Deux mois après le meurtre du député national Chérubin Okende, le résultat des enquêtes pour déterminer les circonstances de l’assassinat n’a toujours pas été divulgué. Pour des raisons d’enquêtes, le corps est entre les mains de la justice. C’est ce qui suscite les inquiétudes de la famille du défunt qui a saisi le parquet de grande instance.
À travers cette note rendue publique ce mardi 19 septembre et dont une copie est parvenue à POLITICO.CD, les avocats de la famille de l’ancien ministre des Transports de la RDC, ont saisi le procureur du parquet de grande instance de Kinshasa pour exprimer leurs inquiétudes quant à « lenteur » des enquêtes censées élucider le contexte dans lequel Chérubin Okende a été tué. La famille sollicite connaître l’évolution du dossier à l’issue de l’autopsie réalisée depuis un mois.
« À part quelques sorties médiatiques inappropriées du ministère public sur les circonstances de la mort, dénoncées dans nos précédentes lettres du 24 et 27 juillet 2023, la famille s’est, à chaque fois, butée au cours de nos entretiens au fameux principe du secret d’instruction en phase inquisitoriale, du reste, déjà violé plusieurs fois par le procureur général près la Cour de Cassation », peut-on lire dans la correspondance dont une copie est transmise au président de la République, au président de l’Assemblée nationale, au gouvernement, aux enquêteurs venues de la Belgique, de la France, de l’Afrique du Sud et de la Monusco.
Par la même note, la partie de la victime se demande « si elle ne se trouve pas en présence d’une affaire non élucidée ». Elle s’inquiète que certaines pistes qui devraient être exploitées fassent l’objet des sorties médiatiques des autorités politiques dans le but de les discréditer.
« Pour vous en convaincre, les révélations faites par Jeune Afrique et ses suites en sont une illustration parfaite », renseigne la note signé Me Laurent Onyemba, Me Blaise Lunda, Talos Emanonge, conseillers juridiques de la famille de celui qui était le porte-parole de l’Ensemble pour la République de Moïse Katumbi.
Encore se demandent-ils : « le parquet ne serait-il pas déterminé à faire la lumière sur les circonstances de cette mort tragique » ? Ils craignent que le silence et la lenteur ne s’inscrivent dans la logique de rendre ces enquêtes indéterminées, indéfinies voire impossibles dans un dossier considéré sensible.
Certaines inquiétudes portent notamment sur l’autopsie du corps réalisée par la police légiste. À ce sujet, la famille se demande si les résultats ne sont toujours pas en la possession du parquet instructeur qui, de ce fait, peinerait à orienter les enquêtes. Car ils avancent qu’au cours de leur dernier entretien, ces résultats étaient imminents et qu’il ne resterait que ceux des experts de la Monusco.
« Où en sommes-nous à ce jour ? Qui est ce destinataire-inconnu bénéficiaire de ce rapport d’autopsie ? », s’interrogent-ils dans la plainte.
Le deuil prolongé est devenu « insoutenable » pour la famille, même si elle veut rester vigilante aux conclusions de ladite autopsie. D’après les avocats, la famille n’est plus loin à se faire une opinion que le parquet n’arrivera pas à élucider cette « tragique affaire » auquel cas elle poursuivra la vérité devant d’autres instances internationales.
Odon Bakumba
