C’est peut-être les premières fissures de l’après Kabila. Alors que le président congolais s’apprête à remettre son fauteuil en jeu, un feu de camp se déclare au sein de sa famille politique. En première ligne, Augustin Matata Ponyo, ancien Premier ministre technocrate, jadis pressenti pour le dauphinat du Chef de l’Etat. L’homme, qui n’aurait pas digéré le fait d’être délaissé au profit d’Emmanuel Ramazani Shadary, serait donc en rébellion.
La situation serait anodine, d’autant plus que d’autres, comme Tryphon Kin-kiey Mulumba, contestent ouvertement le choix peu qualitatif de Shadary. Cependant, elle a l’intérêt stratégique de concerner la province du Maniema. Dans un pays qui vote fortement tribal, cette province de l’Est du pays est considérée comme « la chambre à coucher » du président Kabila. La mère du Président y est originaire, en plus d’une large partie des cadres du pouvoir congolais.
Guerre « dans la chambre à coucher » de Kabila
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La rébellion de Matata est d’autant plus dérangeant qu’elle pourrait coaliser avec celle de Modeste Bahati, puissant ministre congolais et allié du président, mais qui est également l’un des déçus du dauphinat. Bahati, tout comme Matata, incarnent en réalité une grande majorité de l’Est du pays, région cruciale pour les prochaines élections. Leurs pertes est une question de vie ou de mort pour le régime.
A Kindu, la guerre invisible a finalement éclaté au grand jour. Tout à coup, le gouverneur en poste, Jérôme Bikenge, part en croisade contre Matata Ponyo, dans un étrange dossier de taxes. Le 06 Octobre, l’ancien Premier ministre est allé jusqu’à se présenter comme un « justicier » contre des « taxes intempestives et illégales, tracasseries policières et administratives à des barrières érigées dans la ville de Kindu et qui s’apparentent à de l’extorsion dont sont victimes les populations du Maniema », accusant directement le gouverneur intérimaire de « marcher à l’encontre de la vision du chef de l’État qu’il représente dans cette province. »
Shadary contesté
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Réponse du berger à la bergère, le gouverneur Bikenge a sorti l’artillerie lourde, affirmant finalement disposer des preuves que Matata dénigrerait le dauphin du président. « Nous avons tous les supports électroniques de ce dossier et comptons vous les faire parvenir prochainement« , a-t-il fait savoir à la presse. Il annonce dans la foulée la poursuite de l’opération de recouvrement forcé des taxes.
A moins de trois mois de la Présidentielle, Emmanuel Ramazani Shadary qui a moins de chances de remporter une élection démocratique que le président Kabila lui-même, est placé autour de ce combat au coeur du pouvoir qui l’affaiblit encore un peu plus. Au pouvoir, on apprend surtout que le choix sur sa personne est resté dans la gorge de plusieurs cadres. C’est peut-être le début d’un grand chambardement.