Gratuité de l’enseignement primaire en RDC: mythe ou réalité ?

Le président de la République Démocratique du Congo avait déclaré que la gratuité de l’enseignement primaire sera effective dès l’année scolaire 2019-2020 sur toute l’étendue du pays. Une promesse de campagne dont il a tenu à la matérialisation et qui suscite espoir et joie au sein de la population appauvrie par plusieurs années de mauvaise gestion de la République et du système éducatif.

La RDC compte environ 80 millions d’habitants dont plus de la moitié ont moins de 20 ans. Le PIB moyen par habitant est de 495 dollars/an, soit 1,35 dollar par jour, avec d’immenses disparités selon les chiffres officiels de PNUD. Une promesse réitérée par le président Félix Tshisekedi lors de l’échange des voeux avec le corps diplomatique à Kinshasa le 15 février 2019 dernier et récemment lors de la quadripartite RDC, Angola, Rwanda et Ouganda.

Lors d’une interview exclusive accordée à Politico.cd, Emery Okundji, Ministre intérimaire de l’EPSP a confirmé la gratuité de l’école primaire et la prise en charge de tous les frais scolaires des parents.

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« Il n’y a aucune raison pour que les parents puissent payer ces frais( frais d’identification des élèves, frais d’assurance, les bulletins scolaires, la motivation des enseignants,… ). L’État les prendra en charge « , avait-t-il souligné.

Pour répondre à la question de la manière dont les enseignants seront rémunérés, le ministre de l’EPSP a fait savoir que la gratuité de l’enseignement permettra également à l’Etat de prendre en charge cette prime des enseignants notamment par le réajustement des salaires, les indemnités des transports et logements pour les enseignants de Kinshasa et des autres provinces.

Il a en outre éclairci que la prise en charge des enseignants est un processus car la vision est de mettre fin aux impaiements des enseignants, des non-mécanisés et de nouvelles unités.

Pour matérialiser l’effectivité de cette gratuité, une table-ronde s’est ouverte jeudi à Kinshasa pour examiner et définir les modalités pratiques qui permettront la mise en pratique de cette gratuité de l’éducation de base dès la rentrée scolaire 2019-2020.

Annoncé, le chef de l’État Félix Tshisekedi s’est pourtant fait représenter par son Directeur de cabinet adjoint Eberande.

Un acte mal perçu par plusieurs observateurs du fait que le président de la République se trouve sur place à Kinshasa et vu l’importance des points inscrits au cours de cette table ronde.

A table-ronde qui va clôturer ce samedi doit étudier le « financement » de cette promesse onéreuse dont le coût est estimé à 2,9 milliards de $ pour un budget annuel de 4 milliards de $.

D’où proviendra ces fonds ?

« Le système éducatif congolais est devenu le parent pauvre de la RDC. L’État lui consacre chaque année que 3% du budget national. Ce qui est fort peu. Laissant aux seuls parents la charge de supporter le système éducatif congolais et ce, durant plus de 30 ans« , confirme Papy Kilapi, enseignant dans une école publique depuis 15 ans déjà.

« Les enseignants vivent dans une précarité indescriptible dû à notre prise charge par les parents. Une situation qui nous a avili et a ramener notre enseignement au moyen âge, » a-t-il regretté.

« La gratuité pronee par le Chef de l’État n’est pas certes utopique mais c’est difficile de l’appliquer tout de suite puisqu’il y a des préalables à remplir. Il faut notamment un barème spécifique pour l’enseignant afin qu’il travaille dans des conditions normales et universellement reconnues, » selon lui.

Au mois de mai dernier, le Partenariat mondial de l’éducation (PME) notait que la RDC est l’un des pays avec le plus grand nombre d’enfants non scolarisés.

Ce rappport estime que 3,5 millions, soit 26,7 % des enfants en âge de fréquenter le primaire, ne sont pas scolarisés.

Cette structure d’aide à l’éducation dans les pays pauvres note tout de même des avancées considérables en terme des enfants qui achèvent leurs études primaires dont les chiffres ont progressé avec 70% d’élèves achevant le primaire en 2014 contre 29% en 2002.

Quant aux infrastructures pour recevoir ses élèves, les chiffres officiels annoncent près de 5000 établissements scolaires sur toute l’étendue de la République. Ce qui est fort peu mais là aussi, le président a promu de construire et de réhabiliter près de 150 écoles dans son programme de 100 jours.

Entretemps la rentrée scolaire est prévue le 02 septembre prochain et la RDC toute entière est suspendue sur cette promesse du chef de l’Etat.

Thierry Mfundu

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