Le Raïs, Ilunkamba et le gouvernement des « pires petits »

Cette sortie est interdite aux optimistes. Sept mois après l’alternance démocratique à la sauce Nangaa, la République démocratique du Congo découvre le piège et s’en étourdie. La dernière en date, un gouvernement qui répond à toutes les attentes, mais qui sent le jabot social.

Avé, Raïs ! Je tends la main, je capitule. Cet homme est « mystique » ! La couverture à venir de POLITICO Magazine, à découvrir fin septembre, vous expliquera comment et pourquoi tout ce pays doit déférence, sinon crainte à l’Autorité suprême morale, Joseph Kabila. Car jamais dans cette contrée fabriquée par Leopold II, un homme n’a tant terminé l’intelligence à un peuple étourdi.

Pourtant, en Javier dernier, c’était la victoire. Voir Félix Tshisekedi gambader sur le tapis rouge du Palais de la nation, sous le sourire certes révélateur du Raïs – quoique trop cintré par le gilet-par-balles – n’était que l’apothéose de tout Homme qui a donné du sien durant les sanglants épisodes de la lutte pour la démocratie en RDC depuis les années 1990. A Kinshasa, à l’étranger et même dans le Congo profond, on rêvait la fin d’un cycle. Car si Kabila cristallise les attentions sur l’identité des hommes à ne plus rester au pouvoir, derrière lui, se cache toute une famille des hommes et femmes vomis par ce peuple en colère.

Mais les lendemains allaient être aigres. Félix Tshisekedi, qui se lançait un peu trop tôt dans le déboulonnage déchante. Le Président va jusqu’à demander de l’indulgence. « Ne vous préoccupez par des origines de ceux qui seront dans le gouvernement », appelle le Chef de l’Etat. Car en ce moment même de l’histoire, Fatshi sait qu’il sera impossible de se débarrasser des Kabilistes. La vérité étant simple : ils sont encore là, forts et contrôlent quasiment tout. Le Parlement congolais en est un exemple parfait. Une majorité que même Mobutu rechercherait. Face à cet état des choses, seule une coalition allait sauver le Président, lui permettant de diriger, rangeant le déboulonnage dans le placard.

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Surprise. Une fois de plus, Avé Raïs surgit. Etrangement, c’est du côté même de sa coalition du FCC que le changement tant souhaité arrivé. Le professeur Mwilanya, l’architecte de la coalition, monte au créneau et beugle que sa famille politique allait surprendre : aucun ancien visage ne reviendra. Stupeur. Personne n’y croit. C’est un proche de Mende, le FCC étant l’équivalent de Nazareth au Congo, rien de bon ne pourrait y sortir. Mais le Christ y survit. Au bout de la nuit, un Ilunkamba rajeunit, exhibe sa liste : aucune grande figure Kabiliste l’accompagne. Thomas Luhaka et Ruberwa, qui ont rejoint à peine Kabila, passent pour des vétérans.

Il est où le piège. Il est ici, répond le Fondé! Tenez, Mende, Shadary, Kabwelulu ne sont certes plus là. Mais à la place, les appendices y sont. Ministre des finances, Jose Sele est sorti des côtes de Matata Ponyo. Mukasa est tiré de celles Kabwelulu. Ainsi, suivant ce modèle, chaque poids lourd du FCC y a intégré son homme de confiance. C’est ainsi qu’un gouvernement des bras droits voit le jour. Raïs dans le rôle du Dieu le père, endormant chaque fois son monde pour fabriquer son gouvernement tiré du sable congolais. Et quand il ne pouvait pas y désigner quelqu’un, il prenait soin de s’opposer aux entrées de François Muamba et Tryphon Kin-kiey, que personne ne pleure au Congo.

Voilà. En attendant les prochains tours de l’Ave Raïs, il ne nous reste plus que la morale et une plume naïve à leur adresser : maintenant que vous avez tous vos postes, et que vos tours de magie ont fonctionné, retenez que nous sommes à Rome, nous, vos esclaves, dans le sillage des votre séjour glorieux au pouvoir, vous rappelons que quels que soient vos exploits, : « memento mori », (« souviens-toi que tu vas mourir »).

Litsani Choukran,

Le Fondé.

2 comments
  1. Wait and see, qui vivra verra. Fatshi béton. Quelque soit la longueur de la nuit, le jour apparaîtra. Ce n’est qu’un début du deboulonage, Fatshi debouloneur, Fatshi béton.

  2. Lecture anticonstitutionnelle pcq volonté de faire l’apologie de Kabila qui finit par induire en erreur les compatriotes peu au fait des réalités institutionnelles.

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