« Les animaux, les plantes et les arbres valent plus que les humains », un documentaire met la lumière sur les abus de rangers du parc national des Virunga

Le parc des Virunga, dans l’est de la République Démocratique du Congo, est le plus ancien parc naturel d’Afrique créé par les colons belges en 1925 afin de protéger la population unique de gorilles ainsi que d’autres espèces de la flore et de la faune. Le parc est souvent filmé à cause de la lutte héroïque menacée par les gardes du parc pour mettre leur vie en danger contre les braconniers et les milices armées, afin de protéger les gorilles de l’extinction. Dans un documentaire Netflix, vous pouvez voir à quel point les gardes du parc sont impuissants lorsque les rebelles du M23 envahissent le parc en 2012.

En 2014, le directeur du parc, le prince belge Emmanuel de Mérode, a lui-même été grièvement blessé par un bombardement.

Mais il existe aussi un autre côté de cette histoire. Les recherches menées par le groupe de recherche sur les conflits de l’université de Ghent, le journal allemand Die Tageszeitung et la NOS montrent que les quelque 700 à 800 gardes du parc sont coupables d’innombrables violations des droits de l’homme. Le média NOS a parlé à des villageois qui parlent de maltraitances physiques et d’humiliation de la part des gardes du parc.

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« J’ai commencé à chercher du bois dans le parc lorsque j’ai rencontré les gardes. Ils m’ont pris. Ils m’ont arraché les vêtements et m’ont frappée », raconte Esperance Kabekatyo, du village de Mugunga, à l’extrémité sud du parc. « Ils ont dit que je valais moins que les arbres. Les gardes du parc traitent leurs animaux mieux que nous, les humains » relate-t-elle dans ce reportage.

Un vieil homme dit: « Je suis allé au parc. Juste au bord, je suis tombé entre les mains des gardes du parc. Ils ont demandé: vieil homme, que fais-tu ici? J’ai dit que je cherchais du bois. Ils ont commencé à me battre sur le tibia. Un autre gardien du parc m’a frappé avec un bâton à la tête, un autre m’a frappé sur les jambes. Je lui ai dit que tu pouvais être mon fils. Pourquoi tu me bat comme ça? « 

Les tueries sans enquêtes

Les accusations continuent. Le 28 novembre 2018, deux personnes ont été tuées dans une manifestation contre la politique répressive du parc des Virunga dans le village de Vitshumbi. Le chercheur Chrispin Mvano montre des photos des croix sur leurs tombes. La manifestation était organisée par des jeunes en âge d’aller à l’école, auxquels avaient également participé des pêcheurs et des personnes âgées. Les manifestants n’étaient pas armés, selon Mvano et les villageois.

Le porte-parole du parc conteste cette version. Selon lui, un garde des gardes du parc a été attaqué par des rebelles des Maï-Maï, qui ont ouvert le feu. « C’est un bon exemple des risques auxquels les gardes du parc des Virunga sont confrontés tous les jours » explique-t-il.

Le porte-parole a également nié toute implication des rangers dans les autres incidents. « Nous prenons toutes les allégations de comportement inapproprié au sérieux et procédons à des enquêtes approfondies si nécessaire. Comme vous le savez, les gardes du parc des Virunga prennent des risques mortels chaque jour et doivent opérer dans un environnement complexe et exigeant. »

L’Union Européenne finance la violence

Le parc des Virunga a commencé comme un petit parc, mais il est maintenant plus grand que les provinces combinées du Nord et du Sud. Le parc est devenu un état au sein de l’état. Tandis que la NOS tentait de filmer des images sur la voie publique qui passe à travers le parc, les gardes du parc ont patrouillé et ont interdit à un journaliste de filmer, même en direction du parc.

Le parc est un site du patrimoine mondial de l’UNESCO et dépend fortement de l’argent de l’Union européenne. Depuis 1988, l’UE a investi 30 millions d’euros dans les Virunga. Le milliardaire américain Warren Buffet a fait un don supplémentaire de 150 millions de dollars pour un projet énergétique promettant de fournir du travail à 100 000 personnes. L’UE a débloqué 20 millions d’euros supplémentaires en 2018 pour la conservation de la nature dans l’est du Congo-Kinshasa, dont une grande partie est affectée à la fondation Virunga.

Selon le chercheur Chrispin Mvano, « l’UE finance la violence ». « Les gardes du parc doivent protéger les animaux, ils mais sont devenus un instrument d’oppression. La seule solution peut être qu’il existe une coopération qui protège à la fois les animaux et la communauté locale » plaide-t-il.

Vous pouvez suivre le court documentaire en cliquant sur ce lien:

https://amp.nos.nl/artikel/2300359-mishandeling-en-vernedering-in-virunga-park-eu-financiert-geweld.html?__twitter_impression=true

Fiston Mahamba (@FMLarousse) | POLITICO.CD

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