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En RDC, l’histoire ne se répète pas toujours!

Le 30 décembre 2018, 18 millions d’électeurs ont départagé 21 candidats président de la RDC. Tout au départ, c’est 40 millions d’électeurs qui avaient la charge de donner à la RDC le successeur de Joseph Kabila. Dans l’entre-temps, c’est plus de 80 millions de congolais qui attendaient leur nouveau président. C’est également autant de partenaires de ce pays au cœur de l’Afrique, qui, craignant le pire, attendaient l’issue de ce processus électoral congolais à cœur battant.

Tambours battants, le gouvernement congolais a depuis annoncé et persisté de financer seul les élections, au nom de la souveraineté de la RDC. La CENI a pour sa part décidé d’organiser ces élections avec la machine à voter, cela avec ou sans le consentement des uns et des autres. L’opposition congolaise a multiplié des annonces pour dénoncer une « supercherie électorale » qui se profilait à l’horizon. Les USA, la France ont pour leur part positionné leurs unités d’élite respectivement au Gabon et au Congo Brazzaville afin d’intervenir dans des affrontements congolais certains.

Les combattants de l’UDPS et les militants de l’UNC, les militants de Lamuka n’ont cessé d’affluer aux meetings de Félix Tshisekedi ou de Martin Fayulu pendant la campagne pour exprimer leur ras-le-bol du régime Kabila que représentait le candidat Ramazany Shadari.

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L’histoire prête à se répéter

En ce temps, les ingrédients semblent réunis pour que le KO de la RDC soit mis en musique et que les congolais dansent au rythme de balles comme en 1961, en 1965, en 1991 et 1993, en 1997, en 2001, en 2006 ou en 2011. Jusqu’ici, l’accession ou la succession au pouvoir dans ce pays qui compte autant de martyrs et 2 héros nationaux s’est faite dans le sang. Joseph Kabila qui a réussi à organiser les élections en 2006 et 2011 est en train depuis deux ans de repousser son départ par des dialogues et le débauchage, un peu comme son homo Joseph Mobutu.

Son annonce avec larmes aux yeux du multipartisme en 1992 n’a jeté que les bases d’une longue transition avec seul maître à bord du Zaïre, Mobutu qui organise les dialogues, nomme et révoque des premiers ministres à sa guise. Sans savoir qu’un rebelle du nom de M’zée Laurent Désiré Kabila allait le chasser du pouvoir un certain 17 mai 1997. Les dialogues de la Cité de l’Union africaine, celui de la Saint-Sylvestre en 2016 consacré par le débauchage de Bruno Tshibala ainsi que la désignation de Ramazany Shadari comme Dauphin, ont ressemblé à une évidence que Joseph Kabila n’allait pas lâcher pied. Par conséquent, la menace qu’il soit chassé du pouvoir comme Mobutu était devenue sérieuse.

Dialogue préventif

Avec un Dauphin impopulaire sur le chant de campagne, Joseph Kabila sent sa fin approchée et prend au sérieux toutes les menaces si Ramazany Shadari était proclamée Président. Face à l’Occident (UE, Belgique, France, les multinationales minières… qui soutiennent ouvertement le candidat de la coalition Lamuka Martin Fayulu), au lieu de se lancer dans une logique « advienne que pourra » comme Lumumba, Mobutu ou M’zée, Joseph Kabila décide ce jour là de contourner ses anciens partenaires qui veulent en découdre avec lui. Mais comment? Par une alliance.

Parmi les 21 candidat qui concourent à sa succession, Félix Tshisekedi est populaire et sans engagements préalables avec l’Occident, après avoir retiré sa signature de l’accord de Genève soutenu par ceux-ci. Son directeur de campagne Vital Kamerhe avec qui il a signé un accord de partenariat à Nairobi est dans la même logique. Le rapprochement entre le Camp du changement de Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe; et Joseph Kabila débouche sur la signature d’un accord dont le contenu sera progressivement connu. Félix Tshisekedi devient le cinquième président de la RDC alors que Joseph Kabila et sa famille politique conserveront les deux chambres du parlement, les assemblées provinciaux et domineront le gouvernement à venir.

Cet accord constitue un bouclier pour Joseph Kabila qui le protège en douce contre la colère de ses anciens et de la population congolaise qu’il a dirigé pendant 18 ans avec un bilan mitigée, en même temps qu’il permet au fils d’Étienne Tshisekedi de trôner sur la RDC.

La RDC, le monde s’incline

Au lendemain de la victoire de Félix Tshisekedi, la coalition Lamuka et Martin Fayulu crient à la tricherie, à un arrangement entre deux camps, au détriment de la vérité. Kikwit, Yumbi dans le Bandundu, la province d’origine de Martin Fayulu sont en feu et on compte des morts. Kinshasa, Lubumbashi, Goma, Bukavu, Matadi, Mbuji-Mayi, Kananga, Tshikapa et d’autres villes de la RDC jubilent pour la victoire de Félix Tshisekedi.

Les appels au recomptage des voix, à la suspension de la publication définitive des résultats par la Cour constitutionnelle ne freinent pas l’élan des manifestations de joie. La confirmation de l’élection de Félix Tshisekedi par la Cour, la prestation de serment par l’heureux élu amplifient les scènes de liesse.

Face à la décision de deux leaders que n’affecfionnait pas l’Occident de coaliser pour résister, la SADC prend acte de la victoire de Félix Tshisekedi. L’Union africaine se réjouit de l’alternance pacifique en RDC et se tient près à collaborer avec le nouveau pouvoir. l’Union européenne fléchit. Les USA adoptent, la France et la Belgique qui y sont allés un peu fort se rétracte et prennent acte du nouveau leadership congolais. Pour une fois, le pouvoir en RDC est défini par les congolais qui mettent les maîtres du continent africain devant un fait accompli.

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