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TRIBUNE – Contre l’humiliation du Président Joseph Kabila

Par Léon ENGULU III, Coordonnateur adjoint du Mécanisme National de Suivi, Chargé du Suivi et de l’Evaluation

Dans ma tribune du 23 janvier 2017 intitulée : « Accord de la CENCO, Pourquoi ça bloque », publiée par Politico.cd, je proposais une analyse comparée de l’Accord politique pour l’organisation d’élections apaisées, crédibles et transparentes signé le 18 octobre 2016 sous la facilitation de l’ancien Premier ministre Togolais Edem Kodjoo, désigné par l’Union africaine et accompagné d’un Groupe de soutien international (ONU, UA, UE, OIF, SADC, CIRGL), dit Accord-UA ou Accord-Kodjo, et de l’Accord politique global et inclusif du Centre interdiocesain de Kinshasa du 31 décembre 2016, dit Accord-CENCO ou Accord de la Saint-Sylvestre.

Pour rappel, l’Accord-Kodjo, convoqué sur la base de la résolution 2277 du Conseil de sécurité comprend douze articles essentiellement consacrés au bon déroulement du processus électoral. Cet accord a conduit le 17 novembre 2017 à la nomination de Samy Badibanga, Président du groupe parlementaire UDPS et alliés, au poste de Premier ministre.

Je relevais dans ma tribune que « L’Accord-CENCO apporte des innovations intéressantes et insiste sur les garde-fous mais il présente le défaut d’avoir intégré une dimension politique qui relève de la logique institutionnelle dans un accord dont la substance devait demeurer technique et spécifiquement électorale». Quant à l’Accord-Kodjo, conclu sous l’égide d’une solide facilitation internationale, il ne pêchait que par son manque d’inclusivité. Je fus donc le premier à réclamer une reprise du dialogue pour plus d’inclusivité, saluant l’initiative du Président Joseph Kabila de confier une mission de bons offices à la CENCO.

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Cette mission n’a malheureusement pas abouti de manière satisfaisante et, pour les raisons que j’ évoquais dans ma tribune du 23 janvier, a conduit à un blocage de la mise en œuvre des deux accords.

Initialement la mission confiée aux Évêques de la Commission Épiscopale Nationale du Congo n’était pas la conclusion d’un nouvel accord pour le bon déroulement du processus électoral mais bien la recherche d’une plus grande inclusivité entre acteurs politiques et sociaux Congolais. Ceci ressort clairement du préambule de l’Accord-CENCO qui met en présence les signataires de l’Accord-Kodjo avec le Rassemblement, le Front pour le respect de la Constitution et la société civile, parties non signataires de cet accord conclu sous les auspices d’une facilitation internationale conformément à la résolution 2277 du Conseil de sécurité.

Ainsi le chapitre trois de l’accord-CENCO relatif au fonctionnement des institutions confie la Primature à l’opposition non signataire de l’Accord-Kodjo, alors même que cet accord, conclu sous facilitation internationale de haut niveau, a déjà produit ses effets à travers la composition d’un gouvernement devant conduire le pays aux élections sous la coordination de Samy Badibanga, député national élu sur la liste de l’UDPS, la principale force de l’opposition parlementaire.

Étrangement, le Groupe de soutien international qui avait renouvelé à plusieurs reprises son appui au facilitateur Edem Kodjo a gardé le silence face à cette nouvelle approche de la conduite de la période de transition, que j’appelle période de dépassement technique des mandats, alors que rien ne justifie fondamentalement la remise en question du choix porté par le Président Joseph Kabila sur la personne de l’opposant Samy Badibanga, déjà à pied d’œuvre.

A l’analyse, l’Accord-CENCO, perdant de vue la finalité électorale du dialogue politique, consacre le diktat de personnalités politiques se substituant aux élus et à la représentation parlementaire pour imposer au Président Joseph Kabila la désignation d’un Premier ministre en dehors de toute logique institutionnelle. Les Évêques n’avaient pas pour mission de s’éloigner de l’Accord-Kodjo en faisant la promotion de personnalités qui remettent en cause la qualité de chef de l’État de Joseph Kabila ou qui cherchent à l’humilier en l’obligeant à revenir sur sa signature. Au cours des négociations du Centre interdiocésain la Majorité Présidentielle a eu le grand tort d’accepter une remise en question de la nomination de Samy Badibanga, Joseph Kabila étant irréprochable sur ce point.

De gauche à droite, l’Abbé Donatien Shole et l’ancien ministre de Justice, Alexis Thambwe qui signe l’accord de la CENCO.

En conduisant les débats hors des balises de l’Accord-Kodjo les Évêques ont minimisé les compétences des participants au dialogue de l’Union africaine, laissant croire à l’opinion que les parties non signataires de l’Accord-Kodjo avaient plus de mérites. Les absents ont toujours tort, et les retardaires ont eu le grand tort de refuser de participer au dialogue de l’Union Africaine couvert par une facilitation internationale, l’Accord-Kodjo ayant déjà rappelé l’impossibilité constitutionnelle d’un troisième mandat.

Les complications apportées par l’Accord-CENCO laissent poser la question suivante : en quoi les parties non signataires de l’Accord-Kodjo seraient-elles plus sérieuses que les participants au dialogue de l’Union africaine, étant entendu que si elles considèrent que Joseph Kabila n’a plus de légitimité, elles peuvent attendre son départ conformément à l’Accord-Kodjo, conclu sous garantie internationale, plutôt que d’accepter de travailler avec ce dernier. Il y a en effet une grande inconséquence à réclamer le partage des postes et du pouvoir à un chef de l’État considéré comme illégitime.

En effet Joseph Kabila n’est pas une simple personne en face de ses adversaires politiques, il est le Président de la République, Chef de l’Etat, qui a invité les forces politiques et sociales au dialogue politique demandé par le Conseil de sécurité des Nations Unies et, conformément aux douze articles de l’Accord-Kodjo, a nommé Samy Badibanga au Poste de Premier ministre, fort de ses prérogatives constitutionnelle. On ne peut reprocher à Joseph Kabila, une fois l’Accord-Kodjo signé, d’avoir pris ses responsabilités en confiant la Primature à la principale force de l’opposition parlementaire, l’UDPS.

A ce stade, alors que la CENI compte déjà plus de 15 millions d’enrôlés avec l’appui de la MONUSCO et que le processus électoral va bon train, les Congolais ne souhaitent pas le remplacement de Samy Badibanga par une personnalité qui n’apportera rien de plus. Les Congolais attendent du Président Joseph Kabila et de son Premier ministre un faisceau de mesures gouvernementales portant sur l’allègement des coûts des soins de santé dans les hôpitaux publics, le gel du payement du minerval dans le primaire, l’assainissement de Kinshasa encombrée de détritus suite à une gestion provinciale calamiteuse, l’encouragement des classes moyennes par la réduction des taxes et l’harmonisation de la réglementation fiscale, la relance urgente du secteur agro-industriel face à la morosité persistante du secteur minier, le payement de la dette intérieure pour assurer la relance des investissements nationaux et la reprise de l’emploi, la suppression de la TVA compte tenu de la faiblesse de la production nationale, la prise de sanctions sévères contre les détourneurs des deniers publics et la consolidation de l’autorité de l’Etat dans les zones affectées par les conflits. Les Congolais ne demandent pas un énième remue-ménage gouvernemental mais l’activation des services publics et des mesures pour le soutien aux plus démunis.

Ce qui semble être désormais une instrumentation du dialogue politique de la CENCO imposant à Joseph Kabila de quitter la logique institutionnelle pour collaborer avec des gens qui ne représentent qu’eux-mêmes risque de conduire le pays à une fragmentation chaotique. La CENCO ne devait pas quitter le balisage de l’Accord-Kodjo, d’un haut niveau technique, pour remettre en cause la qualité de Chef de l’Etat de Joseph Kabila en lui imposant une sorte de dyarchie non prévue par la Constitution, le sommant sans autre forme de procès de nommer un nouveau Premier ministre qui aurait été désigné par une lettre testamentaire.

La scène politique, et il faut le rappeler aux Évêques, est un champ de bataille dont les règles sont fixées par la Constitution. Les participants au dialogue du Centre interdiocésain ne forment pas une constituante poursuivant l’objectif de jeter bas les institutions de la République ou de remettre en question les prérogatives des élus. Imposer à Joseph Kabila de revenir sur sa décision de nommer Samy Badibanga à la Primature à la suite de la conclusion d’un accord politique supervisé par la communauté internationale constituerait une tentative d’humiliation inacceptable de celui qui incarne la puissance publique en sa qualité de chef de l’État. La recherche de l’inclusivité autour de l’Accord-Kodjo ne peut avoir conduit à une remise en question du choix de Joseph Kabila sur la personne de Samy Badibanga.

La CENCO et les participants au dialogue du Centre interdiocesain ne peuvent perdre de vue le caractère institutionnel du fonctionnement de l’Etat. La menace par certains partis politiques d’un recours à la rue pour intimider les animateurs institutionnels ou la menace de l’application d’un énigmatique « plan B » ne doit pas faire reculer les pouvoirs publics institués.

La stabilité future de la République démocratique du Congo passe par le respect des institutions et de leurs animateurs, et ce malgré les faiblesses d’un État post-conflit qui n’a pas été financièrement et techniquement capable de respecter les échéances électorales, nécessité étant faite suivant le Conseil de sécurité des Nations Unies d’organiser pour la première fois un cycle électoral complet hors de portée du Budget de la RDC.
Dans le cadre du dialogue en cours au Centre interdiocésain la reconnaissance de l’autorité qui nomme conformément à la Constitution doit s’imposer comme une évidence.

Certes, pour l’avenir, dans une RDC sortie progressivement du spectre de la fragilité grâce à l’appui de ses partenaires et une volonté nationale affirmée, il faudra prévoir des mécanismes budgétaires assurant la tenue effective des scrutins électoraux à due date ainsi que des sanctions pénales dans le cas contraire.

Pour l’heure, les institutions de la République doivent mobiliser les énergies pour la réussite du processus électoral, afin de permettre un affrontement citoyen des différents projets de société, dans le respect des prérogatives des élus et de la souveraineté du peuple.

8 comments
  1. Trop long et rien d interessant.cherchez plutot à sauver la republique ke rechauffer les esprits.faut pas perdre d vu ke ou ns sommes aujourd’hui c à cause d la non organisation des elections par Kabila.du reste il doit etre humble en reconnaissant cela et faire ce ke veut le peuple.organiser le plus tot possible les elections Avec la participation d tous.si non c donner un cadeau à un eleve Ki a echoué

    1. si le peuple a un peu de retenu c’est grâce à cet accord de la CENCO alors ne nous plonger pas dans la distraction et le verbiage inutile qui ne change rien que Dieu assiste et inonde les coeurs des opposants et du rassemblement à l’amour du prochain et au sens du patriotisme le plus élévé. surtout au sens du devoir que de droit

  2. La recherche de la chikwangue pousse aussi à écrire pcq l’on doit meubler le temps. JKK a déjà Atundu et Mende pour le verbiage inutile.

  3. « Les Congolais attendent du Président Joseph Kabila et de son Premier ministre un faisceau de mesures gouvernementales portant sur l’allègement des coûts des soins de santé dans les hôpitaux publics, le gel du payement du minerval dans le primaire, l’assainissement de Kinshasa encombrée de détritus suite à une gestion provinciale calamiteuse, l’encouragement des classes moyennes par la réduction des taxes et l’harmonisation de la réglementation fiscale, la relance urgente du secteur agro-industriel face à la morosité persistante du secteur minier, le payement de la dette intérieure pour assurer la relance des investissements nationaux et la reprise de l’emploi, la suppression de la TVA compte tenu de la faiblesse de la production nationale, la prise de sanctions sévères contre les détournements des deniers publics et la consolidation de l’autorité de l’État dans les zones affectées par les conflits. Les Congolais ne demandent pas un énième remue-ménage gouvernemental mais l’activation des services publics et des mesures pour le soutien aux plus démunis. » Vous vous moquez des gens, du peuple congolais. Vous allez faire en moins de 10 mois ce que vous n’avez pas pu faire en 10 ans mieux ce que vous étiez incapables de faire en 10 ans.

  4. La scène politique, et il faut le rappeler aux Évêques, est un champ de bataille dont les règles sont fixées par la Constitution. » Mais de quelle constitution parlez-vous ?

  5. Cet auteur est-il sérieux?? Il vit sur quelle planète? Est-il journaliste ou chroniqueur? En tout cas, je dirais que son analyse est bidon, il a encore beaucoup à apprendre de la classe politique Congolaise. Son penchant vers le fanatisme est très clair dans ses écrits.

  6. C’est bon de défendre son camps mais en voyant la réalité en face. En signant l’accord, tes amis de la majorité au pouvoir ne savaient pas qu’ils étaient tenu au respect et à l’application de cet accord? Tu cherches seulement à garder les avantages que tu tires du gouvernement Badibanga au détrument de la misère de tout un peuple

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