Au Congo-Brazzaville, le vent de la succession dans le Sassouland

Mes chers compatriotes,

Comme le mistral souffle au nord de la France, descend et balaie le sud jusqu’à la Corse, le vent de la succession au Congo qui secoue le nord, descend et balaie désormais le sud-ouest (Kouilou) pour terminer sa course à Brazzaville.

La nature ne nous enseigne-t-elle pas ?

En effet, c’est un secret de polichinelle que le nord est en ébullition pour la succession du Raïs. Les enfants biologiques et de cœur se livrent à une lutte fratricide âpre et impitoyable, laissant le Raïs qui, a priori, n’est pas testateur, pantois face à ce déchirement, tant sa responsabilité il faut le reconnaître n’y est pas étrangère. Cela nous rappelle à bon droit la sempiternelle guerre des héritiers de Mahomet, entre les chiites et les sunnites.

Ce vent puissant est descendu au sud-ouest du Congo, précisément dans le département du Kouilou. Telle une métastase l’idée de la succession nourrit désormais la pensée des notables et politiciens vilis. Les plus actifs se sont constitués en un petit groupe conspirationiste (de réflexion) où les conciliabules sont légions, à savoir Tengo Laurent, Bouity Viaudo, Loemba Max et Makosso Collinet. Ce groupe, avec la bénédiction supposée de la première dame, encadre et pousse le premier ministre à développer des ambitions pouvoiristes et des rêves de grandeur au point de prendre des airs devant les caciques du nord qui ne le supportent : c’est l’histoire de la grenouille qui se veut plus grosse que l’éléphant. Il n’a pas tort car les autres lui font croire qu’il est au perchoir, qu’il n’est qu’à un pas du fauteuil suprême donc il faut agir. Le parallèle est ici saisissant avec Hugo, dans « les mains sales » de Jean-Paul Sartre, qui devait lui aussi agir, au nom de l’idéologie et du parti communiste, pour l’assassinat d’Hoederer, alors secrétaire général et vu comme le traitre parce qu’il voulait négocier une alliance avec les fascistes en vue de partager le pouvoir. « Agir » est un concept fondamental de l’action politique pure, Collinet Makosso le sait et il y croit. Notre éminent Ndalla Graille nous a aussi appris que, ce n’est pas en regardant une femme qu’elle tomberait enceinte, il faut agir.

Ainsi, pendant que le nord se bat pour la succession, lui aussi se prépare à bas bruit pour le but ultime, prendre le pouvoir.

En fait, c’est un autre secret de polichinelle que Collinet Makasso a été choisi Premier Ministre par Sassou avec la bénédiction des caciques du nord pour sa docilité légendaire reconnue et de notoriété. Aujourd’hui, fort de cette petite infidélité au regard de ces derniers et encouragé par ses encadreurs, il se sent poussé des ailles au point de vouloir mettre son doigt dans ce magma de plus 1000°C qui chauffe le nord.

Parviendra-t-il à semer la discorde dans le clan du Raïs pour s’imposer enfin comme le successeur ? Veut-il se salir les mains comme Hugo en trahissant la confiance des nordistes et de Sassou lui-même ? That is the question !

Pour le moment, adoubé par le lobby pouvoiriste vili, l’homme évolue à pas feutrés, avançant finement ses pions. Il déploie sa stratégie depuis quelques temps. Sassou qui pensait avoir eu un premier ministre hyper docile pourrait intérieurement regretter son choix en voyant le zèle pouvoiriste de ce camarade choisi pour ne pas concourir au jeu de la succession mais qui semble avoir changé d’avis : le goût du pouvoir !

On a vu comment Il a fait annuler le texte règlementaire qui privilégiait les cadres-maisons pour la nomination aux hautes fonctions de l’Etat, pour faire passer tumultueusement le règlement qui permet aux cadres de tous horizons d’être nommés partout dans les structures administratives. Cela a pour effet néfaste de freiner la consécration des cadres-maisons ayant servi tout le long de leur carrière l’institution et qui se voient priver, parfois au dernier stade, de leur précieux césame (la fonction la plus élevée de la maison). Le premier ministre s’est donc astucieusement donné la marge de manœuvre pour caser ses impétrants aux hautes fonctions d’Etat, peu importe la capacité, la compétence et l’expérience de ceux qui les occupent.

Fort de ce texte, tel un félin cible le plus fragile du troupeau, il charge et s’attaque au directeur général des transports terrestres d’ethnie mbochi, pour le remplacer immédiatement par un vili.

Au cours de notre escapade dans la partie nord du pays, nous avons eu l’occasion de rencontrer certaines personnes du milieu qui accompagnaient le président de la République dans la contrée.

Et, comme disent les internautes aujourd’hui : « chaque jour quand on se réveille, il y a des nouveaux dossiers !!!! » En effet, nous en avons beaucoup appris, du plus banal au plus préoccupant.

Tenez, toujours dans sa conquête sournoise d’occupation de terrain, Collinet Makosso se lécherait les babines à l’idée de s’approprier la gestion minière des potasses, secteur en effervescence économique. Comme un joueur d’échec, l’homme a un plan et un pion. Il veut contrôler la potasse parce qu’il pense que c’est juteux et c’est dans le Kouilou natal. Il refuse donc, comme ses autres frères vilis, que les ressources du Kouilou continuent d’être gérées par les nordistes, à l’instar du pétrole, exception faite de la « parenthèse fictive » de Taty Loutard, selon leur propos. Il a donc besoin des moyens venant de l’exploitation de la potasse pour sa stratégie de conquête. Il a un pion pour atteindre cet objectif, Timothée Tchibinda. Comme à son habitude, il envisage de débarquer le directeur général des mines, cadre du nord en poste, pour le remplacer par un cadre vili. C’est devenu un leitmotiv dual : cadre nordiste remplacé par un cadre vili. Aujourd’hui, Timothée Tchibinda est de tous les voyages du premier ministre, c’est ce qui explique sa présence à Oyo dernièrement.

A défaut de prendre tout le pouvoir, Collinet Makosso procède crescendo par grignotage tactique de l’espace des camarades. Peut-être que l’ensemble des tactiques formeront à terme une stratégie ! (le débat est ouvert).

Hier moqué, aujourd’hui érigé au rang de Ministère d’Etat, le garage de Pierre Oba est l’objet de toutes les convoitises du nord au sud, Collinet Makosso n’y échappe guère. Ceci nous renvoie à l’histoire du Christ dans 1 Pierre 2 verset 7 qui précise que « … la pierre rejetée par ceux qui construisaient est devenue la pierre angulaire. »  

Mais, la stratégie de Collinet Makosso a un talon d’Achille : sa voracité.

Sinon, comment comprendre qu’en moins de trois (3) ans de Primature, l’homme ait pu entre autres, selon les indiscrétions de ses conseillers complétement ivres dans un restaurant à Pointe-Noire, privatiser le Lac Yanga en acquérant une immense propriété qui frise la démesure, acheter une grande partie de la côte pour ériger un grand Zoo privé dans le lequel il ferait venir des animaux sauvages tels que des panthères, des lions … A cette liste, il faut ajouter cinq (5) okapi, alors que pour un seul okapi, Yhombi-Opango a perdu le pouvoir. Attention aux okapi ! ça peut faire mal. Car les mêmes causes pouvant produire les mêmes effets.

En revanche, comment réagiront les membres du clan face à cette politique du fait accompli dont la récurrence  doit certainement gêner ?

Notre dépêche, est une réflexion sommaire sur les ambitions du lobby pouvoiriste vili qui trouve inutile d’assister passivement à la lutte pour la succession des nordistes alors qu’ils ont aussi des capacités physiques et intellectuelles pour succéder. Alors, Collinet Makosso est le cheval de Troie du lobby pour atteindre cet objectif.

Comment Sassou, fin tacticien, voit et interprète les ambitions de son premier ministre, choisi pour sa docilité et qui semble manifestement le gêner dans sa « méditation testamentaire » ? Doit-il apprendre à ses dépens que l’appétit vient en mangeant ? Est-il toujours en face du « fils docile » qu’il a connu ? Vérifie-t-il si son entourage reste satisfait ?

Collinet Makosso, peut-il vraiment faire sans l’appareil politique et les proches de Sassou ? S’agit-il des simples coups tactiques ou d’une vraie stratégie de conquête du pouvoir ? S’engage-t-il dans une aventure qui déterminera son avenir politique ?

Qui vivra, verra !

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