Vers un crash électoral en RDC!

Répressions de manifestations, espaces politiques fermés, le candidat du pouvoir bénéficiant du soutien des institutions… les élections du 23 décembre prochain en République démocratique du Congo laissent présager une situation chaotique à venir.

«J’ai eu ce jour une séance de travail avec le candidat du FCC, Emmanuel Shadary pour réaffirmer l’appui des institutions provinciales à la marche vers la victoire [et] présenter les éléments du programme prioritaire version Nord-Kivu et cerner les prochaines étapes« , le message est du gouverneur de la Province du Nord-Kivu, dans l’Est du pays, une province clé pour les prochaines élections en République démocratique du Congo.

Le gouverneur Julien Paluku, qui promet ici le soutien des institutions provinciales au candidat du pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadary, à la prochaine présidentielle, vient non seulement de suggérer une violation grave des lois du pays, mais aussi concrétiser une intention claire du pouvoir: celui d’utiliser tous les moyens pour faire gagner son candidat à ces élections.

Déjà bien avant cette sortie, l’ancien ministre de l’Intérieur et actuel leader du PPRD bénéficiait maladroitement du soutien des institutions de l’Etat en faveur de sa campagne. M. Shadary a rencontré notamment à Kinshasa et en tête-à-tête le président sud-africain Cyril Ramaphosa, en visite au pays; avant de participer quelques jours après à un sommet officiel de la SADC en Namibie aux côtés du président Joseph Kabila, mais aussi étrangement accompagné du président de la CENI, Corneille Nangaa.

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Opposant écartés, manifestations réprimées, machine à voter imposée

La commission électorale justement, est également au centre des critiques appuyées tant des opposants que des associations de la Société civile et de l’Eglise catholique. La semaine dernière, elle s’est retrouvée de nouveau au coeur des critiques en invalidant des candidats de l’opposition, mais aussi en acceptant la candidature d’un homme politique pourtant condamné pour viol dans l’est du pays.

Plusieurs candidats majeurs de l’opposition ont été systématiquement écartés de la présidentielle. Après Moïse Katumbi, qui a été interdit de regagner le pays, l’opposant Jean-Pierre Bemba a vu sa candidature être invalidée par la CENI. Plusieurs autres candidats dont l’ancien Premier ministre Adolphe Muzito ont été écartés, à la suite des procédures douteuses. Félix Tshisekedi, candidat de l’UDPS, serait également dans les viseurs d’une invalidation.

Il y a également la question de la machine à voter. Toutes les parties, excepté le pouvoir congolais, dénoncent son utilisation au prochain scrutin. En 2017, des enregistrements audios d’une réunion de la majorité au pouvoir avaient été diffusés dans la presse, où on pouvait écouter le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, se féliciter que l’utilisation de la machine facilitera la victoire du candidat du pouvoir. Les Etats-Unis, la France, ou même l’ONU ont tour à tour dénoncé ces machines, alors que la CENI continue de faire la sourde oreille.

A moins de quatre moins de ces élections, la situation des libertés individuelles reste alarmante. Il est impossible de manifester dans la capitale congolaise contre le pouvoir sans se faire réprimer ou se faire arrêter. A Lubumbashi, des opposants sont traqués par la police. A Goma, dans l’est, et en ce moment même, une manifestation pacifique du mouvement citoyen LUCHA est réprimée. La situation démontre à quel point la transparence des prochaines élections est fortement menacée, avec un pouvoir qui tient à tout prix à faire gagner son candidat.

La rédaction

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