20 millions € de l’EU à l’armée rwandaise : ACAJ invite l’Union Européenne à s’abstenir de tout acte qui encourage la déstabilisation et la balkanisation de la RDC

L’adoption par le Conseil européen d’une mesure d’assistance d’un montant de 20 millions d’euros en soutien de la poursuite du déploiement des forces de défense rwandaises (RDF) dans la province de Cabo Delgado au Mozambique, continue de susciter le tollé au sein de l’opinion congolaise.

Dans une déclaration faite ce samedi, l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) dit être « profondément surprise » par cette décision de l’UE octroyant à l’armée rwandaise un appui financier évalué à 20 millions d’euros.

Et pourtant, note cette organisation de défense de droit de l’homme, en rapport avec la déstabilisation dans l’Est de la RDC, un rapport des experts de l’ONU désigne formellement le Rwanda comme État soutenant militairement et financièrement le M23, mouvement terroriste dont le chef Sultani Makenga est sous sanctions du gouvernement américain et des Nations Unies.

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L’ACAJ estime que « la temporalité choisie pour cette allocation interroge sur les véritables intentions de l’UE en rapport avec l’agression injustifiée dont la RDC est victime ».

« En effet, cet appui financier se réalise à un moment où le Rwanda, à travers le M23, a décidé de faire fi de la mise en œuvre effective du calendrier contraignant des actions prioritaires en vue de la cessation des hostilités et du retrait immédiat du M23 de toutes les localités congolaises occupées tel que décidé par le Mini-Sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement, tenu le 23 novembre 2022, à Luanda, République d’Angola, sur la paix et la sécurité dans la Région Orientale de la RDC », fistuge cette organisation dirigée par Georges Kapiamba soutenant que « ce soutien actif aux RDF contraste avec l’embargo et les sanctions décrétés par l’UE à l’encontre de la Russie pour agression contre l’Ukraine ».

Par ce geste qu’elle qualifie de « malencontreux », l’ACAJ souligne que « l’UE démontre que porter atteinte à l’intégrité du territoire de l’Ukraine, un pays européen, et de surcroît à une vie ukrainienne constitue un crime abominable; alors que lorsqu’il s’agit d’un pays africain dont l’intangibilité des frontières est violée et les populations massacrées dans l’indifférence internationale, le bourreau peut continuer à bénéficier de la mansuétude de l’UE pour lui permettre de parachever son entreprise criminelle en RDC ».

Dénonçant une politique de deux poids, deux mesures, le président de cette ONG, Me Georges Kapiamba est d’avis que « celle-ci nuit gravement à la crédibilité de l’UE et renforce la perception que les congolais ont d’une collusion entre l’Occident et les forces hostiles dont le Rwanda n’est que la partie émergée de l’iceberg ».

Ainsi, l’ACAJ a invité la première institution européenne à s’abstenir de tout acte s’apparentant à une caution en faveur de la déstabilisation et de la balkanisation de la RDC. Aussi, l’ACAJ demandé à l’EU de condamner sans réserve l’agression dont la RDC est l’objet de la part du Rwanda et à soutenir les efforts de paix entrepris dans la sous-région aux fins de rétablir la paix en RDC afin d’éviter le risque de nourrir et d’étendre le sentiment anti-européen actuellement perceptible dans plusieurs pays africains.

20 millions € aux RDF sans un engagement préalable et un retrait de son soutien au M23 est inacceptable

Depuis l’annonce de cette décision, plusieurs voix se sont levées pour déplorer le soutien de cette institution européenne à l’armée rwandaise accusée de soutenir le M23, un mouvement terroriste auteur de plusieurs exactions et crimes de guerre dans le Nord-Kivu.

Pour Maria Arena, députée européenne Belge, décider de débloquer 20 millions d’euros en soutien à l’armée rwandaise sans lui demander un engagement préalable et un retrait de son soutien au M23 est inacceptable.

Elle a soutenu que l’appui à une armée responsable de graves violations des droits humains, massacres de masse et recrutement forcé d’enfants n’est pas justifiable pendant que la crise sécuritaire et humanitaire ne cesse de s’aggraver à l’Est de la RDC.

« Nous n’acceptons pas que l’UE soit indirectement responsable de l’instabilité en RDC », a-t-elle martelé avant d’appuyer que « les financements devraient soutenir la poursuite des responsables des violations dans le cadre de la justice nationale et internationale ».

La mesure d’assistance adoptée ce jour vient compléter l’aide d’un montant de 89 millions d’euros accordée aux forces armées mozambicaines, ainsi que la mission de formation de l’UE (EUTM) au Mozambique et les 15 millions d’euros accordés au titre de la mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe (CDAA) au Mozambique (SAMIM).

La mesure d’assistance permettra l’acquisition d’équipements collectifs et individuels et couvrira les coûts liés au transport aérien stratégique nécessaire pour soutenir le déploiement rwandais à Cabo Delgado qui a débuté en juillet 2021 à la demande des autorités mozambicaines, en réaction à la lutte actuellement menée contre le terrorisme.

Carmel NDEO

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