Affaire double nationalité : le dilemme cornélien de Moïse Katumbi

Quelle sera l’issue de l’affaire « double nationalité » de Moïse Katumbi ? C’est probablement la question qui domine l’opinion congolaise, imaginant un scénario dans lequel cette affaire disparaît de telle ou telle autre manière; ou un autre scénario où Moïse Katumbi est absent de la course présidentielle, écarté par la nationalité italienne qu’il aurait détenue pendant 17 ans.

Pourtant dans la forme, le courant n’est pas aussi violent pour noyer la candidature du « Chairman » comme l’a expliqué le Ministre de la justice, Alexis Thambwe Mwamba « Qu’Il appartient à M. Katumbi, s’il sait qu’il est dans cette situation, d’enclencher la procédure prévue par la loi pour recouvrer la nationalité congolaise ». Une procédure simple à priori : renoncer à sa supposée nationalité italienne, puis mener des démarches au ministère de la justice pour recouvrer sa nationalité perdue.

En croire les documents administratifs en circulation, une telle démarche n’a pris que 24 heures environ à l’ancien premier ministre Sammy Badibanga, lorsqu’il a du renoncer à sa nationalité belge pour recouvrer sa nationalité congolaise et exercer les fonctions de premier ministre congolais.

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Mais attention ! Le calme d’un courant d’eau peu bien en cacher sa profondeur. Si Moïse Katumbi accepte aujourd’hui qu’il a détenu la nationalité italienne pendant un temps, il aura à ses trousses la justice qui le poursuivra pour faut et usage de faux.

«Comment voulez-vous qu’un individu se sachant de nationalité italienne puisse se présenter devant nos bureaux pour avoir le passeport, la carte d’électeur? Tout ce temps qu’il a passé à la tête de la province (du Katanga), il se prévalait d’actes faux, de faux documents», a déclaré Flory Kabange Numbi lors de l’ouverture de l’information judiciaire sur la double nationalité de Moïse Katumbi.

Comme pour dire, s’il se vérifie et s’avère vraie que Moïse Katumbi a détenu la nationalité italienne concurremment avec la celle congolaise, il a donc violé l’article 10 de la constitution. En outre, pour avoir été considéré comme congolais tout en étant italien, Moïse pourra être poursuivi pour faux et usage de faux. Une infraction dont la peine temporelle varie de 3 mois à 5 ans pour le simple citoyen congolais, et peut aller jusqu’à 10 ans d’emprisonnement pour un agent de l’État comme ce fut le cas de l’ancien gouverneur Moïse Katumbi, et ce conformément aux articles 124, 125, 126 et 127 du code pénal congolais.

L’issue est loin d’être heureuse pour le candidat président déclaré Moïse Katumbi. Ses adversaires politiques qui tireraient les ficelles dans le noir comme le clament ses proches, peut-être, ont peut-être réussi à l’immobiliser dans sa lancée vers la présidence :

Si Moïse Katumbi, le candidat président d’ensemble accepte de lui même de renoncer à une nationalité italienne qu’il détiendrait, il pourra recouvrer sa nationalité congolaise prétendument perdue. Et une fois qu’il aura recouvrer sa nationalité congolaise, il aura la justice sur son dos. Mais son à ce niveau sera le mea-culpa, l’honnêteté, le courage d’affronter son passé.

Par contre, s’il reste droit dans ses bottes rejetant en bloc « les machinations des adversaires politiques » qui veulent nuire à sa carrière politique, cela n’empêchera en rien à la justice congolaise qui pourra sans doute marcher sur les traces de l’enquête journalistique de Jeune Afrique pour mener son enquête judiciaire et attester la thèse selon laquelle Moïse Katumbi a détenu concurremment la nationalité congolaise avec la nationalité italienne. Dans ce cas, non seulement Moïse Katumbi sera poursuivi pour faux et usage de faux, mais il aura aussi menti, évité son passé.

Cependant, dans un cas comme dans un autre, Moïse Katumbi n’a plus son destin à la présidence congolaise en mains.

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