Ya Gentiny, Lamuka. Sinon, tu vas payer Cach…

Le Covid-19 est une véritable « bombe sanitaire » dans cette Kinshasa anarchique, dense et congestionnée, mais le coût/risque/désavantage de l’inaction ou plutôt action cosmétique du Gouvernorat de Gentiny Ngobila croît également de manière exponentielle cette déflagration morbide qui nous attends tous á Kin.  

En effet, au vu des taux de croissance urbaine dans la ville-province de Kinshasa (3-5 %) où les attitudes et pratiques, les services ainsi que les infrastructures en matière d’hygiène et d’assainissement est le plus flagrant, la question de l’assainissement urbain est cruciale notamment en cette période de crise humanitaire de Covid-19. Si l’on y prend garde en demeurant dans cette inertie, le taux de mortalité connexe au Covid-19 sera étroitement corrélé à la prévalence des maladies infectieuses, notamment hygiénique laquelle sera indubitablement influencée par la médiocrité de la qualité de l’environnement et de l’accès à des services d’assainissement adaptés inhérente á la ville de Kinshasa.

Dans des circonstances normales, l’utilisation de méthodes inadaptées de traitement des déchets aura des répercussions négatives sur la santé de la population Kinoise. L’évacuation et le traitement des déchets humains aux fins de blocage de la transmission des maladies infectieuses sont encore plus importants en cas de catastrophe comme celle de Covid-19, et constituent une priorité de politique publique pour son administration.

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Le sentiment d’urgence est d’autant plus aigu que les bénéfices apportés par une amélioration de l’accès à l’assainissement peuvent se répercuter sur toutes les dimensions du développement urbain durable pour Kinshasa, si seulement si les enjeux de l’assainissement dans la ville de Kinshasa étaient donc mieux maîtrisés en tant que défi d’importance primordiale compte tenu de l’urbanisation exponentielle anarchique, dense et congestionnée á Kinshasa.…

Le Gouverneur devra dès lors comprendre que l’assainissement dans la ville de Kinshasa un enjeu fondamentalement social et économique qui va au-delà des programmes comme Kin Bopeto. L’amélioration des systèmes d’assainissement pour Kinshasa impose de ce fait une mobilisation urgente et radicale pour atténuer le coût croissant de l’inaction en matière de santé publique, de pollution environnementale, voire d’attractivité urbaine. La mise en œuvre de solutions techniques, commerciales et sociales ne suffit pas à faire émerger le sujet de l’assainissement sur l’agenda politique dans une mégapole comme Kinshasa. Il manque encore des scénarios politico-institutionnels attractifs pour mobiliser et orienter la décision publique, articulant faisabilité technique et économique, bénéfices sociaux et publics, et arrangements institutionnels.

Au demeurant, le programme Kin Bopeto n’aura des résultats de qualité en termes d’efficacité, d’efficience, de pertinence et d’impact que si, seulement si sont intégrés une multitude d’opérateurs, avec des offres diverses. Le rôle des pouvoirs publics dans la coordination et la régulation de ces services est à inventer, spécifiquement pour des systèmes hybrides mais intégrés d’assainissement urbain. En outre, le manque/déficit des retours d’expérience et les recommandations sur un environnement politico institutionnel favorable à l’émergence de l’assainissement sur l’agenda politique du Gouvernorat de Kinshasa depuis Jean Kimbunda prouve á suffisance que nous continuerons de tourner au rondpoint Shamukwale… L’articulation des conditions du portage politique avec les instruments d’action publique reste à construire.

Et pourtant, au cas où le Gouvernorat de Kinshasa ne le saurait que très peu, des outils d’aide à la décision, la planification et la gestion de l’assainissement se sont multipliés : guides pour élaborer des stratégies municipales, méthodes de diagnostic rapide, méthodologies d’ingénierie sociale et de participation, recueils ou mémentos de mise en œuvre, etc. Tous ces travaux sont principalement destinés aux opérationnels de terrain afin de contribuer au renforcement des capacités humaines et techniques et de promouvoir des choix techniques et des méthodes de participation sociale adaptés aux contextes urbains et institutionnels locaux. Ces ouvrages promeuvent l’idée que les défis ne sont pas tant de faisabilité technique ou de manque de financement que relevant de la gouvernance de l’assainissement urbain : cadres réglementaires, schémas organisationnels, modalités de gestion, partenariats, compétences, etc.

En premier lieu, il apparaît que la situation d’urgence sanitaire si critique á Kinshasa depuis des décennies ne soit pas la cause majeure de la mobilisation du Gouvernorat de Kinshasa pour cet énième opération Kin Bopeto. Un besoin de marketing politique l’expliquerait au mieux. Cela justifie en amont le choix des méthodes de planification et de gestion du dit programme d’assainissement. Et malheureusement, on y perçoit cette réticence morbide propre au Gouvernorat de Kinshasa de recourir à des stratégies de gestion d’assainissement décentralisées, alternatives plus flexibles que leur modèle désuet « vertical » de la décision unique et centralisé, pourtant lourd à gérer, suivre, maintenir et évaluer.

En second lieu, considérant que sur le plan technique et commercial, le service d’assainissement á Kinshasa doit et devra être assuré par une variété d’offres, il en va de même pour sa gouvernance : le modèle d’un seul opérateur centralisé s’avère largement inadapté. Dès lors, si les pouvoirs publics veulent orienter, réguler, équilibrer financièrement et socialement l’offre de services, ils doivent se positionner comme coordinateurs de la variété des opérateurs impliqués. Et pour cela, ils doivent pouvoir identifier les intérêts et les interactions en jeu afin d’être en mesure de coordonner les logiques en vue de l’intérêt général très loin des considérations politiciennes. Cet appel au positionnement des pouvoirs publics s’impose, mais les modalités et instruments auxquels ils peuvent avoir recours sont encore peu stabilisés, comme tenus aussi des profils des Gouverneurs dont Kinshasa bénéficie depuis Bernardin Mugul Diaka… Beaucoup trop d’amateur en matière de gestion stratégique urbaine. Le pire ayant été André Kimbuta dit ‘’le Haut Sommet !’’.

Malheureusement, l’assainissement continue de concentrer peu d’attention et de moyens politiques et financiers. Peu attractif, notamment sur le plan symbolique et culturel, l’assainissement suscite peu de demandes explicites de la part des populations Kinoises et décideurs politiques locaux, notamment les députés provinciaux et Bourgmestres. En outre, les alternatives vers des systèmes décentralisés s’éloignent du modèle des projets gérés directement par le Cabinet du Gouverneur via des programme d’assainissement bidon du genre Kin-Bopeto. Dès lors, ce sont aussi les modes d’intervention des bailleurs et opérateurs internationaux de services urbains, historiquement fondés sur le financement de grandes infrastructures et peu adaptés au soutien à une myriade de petits opérateurs locaux intervenant avec des solutions techniques et commerciales variées, qu’il faut réorienter. Dans ces conditions, sortir du business as usual, innover, travailler avec des techniques et des acteurs stigmatisés est un double défi : il s’agit à la fois de susciter une volonté politique locale de se saisir d’un sujet tabou et d’inventer de nouveaux modèles et arrangements de gouvernance multi-acteurs pour que l’assainissement réalise son potentiel de contribution au développement urbain durable, surtout pour les plus vulnérables.

Enfin, cette crise liée à l’épidémie du Covidid-19 nous plongeant désormais dans un état d’exception et une drôle de guerre faite à la fois d’urgence sanitaire et de temps suspendu, pour une durée indéterminée. Chaque Kinois et chaque partie prenante est appelé á prendre des dispositions jusqu’à nouvel ordre, avec le sentiment partagé d’une longue période d’incertitudes, et de profonds questionnements sur les fondements mêmes de notre société Kinoise, de notre économie basée sur l’article 15 et de nos manières de vivre ensemble : notre regard sur le monde en sortira nécessairement profondément modifier. Vécue uniquement comme une expérience de rationnement, cette crise n’aurait pas toute la profondeur qu’il est cependant si essentiel de lui donner, à partir du besoin très concret de contact humain et social, dont nous sommes le plus rationnés en cette période, et qui est en ce moment ressenti par tous : la relation à nos besoins matériels et à nos besoins humains et sociaux sortira fondamentalement changée également de cette crise, et a tout le potentiel pour nous aider à rediscuter collectivement les priorités essentielles, celles que l’on doit chérir, et celles pour lesquelles on peut envisager d’autres manières d’y accéder. En les discutant dès maintenant, nous pourrions avoir les chances de changer la manière dont nous organisons nos sociétés pour vivre ensemble.

Ya Gentini, lamuka. Car quand ça va peter á Kin, puisque ça petera á cette allure de salubrité chronique. Tu seras seul. Et les Kinois ne sont pas les habitants de Yumbi…

Laurent K. Mavinga

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