Dérangement particulier à Kinshasa

La grand-messe aux allures vêpres du Palais du peuple accouche sur un texte aussi pamphlétaire que les autres.

Il ne fallait pas s’attendre à des grandes surprises, d’autant plus que les dés étaient déjà jetés. Mais parfois, comme à Las Vegas, on espère tomber sur un double six. Après tant d’accords signés, celui-ci devrait régler tous les différends. Et donc non.

Félix Tshisekedi qui tient toujours à devenir Premier ministre avait déjà rejeté ce rendez-vous du Palais du Peuple, pendant que Jean-Pierre Lisanga, qui soutient la candidature de ce dernier à la Présidentielle, le prenait à contre-pied. Même Valentin Mubake, dont on ignore à présent de degré de rectitude, est revenu de son hégire politique pour dénoncer: « Léon Kengo et Aubin Minaku sont de la MP« .

Entre temps, le Front pour le Respect de la Constitution, une des rares plateformes à rester cohérente, y postait Fidèle Babala, suivi d’un message sans entête sur les réseaux sociaux et fustigeant toutefois la signature. « Nous demandons du temps supplémentaire pour étudier ce texte que nous venons de découvrir« , s’excusera poliment le député condamné par la CPI. Presque au même moment, Eve Bazaiba, la Chef de file, cognait sur le même arrangement particulier: cohérence oblige.

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Oui. Il y a eu des modifications. La Majorité en a profité pour y inscrire des garde-fous. Comme par exemple ce fameux pouvoir discrétionnaire du Président au sujet de la nomination du Premier ministre (déjà faite) et, comme il fallait aller au bout de la logique, on y ajoute tout aussi ce discrétionnaire pouvoir au Conseil national de suivi de l’accord et du processus électoral (CNSA); le tout, en sachant que Vital Kamerhe qui a la tête braquée vers sa tournée électorale ou encore Olenghankoy trop occupé à formater la liste des ministrables avec ses vieux potes Katebe et Tshibala… n’auront que faire des détails insignifiants: le mal a été déjà fait.

Les deux complices du jour.

Nous voilà devant un arrangement particulier finalement signé, mais qui ne règle pas le problème. La querelle ne va pas du tout s’arrêter. D’autant plus que Katumbi n’a même pas entendu parler de son nom. Ni Diomi. Le processus qui avait pour but d’apaiser les choses va finalement créer des nouveaux débats et des nouvelles frustrations. Un dérangement particulier qui aura au moins le mérite d’avoir finalement rencontré le consentement du dinosaure Wa Dondo.

Entre temps, Kabila parait foncer sans crier gare et très puissant face à une opposition qui ne proteste que lorsqu’elle n’a pas personnellement son compte. Le président est-il pressé de quitter le pouvoir ? Y aura-t-il des élections ? Tshibala va-t-il être gardé à la Primature ? Seuls le laboratoire de Kingakati et le mois Décembre 2017 semblent avoir des réponses.

Le Président congolais n’avait pas non plus trop de choix. La fameuse médiation entamée par la MONUSCO ne pointe toujours pas son groin, alors que Félix Tshisekedi semble de plus en plus à court de solutions, allant jusqu’à demander l’aide d’un certain… Edouardo Dos Santos, dont l’esprit démocratique est mondialement reconnu depuis son arrivée au pouvoir un certain 10 septembre 1979.

La prise d’otage va donc continuer. « Ti i jeudi [jusque jeudi] » comme on dit chez nous. Le peuple à bout de nerf devra prendre son mal en patience, s’inscrire dans la logique présidentielle et arrêter ainsi de se battre pour un retour hypothétique Moïse Katumbi –  qui à son tour s’essouffle -, en attendant un Bruno Tshibala qui pourra être le premier prophète chez soi, pour finalement voter: avant la fin de l’année en cours.

Litsani Choukran,
Le Fondé.

10 comments
  1. Arrangement contre dérangement. Tactique (secte présidentielle) contre courage (des démocrates irréductibles). Convictions contre confusions portées par des opportunistes contre la définition du mot: dissidents, dissidentes selon Larousse:
    – qui se sépare, à cause d’une divergence d’opinion, avec la communauté dont il faisait jusqu’alors partie;
    – qui s’écarte de l’idéologie;
    – qui se sépare d’un mouvement philosophique, politique, artistique.

  2. RDC (république à démocratiser du Congo) contre RFC (république des fosses communes). Damnés de la terre, nous avons choisi de devenir la Risée de la terre avec, à la fois:
    – une crise de légitimité;
    – et une crise de représentation.

  3. Pauvre pauvre pauvre de nous, ce régime doit faire attention pcq après avoir fait sorti tous ses bons cartes il risque d’être battu par un kimpuaka. Ils ont tellement amassés des oranges(politiciens) dans leur panier à cause de leur avidité, qu’ils n’ont pas eu le temps de vérifier ceux qui sont pourri, maintenant c’est le temps où le mal sortira au milieu d’eux

    1. Félicitation Mr le journaliste, je trouve votre analyse impartiale. Pour le moment, en attendant le changement du système actuel, je considère que notre pays la RDC doit être appelé République Dictatoriale du Congo.

  4. Le demi-mesure n’aboutissent à rien il faut de mesure entier respectons les accords de la CENCO un point barre,c’est facile comme bonjour à Léopoldville et c’est tout vous devez savoir dans la vie de tout le jours il y a un début et une fin. Personne ne restera éternel.

  5. Il s’avère vraiment urgent que le RASSOP aile CENCO, mette sur la place publique le texte de l’arrangement particulier pour que nous peuple, les avertis du moins, puissions confondre le RASSO aile KABILA.

  6. ce qui est vrai c’est que meme dans l’arrangement particulier prévu par la CENCO, aucune phrase ne faisait allausion à Katumbi et à Muyambo. leurs dossiers étaient été donnés aux Eveques dans la fameuse commission et pour laquelle ils étaient parti se faire fourvorés à lubumbashi dans la ferme futuka de katumbi.

  7. je pense que cette opposition de l’aile FELIX et la CENCO s’embrouillent tout simplement alors que la solution est unique d’accepter les sacrifices pour la nation c’est à dire de pousser le peuple à arracher son droit c’est aussi simple que cela.

    Beaucoup de bruits ça n’arrange rien au contraire c’est vous qui avez découragés et brisés l’élan du peuple en tournant de gauche à droit tantôt l’ONU,UA,SADC,UE .Alors que ces organisations pensent à profiter de ce chaos. Les burkinabés avaient besoin de ces organisations pour agir? vous savez tout car leurs masques sont tombés depuis,n’est-ce pas?ils cachent encore quelque chose

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