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Beni: le kidnapping, nouvelle arme de survie et de terreur de rebelles Maï Maï (ONG)

Dans son bulletin d’information du 07 mai 2018, le centre d’étude pour la promotion de la paix et de droits humains, Cepadho, structure documentant les violences à l’est de la RDC, indique que les miliciens Maï Maï sont actuellement à la base de l’anxiété et la terreur au sud du territoire de Beni.  

Selon le Cepadho, depuis quelques mois les Maï Maï y ont consolidé leur présence, voire dans certains quartiers périphériques du sud de la Ville de Beni. « Les habitants des groupements Buliki, Batangi-Mbau et Malio en secteurs de Rwenzori et Beni-Mbau ainsi qu’en chefferie de Bashu, au sud de Beni, vivent la peur au ventre » note l’organisation.

Ces rebelles seraient perceptibles en nombre important au cours des semaines dernières dans les villages de Vutungu, Pabuka et Mukondi en groupement Buliki en secteur de Rwenzori ainsi qu’à  Ndehengere au quartier Liakobo, périphérique de la  commune Beu en vill de Beni détaillent le document consulté par POLITICO.CD.

« Ils font parfois des mouvements entre Mata et Kalunguta en passant par Kabasha; des villages connus pour leur forte exploitation de ferme agricole, où se situe la ferme privée du président Kabila, également cible des attaques de ces rebelles. Les mouvements de ces rebelles dans ces contrées sont suivis de la terreur au sein des habitants.

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« La population choisit de garder silence et évite d’alerter les troupes de l’armée Congolaise pour ne pas s’attirer les représailles de ces hors la loi qui menacent de kidnapper ou de tuer ceux qui les trahissent« , informe l’ONG dirigé par l’activiste de droits humains Omar Kavota.

Des informations parvenues au Cepadho, les Maï Maï brillent par les cas de kidnappings des civils dans la zone. D’aucuns disent que c’est pour leur survie (besoin de rançon pour relâcher leurs victimes) ou pour asseoir la terreur qu’ils agissent ainsi fait remarquer l’organisation.

« Entre jeudi et samedi dernier, les may-may ont kidnappés 3 civils qui restent encore leurs otages. Même si jusque là ces kidnappeurs n’ont pas encore fait de revendication, d’aucuns pensent qu’ils ne tarderont pas à exiger des rançons en échange de leurs otages, étant donné que ces derniers sont en quête d’argent pour leur survie » note le bulletin d’informations en intégrant tous les détails sur les personnes enlevées.

Le CEPADHO alerte avoir appris qu’à certaines occasions dans la contrée, les Maï Maï tranchent des litiges entre civils dans la zone sous leur influence. Leurs sentences sont irrévocables, exécutoires et opposables à toutes les parties. « Parfois ils s’improvisent dans les affaires, parfois ils sont sollicités par l’une ou l’autre partie« .

Des Maï Maï qui règnent en maîtres

Profitant d’une faible présence de militaires des Forces Armées de la RDC, FARDC, dans cette partie, les miliciens Maï Maï règnent en maîtres et menacent de kidnapper les autorités  politico-administratives locales, les chefs coutumiers, les responsables de services de sécurité (ANR) ainsi que les propriétaires et les gérants de différentes fermes de la contrée. La plupart de ces personnalités fuient les villages, laissant la population dans l’incertitude explique le Cepadho.

Les rebelles Maï Maï exigent des bêtes (vaches et chèvres) ou des vivres à titre de ration alimentaire; à défaut ils pillent, ils kidnappent des civils de manière ciblées afin d’exiger des rançons en échange des otages.

« La plupart des cas ne sont pas dénoncés par les habitants par crainte des représailles des rebelles qui règnent à l’absence de toute autorité de l’Etat; quelques autres ne dénoncent pas par complicité tacite » s’indigne la structure de promotion de la paix et de droits humains avant d’ajouter: « Depuis la semaine écoulée, les médecins, les infirmiers, le personnel administratif de la zone de Santé, de l’hôpital général et du centre de santé de Kalunguta vivent dans l’anxiété la plus totale. Les Maï Maï menacent de venir kidnapper les uns ou les autres au cas où ces Structures traînent à leur envoyer une somme d’argent importante (par airtel-money). Les victimes promettent de fuir le milieu si les autorités ne leur garantissent pas la sécurité. »

Le Cepadho se dit très préoccupé par cette situation d’insécurité. Il en alerte le commandement des FARDC à tous les niveaux, la police nationale Congolaise, la MONUSCO (mission Onusienne) et le gouverneur de Province qui séjourne au Grand-nord.

L’organisation invite l’armée à se redéployer dans cette zone, à traquer ces miliciens et à assurer la sécurité des villages et agglomérations pour  que toute la population ne vide pas la contrée.

Le territoire de Beni reste parmi les zones les plus militarisées de la République Démocratique du Congo après la ville-province de Kinshasa, siège des institutions nationales.

Une présence armée y est plus dominante, avec des séjours prolongés de l’état-major général de Forces Armées de la RDC ou du commandement de la troisième zone de défense dans le cadre de la traque menée contre les rebelles Ougandais ADF depuis 2014.

Le site web spécialiste des informations sécuritaires et militaires Desc-Wondo avait indiqué que plus de 10.000 hommes étaient déployés dans la zone pour participer aux opérations militaires Sokola1 (nettoyage) qui visent depuis le 14 janvier 2014 les fiefs de la rébellion ADF, auteur de la mort de plus de 2000 personnes en quatre ans dans la région, explique les différentes structures de la société civile de Beni.

Début 2018 lors du lancement des opérations générales et généralisées de grande envergure contre les mêmes cibles ADF, le commandement des opérations Sokola1 avait annoncé l’arrivée de plus de 5.000 hommes supplémentaires.

À ces effectifs de militaires et policiers Congolais, il faut ajouter les milliers de casques bleus de la mission Onusienne et des éléments de la brigade d’intervention de l’ONU tous déployés dans le territoire de Beni, une, parmi les plus petites entités administratives de la province du Nord-Kivu.

« Le plus grand problème qui rend plus complexe notre mission dans la zone, c’est le relief et la végétation, constituée par une dense forêt et à laquelle se sont habitués pendant plus de vingt ans les rebelles » avait indiqué à Habari RDC en 2016, un commandant du contingent Népalais déployé à Beni.

Fiston MAHAMBA

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