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Les lamentations de l’Abbé Nshole

« Eh quoi! elle est assise solitaire, cette ville si peuplée! Elle est semblable à une veuve! Grande entre les nations, souveraine parmi les états, Elle est réduite à la servitude! » – Lamentations 1​:​1.

Donatien Nshole Babula. Un prêtre ordinaire. Qui passe son temps à enseigner la Parole. Depuis un certain dimanche 3 janvier 1993, où il a été ordonné prêtre à la paroisse Ste Croix de Bokoro. Parfois, il écrit même, comme son livre sur le sacrément du mariage.  Un bon matin, cet ancien professeur du grand séminaire régional de Kikwit est parachuté, certes mérité, 1er secrétaire général adjoint de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO). Nous sommes en juillet 2008, jusque-là, le parcours du doctorant de l’Université pontificale Urbanienne (Italie), n’est pas très connu. Et n’intéresse même pas POLTIICO.CD.

2016, la CENCO est sous les projecteurs. Le bras de fer Pouvoir-Eglise aussi. Malin, Joseph Kabila choisit alors de laisser à cette dernière la charge d’obtenir une « inclusivité » autour d’un accord politique. Cadeau empoisonné dans un environnement politique pléthorique, où tous s’opposent, sauf financièrement. Le 08 décembre, Donatien Shole prend la tête, avec son « Chef » Fridolin Ambongo, d’un long dialogue, monologue et même d’une catalogue entre pouvoir et oppositions.

Alors, évidemment, lorsque l’on est diplômé de la « dogmatique », côtoyer Joseph Olenghankoy et Lambert Mende ne peut que nous frustrer. Certes, le prêtre et sa CENCO tiendront. Au juste milieu, menaçant de plan A jusqu’à Z, pour obtenir un accord, pas très catholique toutefois. Le 31 décembre, la nuit même de la Saint-Sylvestre, les politiques s’accordent sur le partage du gâteau.

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Dans la foulée, l’Abbé Nshole aura sa part. Il est bombardé Secrétaire général. N’a-t-il pas tenu entre va-et-vients des sournois politiques? Il ne fallait pas du tout alors vendre la peau de ces ours. Janvier 2017. Avant même d’en arriver à célébrer Lumumba et Kabila père, l’Eglise, le peuple et l’Abbé déchantent. L’accord n’en était pas un. Du coup, Donatien Nshole sort son mur. Tel Jérémie à Jérusalem, les lamentations commencent.

Le 23 mars, l’Abbé Donatien Nshole, en pleins négoces, laisser exploser sa colère:  « Depuis plusieurs semaines, il n’y a que deux points qui bloquent. Où les uns et les autres paraissent encore intransigeants. Et devant cette situation, la médiation a fait des propositions concrètes pour avancer, mais c’est ne pas écouté…. Que’est-ce qu’on peut encore faire? Elle n’a que la parole, elle n’a pas les armes, elle na pas le fouet« , premier chapitre.

« Il faut être franc. Il faut jouer franc-jeu, il ne faut pas donner l’impression que l’on dialogue, alors que l’on ne veut pas dialoguer. Qui dit dialogue, qui dit négociation doit être prêt à des concessions. Mais si on est arrivé à ce stade où les uns et les autres ne savent même plus s’écouter, et surtout on ne sait même plus prendre en compte les sages propositions, ça signifie qu’il y a un autre agenda. ça signifie que l’on veut autre chose. N’oubliez pas que les évêques ne sont pas là pour attendre à résoudre les problèmes « , second chapitre.

Entre la soutane et les politiques

De gauche à droite, l’Abbé Donatien Shole et l’ancien ministre de Justice, Alexis Thambwe qui signe l’accord de la CENCO.

Quelques jours après, fatigués du piège Kabiliste qui se renferment allègrement sur eux, Fridolin Ambongo, président et son SG, décident de se rendre au bourreau même.  Le 29 mars, lorsqu’ils rencontrent enfin le président Kabila, les évêques avaient encore pris soin de ne pas suspendre complètement leur médiation. Une fin qui viendra finalement du Président, prenant les prêtres à contre-pied. Devant la situation, Donatien Shole et l’Eglise, tous aussi pointés du doigt par la population, les accusant d’avoir « joué le jeu du pouvoir« , en ciblant parfois leurs lieux saints, sont dépités. L’abbé poursuit alors ses lamentations.

La nomination du Premier ministre Bruno Tshibala? « Une ‘entorse à l’accord. » Le vrai Rassemblement? C’est celui de Félix Tshisekedi! Le 27 avril, les catholiques n’ont même pas pris part à la signature de l’arrangement particulier sous l’égide du Parlement congolais, prétextant « un événement plus important », chapitres troisième.

De ses lamentations sans fin, Donatien Shole remarque toutefois que le problème va au-délà de Kabila et du Pouvoir. « Si on avait une opposition digne de son nom, onne serait pas arrivé à ce stade. Si on avait une société civile digne de son nom, on serait pas arrivé à ce stade. Tout était préparé, c’est pourquoi il a fallu un dialogue pour essayer de résoudre le problème« martèle-t-il le 20 mai avec les jeunes sur l’implication de l’église catholique dans les enjeux politiques de la RDC; quatrième chapitre

« L’accord est là, et il indique que l’actuel président ne sera pas candidat, il souligne également qu’il n’y aura pas révision de la constitution ou référendum pendant la période transitoire. C’est ça l’essentiel pour nous« , le tout dernier.

Jéremie le prophète a conclu ses lamentations un appel: « Fais-nous revenir vers toi, ô Éternel, et nous reviendrons! Donne-nous encore des jours comme ceux d’autrefois! » dit-on dans l’avant-dernier verset de son livre.  Un appel que pourrait tout aussi faire le prête congolais, qui doit à présent flirter entre la soutane et la politique.

Litsani Choukran,
Le Fondé.

3 comments
  1. PLEUREZ SUR VOUS MEMES… IL NE RESTERA PAS QUE PIERRE SUR PIERRE…

    Cher POLITICOCD. J’ai parcourus votre posting. Une contribution. Conformément aux dispositions de l’Eglise Catholique, l’abbé Donat Nshole n’a pas été bombardé du jour aux lendemains secrétaire adjoint de la CENCO et la CENCO elle-même n’a fait que continuer dans sa mission de toujours d’être du côté du peuple (de Dieu), de dire la vérité, de dire le droit, le juste, le bon… Pour devenir Secrétaire de la CENCO, l’Eglise regarde le cursus honorum des candidats, et d’autres dispositions encore… L’abbé Nshole est plus : Docteur en théologie et professeur d’université… Puis, philosophe… C’est-à-dire comme nombreux prêtres catholiques et évêques, ils ont de têtes bien faites… Ils savent… Ils analysent… Ils voient… Ils entendent… Donc, ils ont parfois les yeux plus longs que ce que nous croyons…
    Le spectacle que nous vivons a comme nom : ma médiocrité… UN livre vient de paraître au Canada sous le titre « Les médiocres ont pris le pouvoir ». La CENCO nous a encore démontré que nous avons des médiocres… Ils le savent… Nous le savons… le monde le sait…
    Ce n’est pas la première fois que l’Eglise et ses prélats sont ainsi entre le marteau et l’enclume. Certains y payent même leurs vies. La liste est longue. Mais, lorsque sonne le glas, c’est encore vers la même Eglise que tous nous recourons. Et elle, conformément aussi à sa mission, ne nous femera pas ses portes.
    Les lamentations de l’abbé Donat Nshole ?… Je ne crois pas. C’est Jésus qui le prévient : pleurons sur nous-mêmes et sur nos enfants… Et sur Jérusalem, il dit qu’il ne restera plus aucune pierre…
    Le vrai problème est que nous ne méditons plus, nos hommes au pouvoir non plus, nous de la presse ne rappelons plus ces choses-là. Alors, le peuvre commun des mortels est pris entre le marteau et l’enclume.
    Pour le reste, la conférence du 20 mai 2017 n’est pas une initiative de l’Eglise Catholique. Elle fut invitée comme le furent les autres mouvements qui ont pris parole. Le Centre Nganda ne fut qu’un centre parmi tant d’autres qui aurait pu être choisi…
    Merci pour le travail combien difficile que vous abbattez… Mais, continuez à donner la parle aux voix du silence… Continuez à interroger ceux qui n’ont pas droit au chapitre…
    Pour le reste, on est ensemble…
    Posons-nous la question : pourquoi doit-on s’attaquer aux églises et aux infrastructures de l’Eglise qui nous appartiennent, qui nous ont formé, qui nous forment, qui nous soignent, qui font de nous des hommes ?…
    Le problème est ailleurs… Personne n’a les yeux et les oreilles dans les poches… Comme on le dit en latin : « norris nos » (nous nous connaissons).

  2. Certains ecriventd des articles pour plaire a une certaine classe politique, ils pensent ainsi se moquer des autres. Mais helas, les seules institutions qui semblent marcher au pays malgre la crise, sont celles dirigees par la CENCO. S’ils y parviennent, c’est parce qu’ils ont de tetes bien faites. Rares sont les eveques mediocres…mais c’est plutot dans notre classe politique qu’on trouve des gens qui n’ont de politicien que le nom, de gens sans cosncience, sans education, des drogues tous sont la. L’abbe ne se lamente pas, il ne fait que reprendre ce qui est repris dans les accords, comme par exemple Kabila ne sera plus candidat a la presidence ou encore le referendum est exclus dans cette periode de transition…est ca une lamentation? Nous avons besoin de journalistes professionels et non de flatteurs aux analyses biaisees teintees d’amateurisme et de manque d’ethique…

  3. La RDC n’a pas de presse capable de jouer son rôle. Comme les journalistes n’arrivent pas à vendre leurs journaux, ils ont recours aux soi-disant politiciens qui les financent. Ces politiciens écrivent des articles qu’ils remettent aux journalistes pour la publication. Le quotidien « L’Avenir » est le prototype. Je pense que le clergé catholique devrait se ressaisir. Il s’est fait piéger par Kabila qui recherchait l’inclusivité pour se maintenir au pouvoir. Mal acquis, ce jeu de Kabila va lui revenir au visage comme un boomerang un jour. Si l’abbé Nsholé fait des lamentations, où est le problème? C’est quelqu’un qui a cru en l’homme mais il a été déçu. Il ne pouvait pas s’attendre à ce que de grands hommes politiques, ou des professeurs d’université soient si bas pour soutenir un homme en fin de mandat et qui a prouvé son incapacité à hisser le pays sur le rang des pays qui s’organisent. Cela ne peut qu’obliger quelqu’un à se lamenter et à chercher la face de Dieu. Qui a créé le congolais? Est-ce le même Dieu qui a créé les burkinabè, les sud-africains, les rwandais, les belges, les ghanéens?

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