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RDC: ce que la LUCHA reproche à Tshisekedi

Le mouvement citoyen, Lutte pour le changement (LUCHA) a rendu public son rapport dénommé « Fatshimetrie », sur la gestion du pays par le régime Tshisekedi.

Pour ce mouvement citoyen, l’année 2022 a été marquée par une gestion qui, selon elle, a enfoncé encore la RDC dans sa crise. Les inquiétudes, pour cette structure citoyenne, sont grandissantes compte tenu des enjeux liés à l’aspect sécuritaire, à la souveraineté de l’État mais surtout aux élections qui pointent à l’horizon.

Dans son rapport, la LUCHA rappelle qu’en tant que garant du bon fonctionnement des Institutions conformément à l’article 69 de la constitution, Félix Tshisekedi a un rôle majeur à jouer dans la préservation de la paix, de l’unité nationale et la concorde. Elle allègue que les élections sont au cœur de la démocratie et demeurent le principal moyen par lequel les citoyens exercent leur droit de participer aux affaires publiques d’une part et à travers lesquelles, les politiques accèdent au pouvoir d’autre part.

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Pour garantir ce droit, ce mouvement citoyen estime utile qu’un climat propice au respect des droits de l’homme et à leur exercice par tous, en particulier les droits à l’égalité et à la non-discrimination, à la liberté d’opinion et d’expression, à la liberté de réunion pacifique et d’association, à la sécurité et à un recours utile.

« La volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics », indique ce mouvement qui précise par ricochet que « cette volonté doit s’exprimer par des élections transparentes, inclusives et crédibles » .

« Aussi, le président a l’obligation de veiller à ce que le processus électoral soit apaisé, inclusif et non discriminatoire. Tout discours de haine, de division, raciste, ségrégationniste doit être banni et sanctionné spécialement durant les périodes électorales », peut-on lire dans ce rapport.

Il faudrait au Président Tshisekedi de répondre aux exigences de la classe politique et de la société civile quant à la régularité, la transparence, la crédibilité et l’inclusivité du processus électoral en cours, afin de mettre fin aux crises récurrentes de légitimité qui ont des conséquences graves sur notre sécurité et notre souveraineté. L’espace politique et civique doit être ouvert et permettre que les parties prenantes aux dynamiques électorales et politiques puissent avoir accès aux médias publics et mener leurs
activités sans aucune restriction.

Des mesures sécuritaires inefficaces, coûteuses et dangereuses

Pour la LUCHA, les mesures sécuritaires prises par Félix Tshisekedi « se sont avérées inefficaces, coûteuses et dangereuses », car elles n’ont pas permis de protéger ni les Congolais moins encore leur territoire et n’ont pas réduit la capacité de nuisance des groupes armés nationaux et étrangers. Pire encore, elles mettent en danger la souveraineté et l’existence même de l’État congolais, pervertissent davantage l’armée, consacrent l’impunité et étendent la violence aux zones qui étaient jadis paisibles. Ce ne sont pourtant pas les propositions qui manquent à
la République. La LUCHA a depuis longtemps formulé des recommandations pour endiguer les violences armées dans l’Est de la RDC.

Levée de l’état de siège, réduction du train de vie, réforme des services sécuritaires

Par conséquent, cette structure de la société civile recommande la levée de l’état de siège et le rétablissement des autorités et des institutions civiles afin que tous les militaires s’occupent et se concentrent sur la défense du pays plutôt que de s’investir dans la politique et le business juteux. Pour satisfaire la Lucha, Félix Tshisekedi devrait également « réduire drastiquement le train de vie des institutions et affecter les moyens économisés à l’effort de guerre et à l’assistance humanitaire des populations les plus vulnérables dans l’Est du pays et s’assurer que les moyens mobilisés servent à leur fin et soient gérés avec bonne orthodoxie des finances publiques ».

Pour assumer efficacement leurs missions, le régime Tshisekedi est appelé à amorcer le processus d’assainissement et réforme de l’armée et de la police nationale congolaise afin de rendre ces deux services républicains, professionnels, dissuasifs et capables. Il faudrait, en marge, relever l’ex M23 Tommy Tambwe des fonctions de coordonnateur national pour nommer des animateurs crédibles et mettre en œuvre le P DDRCS afin de donner une porte de sortie sûre aux combattants qui déposent les armes.

Un tribunal spécial pour juger les crimes de guerre locaux et étrangers

La violence en RDC, surtout dans sa partie orientale, est atroce. C’est dans la province du Nord-Kivu précisément où la situation paraît plus déplorable notamment avec l’agression du Rwanda, couvert par les terroristes du M23, alerte la LUCHA.

Pour ce faire, elle exige de saisir sans délai les Nations Unies afin de demander la création d’un tribunal pénal spécial pour la RDC ou d’un mécanisme internationalisé équivalent, devant juger les principaux auteurs congolais et étrangers des crimes graves commis en RDC depuis 1990, y compris ceux documentés par le rapport mapping de 2010.

Ces guerres, au cours des dernières décennies, ont coûté la vie à des milliers des Congolais et provoqué des déplacements massifs de ceux-ci, qui finissent baignant dans une précarité de vie humainement invivable. A cet effet, une mobilisation de tous les moyens possibles est recommandée pour apporter une assistance humanitaire substantielle aux 4,86 millions de déplacés internes et mettre en œuvre un programme d’allégement fiscal et de relèvement économique dans les zones marquées par les conflits et la violence.

Faire la promotion de l’état de droit et mener des fortes actions diplomatiques

Pour la LUCHA, l’hégémonie de la mégestion tshisekediste s’est élargie même en politique et qu’en diplomatie.

D’après elle, en 2022, comme les années précédentes, le Président de la République s’est illustré dans une stratégie assumée et consolidée de contrôler d’une main de fer les autres institutions à la fois d’appui à la démocratie et judiciaire que parlementaire. Il est appelé à assurer l’indépendance de ces dernières pour le renforcement de la démocratie et de la régulation de celle-ci à travers les contre-pouvoirs et le contrôle parlementaire. Il doit, en outre, promouvoir un État de droit basé sur le respect des droits et des libertés fondamentaux des citoyens.

Par ailleurs, la LUCHA a appelé Félix Tshisekedi à mener des fortes actions diplomatiques à l’international pour que le pays agresseur, le Rwanda soit sanctionné par le conseil de sécurité des nations unies ainsi que les États africains et ses organisations. Dénonçant ce qu’elle qualifie de duperie diplomatique des États de l’AEC, la LUCHA pense que la RDC devrait se retirer de cette organisation régionale et se concentrer sur son organisation interne et ou reconsidérer ses atouts au sein de la SADC, son allié traditionnel.

La LUCHA ne semble pourtant pas oublier la venue du souverain pontife en RDC entre fin janvier et début février de l’année en cours, ainsi que des avantages qui en ont suivi.

A ce titre, il appelle le gouvernement à capitaliser le dividende de cette visite et faire avancer son agenda à l’international, car, c’est dans cette logique, révèle-t-elle, que le Président Tshisekedi s’activait pour que le plan de retrait progressif de la MONUSCO soit effectif d’ici fin 2023, d’une part, et qu’au prochain 30 juin, le roi Belge présente des excuses officielles aux Congolais pour les crimes et les violations graves de droits humains commis sur le sol congolais durant la colonisation, d’autre part.

Odon Bakumba

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