’information ». Tous les trois confrères sont catégoriques :  le nom Moïse Katumbi apparaît dans le registre de l’état-civil de la mairie de San Vito dei Normanni, une petite ville de 20 000 habitants située dans le sud de l’Italie.

Pire l’intéressé, quand il prendra enfin la parole, ne daigne de démentir formellement cette nationalité qui lui est alors attribuée. Devant la presse, via des communiqués, il clame toujours détenir « sa nationalité congolaise d’origine », et se dit « qualifié » pour la prochaine présidentielle en RDC. Car dernière cet imbroglio, il y a bel et bien son avenir politique qui est en jeu.

En effet, Moïse Katumbi, ancien allié de Kabila, livre une guerre féroce contre ce dernier à l’issue son départ de la majorité au pouvoir en 2015. Depuis, l’opposant congolais est une cible privilégiée de Kinshasa, qui ne lésine pas sur les moyens, cherchant à l’écarter de la course à la Présidentielle, durant laquelle le président Kabila sortant, qui est à son deuxième et dernier mandat, ne peut plus se représenter. Avec cette affaire de nationalité italienne, beaucoup donnent alors Katumbi non partant pour la Présidentielle. Il s’agissait, pour une fois, d’écarter une épineux adversaire de manière plus ou moins légale.

« L’info » était fausse

« Il est question de nationalité. Une entité italienne aurait démontré avec preuve que l’ancien gouverneur détient la nationalité italienne. Donc inéligible au regard de la loi congolaise qui ne reconnait qu’une seule nationalité », lance Alain André Atundu, porte-parole de la majorité sur RFI.

Mais voilà, près de quatre mois après, et à l’ouverture officielle des opérations de dépôts des candidatures à la CENI,  Moïse Katumbi décide, comme il l’avait promis, de contre-attaquer. Son avocat, le célèbre « acquitator » Eric Dupond-Moretti débarque avec un document dument signé des mains du maire de la ville de San Vito dei Normanni lui-même.

Domenico Conte dément complètement les informations de Jeune Afrique, RFI et Reuters. Dans une lettre adressée à Me Dupond-Moretti, ce dernier affirme que sa mairie ne peut fournir aucune information quant à la nationalité de M. Moïse Katumbi Chapwe, « en ce que celui-ci n’est pas inscrit (et ne l’a jamais été) au registre de l’état-civil et/ou au registre de la population des citoyens italiens de la ville de San Vito dei Normanni.»,

Où est la vérité ?

« L’administration municipale n’a jamais mis à la disposition de tiers de documents concernant la nationalité desdites personnes [Moïse Katumbi Chapwe et/ou Moïse Katumbi D’Agnano], ni n’a jamais fourni d’informations ou de données officielles à leur égard », poursuit le maire de San Vito dei Normanni dans sa lettre datée du 16 juillet.

Si le document publié par l’avocat de Katumbi n’est pas, jusque-là, authentifié par la rédaction de POLITICO.CD ou tout autre média, Jeune Afrique change néanmoins déjà son fusil d’épaule. Dans un article publié mardi dans la  soirée, à l’issue de la conférence de presse des proches de l’ex-gouverneur du Katanga, le média fait systématiquement évoluer son information initiale. Loin d’affirmer que l’information annonçant cette nationalité supposée de Katumbi  provenait « de la municipalité de San Vito dei Normanni », Jeune Afrique affirme à présent avoir obtenu cette infirmation « d’un agent de la mairie »

« Fin mars pourtant, un agent de la même municipalité indiquait par e-mail à Jeune Afrique que Moïse Katumbi avait détenu la nationalité italienne entre 2000 et 2017, avant d’y renoncer. L’information avait ensuite été confirmée par d’autres médias, à l’instar de RFI et de Reuters », fait savoir Jeune Afrique.

Pendant ce temps, Moïse Katumbi affirme donc être éligible à cette présidentielle de décembre. Il annonce même son retour au pays « avant le 8 août », pour y déposer sa candidature. Il faudra attendre alors jusqu’au mois de septembre pour voir si sa candidature sera retenue dans la liste définitive que va publier la CENI. Cependant, écarter sa candidature devient une entreprise osée pour Kinshasa, qui risque de décrédibiliser fortement le processus électoral actuel.

Car dans la soirée du mercredi, un document attribué à la Direction Générale de Migration (DGM) et listant des autorités congolaises qui posséderaient une seconde nationalité a étrangement fait surface. Il aurait, selon son accusé de réception, adressé à la Commission électorale. Et même si la DGM a démenti l’authenticité de ce document, la polémique enfle plus que jamais.

Litsani Choukran.

2 comments
  1. Jeune Afrique n’a JAMAIS été fondé par François SOUDAN mais plutôt par Bechir BEN YAMED.
    François SOUDAN n’est QUE le Directeur de Publication !!!
    Vous faites des articles de qualité mais parfois tombez dans la facilité avec des déclarations à l’emporte pièce qui vous décrédibilise. Ne voyez-vous pas que vous finirez par donner raison à celui que vous avez qualifié de « Voyou » de la République ???
    KABUNDI Rachid

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