La main tendue de Kabila à l’UDPS

Depuis un moment, le régime de Kinshasa a démontré son ouverture au plus vieil parti politique de l’Opposition congolaise, l’Union pour la démocratie et le progrès social (Udps).

Jadis connu comme l’un des partis politiques les plus radicaux de l’Opposition, l’Udps semblait être fragilisée depuis la mort de son leader charismatique Étienne Tshisekedi. Départ de ses membres, auto-exclusion, activités interdites, désaccords entre principaux animateurs sur certaines questions… tels étaient les signes qui, pour certains acteurs politiques proches de la Majorité présidentielle, présageaient de mort de l’UDPS avec son leader.

Début 2018, les observateurs de la scène politique congolaise ont convenu de la disparition de ce parti de l’Opposition congolaise par la saisine de la justice par l’aile dissidente dont le président est Tharcisse Loseke, bénéficiant du parapluie Tshibala. Losseke déclarait détenir toutes les autorisations de fonctionnement et voulait faire annuler le congrès organisé par l’aile Limete qui s’était engagée dans la voie de trouver un successeur au Sphinx.

Kabila met les signaux au vert pour le réveil du géant UDPS

À la grande surprise, la justice congolaise, pourtant qualifiée s' »inféodée au pouvoir » de Kinshasa, a prononcé un jugement en faveur du parti dirigé à l’époque par Jean-Marc Kabund. C’est de ce congrès que Félix Tshisekedi Tshilombo, va être proclamé vainqueur pour succéder à son père, alors qu’il était déjà plébiscité président de la plateforme Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, au lendemain de la mort de son père.

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De son côté, le Conseil national de suivi de l’accord de la Saint Sylvestre annonça la reconnaissance de l’Udps aile Limete. Cette structure dirigée par Joseph Olenghankoy, opposant aux côtés d’Étienne Tshisekedi, a demandé à Félix Tshisekedi d’ouvrir la voie au retour de frondeurs dont Tshibala en tête. « Joseph Kabila aurait pesé dans cette décision du CNSA » assure une source proche du dossier à POLITICO.CD.

La main tendue de Kabila a de nouveau été visible à travers les pourparlers menés par le bureau du nouveau conseiller spécial du cher de l’État en matière de sécurité. Ces discussions, bloquées sur fond de divergences, ont permis à la signature d’un accord le week-end dernier entre le gouvernement congolais, l’Udps et la famille Tshisekedi sur les obsèques de l’ancien Premier Ministre.

En début de la semaine en cours, un fait majeur a été à la une de la presse congolaise et dans les rues de la RDC. Pour une première fois depuis septembre 2016, Kinshasa autorise une manifestation publique. Alors que la répression des manifestations publiques de mouvements citoyens et du Comité laïc de coordination (CLC), une structure de l’Eglise Catholique, faisait planer un signe alarmant de la détérioration de l’offuscation de l’espace démocratique, le gouvernement est passé à la décrispation de cette matière constitutionnelle par le biais de l’UDPS.

Le prochain geste de cette approche de la Majorité présidentielle envers l’Udps reste encore une surprise. Mais dans les couloirs du Palais de la Nation, les bruits courent annonçant une mise en œuvre intégrale de prescrits de l’accord avec notamment la décrispation du climat politique et la nomination d’un Premier Ministre issu du Rassemblement, car l’actuel locataire de la Primature avait été contesté lors de sa nomination.

« Cette option n’est pas exclue par la Cenco, facilitateur des négociations du Centre interdiocésain, pourvu que les élections présidentielles aient lieu le 23 décembre » avait déclaré à POLITICO.CD l’abbé Donatien Shole, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO).

Un rapprochement, pas nouveau

L’actuel rapprochement entre l’Udps et la Majorité présidentielle n’est pas nouveau. Alors qu’approchait le terme de son deuxième et dernier mandat constitutionnel, le président Joseph Kabila avait dépêché ses émissaires (dont l’actuel directeur de cabinet à la présidence Néhémie Mwilanya Wilondja) à Ibiza, Venise et à Paris.

« Il y a un an, en mai 2015, l’inflexible Tshisekedi avait semblé plier devant les appels du pouvoir. Des négociations secrètes avaient été entamées entre des émissaires de la présidence et ceux de son parti. Alors que ces derniers se mettaient à discuter de postes ministériels dont ils se seraient attribués à l’issue de ces pourparlers tenus à Venise ou Ibiza, Etienne Tshisekedi avait fait volte-face, mettant subitement un terme à ces discussions« , avait écrit le journal Français Le Monde lors de ces négociations.

Cette alliance éphémère fut aussi totalement scellée lors de la naissance à Genval, à Bruxelles, avec notamment pour principal allié Moïse Katumbi, ancien bras droit de Joseph Kabila qui venait de rejoindre la lutte contre le maintien de Joseph Kabila au pouvoir au-delà du terme constitutionnel.

Fiston MAHAMBA

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