Dans l’Est de la RDC, la Monusco infiltrée par des Islamistes?

Il y a plus d’un quart de siècle que des hommes armés, issus des diverses guerres de la région (descendants des troupes d’Idi Amin Dada en Ouganda, déserteurs soudanais, anciens miliciens rwandais et recrues locales) désormais unis par la religion musulmane ont trouvé dans le « grand nord » du Kivu un terrain favorable, sinon inexpugnable : les flancs du Ruwenzori sur la frontière avec l’Ouganda, la zone nord du parc national des Virunga.

Par ailleurs, si les premières mosquées dans la région ont été financées par le colonel Kaddhafi dans les années 90, par la suite, la prospérité économique des musulmans du Kivu leur a donné les moyens de multiplier les lieux de culte et de nouer des liens culturels et commerciaux entre autres avec le Pakistan et la secte des Tabligh. Cette dernière est imprégnée par une idéologie islamiste et a pour particularité d’opérer par petites cellules discrètes et disciplinées.

Même si la majorité des musulmans au Congo se montre indifférente à la politique, les jeunes sont aisément séduits par des bourses d’études, des propositions d’emploi et de voyages vers le Soudan, le Kenya et même la Grande-Bretagne où se trouvent des dirigeants des ADF Nalu. Quant à la Communauté islamique du Congo (Comico) implantée dans le pays de longue date, elle semble débordée par les nouveaux venus.

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L’installation de la Monusco en RDC a accéléré l’islamisation de l’est du pays : les contingents pakistanais de la Monusco ont financé la construction de dizaines de mosquées tandis que le personnel civil de la mission onusienne, en particulier lorsqu’il était chargé du désarmement et de la démobilisation (DDDR) et de confession musulmane, fermait les yeux.

Nicaise Kibel’Bel Oka, journaliste à Beni pour le journal Les Coulisses et auteur de « L’avènement du jihad en RD Congo » (éditions Scribe) soutient que les rebelles islamistes, au fil du temps, auraient réussi à infiltrer la Monusco elle-même ! Disposant de ressources financières importantes, tirées entre autres de l’exploitation de l’or dans la rivière Semliki et du bois dans le parc des Virunga, les ADF Nalu, vers 2010, se sont rapprochés de la nébuleuse djihadiste, entre autres grâce aux transactions bancaires basées sur la confiance (l’hawala) et ils auraient noué des contacts avec les « shebabs » de Somalie et du Kenya.

Au Mozambique, des jeunes gens arrêtés lors de récents affrontements dans le nord du pays ont reconnu qu’ils avaient été formés dans l’est du Congo. Et ils citaient le nom quasi mythique d’un camp d’entraînement, « Médina », qui ne se situait pas en Arabie saoudite mais… dans le parc des Virunga !

Quoique de manière moins violente, le Sud-Kivu est lui aussi concerné : les mosquées se multiplient à Fizi et Uvira tandis que des groupes armés, rwandais et burundais, sont soupçonnés de collaborer avec les ADF ou avec des groupes venus de Tanzanie… Il faut noter aussi que les groupes d’autodéfense Mai Mai ne simplifient pas la tâche de l’armée : censés défendre les populations de leur communauté, ils entretiennent aussi des liens avec les politiciens en mal de positionnement, qui utilisent la violence comme ascenseur social.

In LE SOIR. Décembre 2019

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