RCA : les Fonds de la CPI aux victimes des forces de Bemba, serviront aussi d’assistance aux victimes d’autres chefs de guerre centrafricains

Par NSUMBU Ange

En Centrafrique, les victimes des forces de Bemba vont recevoir l’aide du fonds de la Cour pénale internationale (CPI), près de 20 ans après les faits. Cette aide va débuter au printemps, avec un budget d’environ 1,2 million de dollars américains pour cette première année, dévoile à RFI Bertin Bishikwabo, chargé de programme du fonds de la CPI à Bangui.

« En 2002-2003, les hommes de Jean-Pierre Bemba sévissent sur le territoire centrafricain. Ils pillent, tuent, et violent de nombreuses femmes. Poursuivi devant la CPI, Jean-Pierre Bemba a été acquitté en juin 2018. Malgré l’acquittement, des milliers de victimes des forces de Bemba sont présentes sur le territoire centrafricain, beaucoup ont besoin d’une assistance« , rappelle-t-il.

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Le fonds au profit des victimes de la CPI devrait appuyer près de 3 000 personnes cette année. Déjà, depuis un an, la CPI aide des victimes dans le plus grand besoin.

« Le fonds au profit des victimes a fait une évaluation en 2011, ici en République centrafricaine. Fin 2012, alors que les contrats étaient prêts à être signés par le greffier, les hostilités ont éclaté en République centrafricaine. Nous étions donc dans l’impossibilité de pouvoir développer les programmes d’assistance dans ce contexte. Nous attendions que la situation s’améliore pour que nous puissions venir développer les programmes d’assistance. En même temps, nous attendions que le procès de Jean-Pierre Bemba aboutisse pour que l’on puisse combiner les deux : la réparation et l’assistance. Mais, malheureusement, Bemba a été acquitté. Et à l’acquittement de Bemba, le fonds a décidé d’accélérer la mise en place des programmes d’assistance ici, en République centrafricaine« , précise Bertin Bishikwabo.

À la question de connaître le type d’aide qu’apporte le fonds à ces victimes, il répond :

« Le fonds au profit des victimes intervient dans trois domaines dans le cadre de l’assistance. D’abord, la réhabilitation psychologique. Ensuite, la réhabilitation physique pour les victimes qui ont eu des préjudices physiques, ainsi qu’un soutien socio-économique, tout ce qui est développement d’activités économiques, et moyens de subsistance« .

Des interrogations sur les victimes autres conflits

En dehors des victimes des troupes de Bemba, il y a celles autres conflits. Les chefs de guerre centrafricains des groupes armés sont-ils poursuivis par la CPI et condamnés pour indemniser leurs victimes ?

 » Le fonds va s’occuper de toutes les victimes de la compétence de la Cour pénale internationale. Mais, pour nous, sur le plan opérationnel, on a décidé de commencer d’abord par les victimes qui sont connues. Après, on pourra étendre aux victimes qui ne sont pas encore identifiées. Donc, pendant que les programmes seront en train d’être mis en œuvre, on devra identifier et inclure au fur et à mesure d’autres victimes, que l’on devra intégrer dans le programme« , répond Bertin Bishikwabo.

La République centrafricaine, c’est connu, vit depuis plusieurs années sous la vague de violences, notamment des viols et des homicides systématiques de civils.

« Il faut que les Nations Unies renforcent la protection de la population« , ne cesse de recommander Amnesty International dans ses rapports.

En août 2017, elle avait mené une enquête de terrain qui lui avait permis de révéler  » une flambée terrifiante des actes de torture, des pillages et des déplacements forcés imputables à une ramification de la Seleka, l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC) ».

Elle a noté, d’autre part, que « les Casques Bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations Unies en Centrafrique (MINUSCA), comptant un effectif de 12 870 personnes en uniforme dont 10 700 militaires, n’ont pas empêché les violences contre des civils ».

À l’époque, Amnesty International avait identifié 600 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays et 438 700 réfugiés dans les pays voisins, principalement au Cameroun, en République démocratique du Congo et au Tchad.

 » Des dizaines de milliers de personnes ont fui les villes les plus touchées par les combats, comme Alindao, Mingala, Nzangba et Mobaye ( à la frontière avec la RDC).

Les juges de la CPI ayant confirmé les accusations de la Procureure contre Alfred Yekatom et Patrice-Edouard Ngaissona pour crimes de guerre, on attend de voir à quel volume du fonds d’aide à leurs victimes les deux miliciens anti-balaka seront condamnés. En attendant d’autres éventuels procès en rapport avec les horribles crimes de guerre et contre l’humanité qui ont été commis par des forces tchadiennes et qui se poursuivent en Centrafrique.

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