Il est censé être en lune de miel, cet avocat de 38 ans que le magazine Jeune Afrique (juin 2014) classe parmi les 10 jeunes politiciens influents et émergents dans le continent africain. Après un mariage le 13 août dernier, cet assistant académique à la faculté de Droits de l’Université de Goma s’est trouvé à la tête de la bataille contre le retrait de passeports que tous appellent désormais « semi-biométriques » en République démocratique.
Le terme est à la mode et fait de lui un député « biométrique », très apprécié. Il doit tout de même cette situation à un certain Agée Matembo Toto, Vice-premier ministres aux Affaires étrangères et à la coopération régionale, qui s’est offert un tollé national en relayant la décision du gouvernement contre ces passeports.
A peine quelques heures ont suffi au député Munubu pour envahir le bureau du président de l’Assemblée nationale afin d’y déposer une « question orale avec débat », un procédé très connu dans l’hémicycle, qui vise à effrayer « juste un peu » l’exécutif. Mais c’était sans connaître l’élu du Nord-Kivu.
Merci à l'@UEenRDC d'avoir apporté de l'eau à mon moulin.J'attends la plénière de l'@AssembleeN et j'exigerai le retrait de cette décision https://t.co/2PkpMFDsse
— Juvénal MUNUBO (@juvenalmunubo) September 29, 2017
Pour la petite histoire, Juvénal Munubo commence sa vie politique dans la formation politique FONUS, dirigé par un certain… Joseph Olenghankoy. Il monte en échelons pour devenir, en fin décembre 2003, Président Fédéral du parti au Nord-Kivu. En janvier 2005, comme tout politicien congolais qui se respecte, il part chercher de l’herbe fraîche au Parti du Peuple pour la Démocratie et la Reconstruction (PPRD), où assume la charge du Chef du Département de Communication et Porte-parole du parti dans la province de Nord-Kivu.
Mars 2011, il retrouve la raison et adhère l’Union pour la nation congolaise (UNC). Le 28 novembre, il est élu Député National en Territoire de Walikale, dans la province du Nord-Kivu, et devient depuis un des fidèles de Vital Kamerhe.
"Prquoi retirer de la circulation un passeport encore valide? Prquoi transiger sur sa validité? "-JM sur @radiookapi pic.twitter.com/sAeueE3KR2
— Juvénal MUNUBO (@juvenalmunubo) October 3, 2017
Et donc, lorsque le vice-Premier ministre et ministre congolais des Affaires étrangères Léonard She Okitundu croit avoir fait le plus difficile en annonçant des mesures « feintes », histoire de faire passer la pilule, le farouche député congolais dit simplement niet! « Les Congolais n’ont pas besoin de palliatifs ou atténuations. Je ne demande autre chose que retrait de cette décision injuste. Je ne fléchirai pas devant des palliatifs… nous nous attendons au retrait de cette mesure du vice-ministre« , lance Juvénal Munubo du haut du pupitre de l’Assemblée nationale.
Il entamme une véritable tournée sur médias locaux pour mobiliser et faire entendre sa position, partagée par une majorité écrasante: que la mesure soit simpement retirée.
#RDC :#PasseportGate @juvenalmunubo Vs @DiplomatieRdc à l'@AssembleeN. Ns voulons des explications claires ou mieux la surséance d la mesure pic.twitter.com/QtyqiaJQax
— Patrick Muyaya (@PatrickMuyaya) October 2, 2017
Résultats des courses: She Okuntundu doit convaincre. Le chef de la diplomatie congolaise doit passer une fois de plus devant la représentation nationale pour s’expliquer de nouveau sur les décisions très « biométriques » adoptées à l’issue de son premier passage. Si le poids lourd de la majorité ne risque aucune déchéance, il lui faudra bien plus que quelques passements de jambes face à Munubu.
Natif de Misau, au beau millieu d’un territoire de Walikale gangrené par les Seigneurs de guerre qui se battent à coups de massacres pour exploiter les riches zones minières du coin, le député Juvénal Munubu incarne d’ores et déjà une réussite et un avenir politique qu’il faudra désormais suivre de près.
Le Congo n’a que des gouvernant de noms. Un gouvernement prédateur qui ruine son peuple. Cette décision impopulaire montre combien de fois Kabila (le dictateur) s’en foute de la situation précaire de la population.