Jean-Marc Kabund a-t-il menti à Étienne Tshisekedi ?

[Tribune ]

Le débat d’idées et démocratique sur le fondement statutaire des décisions du président ad interim de l’UDPS Jean-Marc Kabund A Kabund a tourné en une sorte d’attaque personnelle, depuis la sortie médiatique d’un autre fils maison, le professeur Paul Tshilumbu, qui a à la fois remis en cause les origines et la crédibilité de celui qu’Étienne Tshisekedi a érigé en gardien du Temple, avant de quitter la terre des hommes.

Quand le professeur Paul Tshilumbu déclare que Jean-Marc Kabund A Kabund est originaire de Luiza et pas katangais, il ne ment pas. De même que celui qui dirait que Jean-Marc Kabund est katangais ne sera pas non plus considéré comme un menteur. Tout s’explique par l’histoire.

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Dès les années 1908, l’Union Minière du Haut Katanga recrute sa main d’oeuvre dans les Kasaï, et particulièrement à Luiza. Vu son jeune âge, le président intérimaire de l’UDPS peut appartenir à troisième ou quatrième génération des originaires de Luiza nés et grandis au Katanga, un peu comme les afro et autres hispano-américains qui n’ont rien de moins en tant qu’américains, vis-à-vis des amérindiens de l’Amazonie.

A l’arrivée des belges dans le Kasaï, ils trouvent un pouvoir coutumier bien organisé et structuré, représenté par des Chefs coutumiers tel que Mfumuampembe, Kankuda , Ntambwe Yangala, Muanambenz, Mpikambuji, Thurumi, Kamayi, Mbang Mankanz, qui sont en réalité des représentants attitrés de l’Empereur Mwant Yav.

Malgré l’organisation politico-administrative que la RDC a connue, les kete, Lwalwa, Mbala et Salampasu qui peuplent le territoire de Luiza sont restés des sujets de l’Empereur Mwant Yav qui, dans des milieux extra-coutumiers, sont des membres à part entière de l’association DIVAR qui regroupe les populations Rund du Katanga.

C’est à ce titre que depuis 1960, ils ont représenté le Katanga à divers niveaux dans les entreprises, conseils municipaux et même à l’Assemblée nationale et au Sénat.

Cela étant, Jean-Marc Kabund n’avait pas à se présenter auprès d’Étienne Tshisekedi comme katangais puisque ce dernier le découvre à la Fédération de l’UDPS de Kamina, une ville katangaise.

Au-delà des origines territoriales, je suis d’avis que la seule évocation du nom de Kabund auprès d’Étienne Tshisekedi était favorablement suggestive dans la mesure où, le cursus d’apprentissage du patriarche a été marqué par des collègues Kabund, dont l’ancien président de l’Assemblée provinciale du Kasaï occidental, Monsieur Marcel Kabund A Kabu.

Étienne Tshisekedi a entrepris ses études secondaires au centre agronomique de l’université de Louvain au Congo (CADULAC ) à Kamponde dans l’aire culturelle Luiza. Il savait pertinemment bien de son vécu et par des écrits ethnologiques que les principes d’honnêteté, de loyauté, de vérité, d’indépendance d’esprit, de compétence,… font partie de la conscience collective des peuples de Luiza. C’est ainsi que c’est à Luiza qu’Étienne Tshisekedi va chercher la très vénérable Maman Marthe, alors jeune accoucheuse à l’hôpital général du lieu.

Dans son CV, Jean-Marc Kabund n’a pas manqué de mentionner qu’il a fait ses études secondaires à Kamponde, le fleuron de l’éducation qui faisait la fierté des parents, cadres de la SNCZ et de la Gécamines pour y former leurs enfants. Tshisekedi formé à Kamponde avec un collègue du nom de Kabund, Jean-Marc Kabund A Kabund formé à Kamponde, autant de coïncidences qui ne pouvaient que faire naître la confiance du Sphinx en ce jeune homme qu’il a regardé différemment de nous.

Prétendre comme l’a fait le prof Tshilumbu que Kabund s’appellerait en fait Kabundi Wa Kabundi, reste vérifiable soit comme une erreur dactylographique, soit comme un argument évoqué pour le besoin de la cause.

Tous comptes faits, les originaires de Luiza ne sont pas des étrangers habitant la RDC. Ils sont des descendants directs de l’Égypte pharaonique qui se sont rassemblés à Nsanga-Lubangu, d’où sont parties les dernières migrations pour se fixer sur les terres comprises entre les rivières Lubi/Lulua et le fleuve Kasaï, en passant par la Lueta et Kabelekese.

Ce qui compte le plus, c’est l’état d’esprit UDPS tel qu’incarné, professé et pratiqué par Étienne Tshisekedi et ses collègues fondateurs que l’appartenance tribale et/ou géographique de tel ou tel autre acteur politique.

En fouinant les origines des cadres de l’UDPS pour avoir raison de ce débat important sur le respect des textes, prof Tshilumbu trouverait un bon équilibre en fouinant aussi les actes de ces mêmes dirigeants qui ont respecté l’esprit UDPS.

Même au prix du sacrifice suprême de son fils, Jean-Marc Kabund A Kabund n’a pas marchandé l’avenir du parti lui légué par Étienne Tshisekedi avec les ennemis de la démocratie, de l’UDPS et de la patrie. En lieu et place des attaques personnelles, la voie de la sagesse à emprunter pour maintenir la case commune UDPS, c’est la voie du dialogue et du consensus, débarrassée de tout préjugé négatif pour le plus grand bien de notre peuple.

Ibrahim Sheji, philosophe herméneute.

2 comments
  1. Le problème c’est la compétence, l’honnêteté et la confiance de Kabund. Son appartenance ethnique ne nous intéresse pas.

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