La tension est de nouveau monté d’un cran entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda. En effet, Kinshasa est passé à la vitesse supérieure en expulsant l’ambassadeur Rwandais Vincent Karega suite à la persistance du Rwanda à agresser la RDC et à appuyer le mouvement terroriste du M23 d’une part, et le mépris teinté d’arrogance des autorités rwandaises vis-à-vis tant du processus de Nairobi et de Luanda que des recommandations de la Communauté internationale plus précisément des Nations Unies (ONU), de l’Union Africaine (UA), de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC) et des partenaires bilatéraux exigeant unanimement la cessation d’activités terroristes du M23 et de tout appui extérieur à lui, son retrait sans délai ni condition des localités congolaises occupées et le retour immédiat des populations déplacées, d’autre part.
Alors que le regain des tensions entre les deux pays [Rwanda et RDC] est de plus en plus vif après la prise, récemment de deux nouvelles localités importantes du Nord-Kivu [ Rutshuru centre et Kiwanja ] par le tandem RDF/M23, Kigali est à la recherche de la désescalade.
A travers une déclaration faite sur son compte Twitter ce lundi 31 octobre, le président Rwandais Paul Kagame a indiqué avoir échangé avec António Guterres, Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies sur la situation sécuritaire dans la partie Est de la RDC. A l’en croire, la discussion était « bonne ».
Paul Kagame a laissé entendre après de cet entretien avec le SG de l’ONU, que la résolution pacifique de la situation sécuritaire préoccupante dans le Rutshuru passe par l’engagement des parties prenantes à appliquer les efforts internationaux notamment ceux de Nairobi et de Luanda.
« Il y a quelques heures, j’ai eu une bonne discussion avec le Secrétaire général de l’ONU sur le conflit dans l’Est de la RDC. Les voies et moyens de désamorcer… et de résoudre les problèmes de manière pacifique sont avec nous en s’appuyant sur les efforts de Nairobi, de Luanda et d’autres efforts internationaux ! Nous n’avons qu’à nous engager à les appliquer », a indiqué Paul Kagame.
Un émissaire de Lourenço à Kinshasa pour la mise en œuvre de la feuille de route de Luanda
Dans le cadre de la mise en œuvre des mécanismes internationaux pour une désescalade entre la RDC et le Rwanda, le Président angolais Joâo Lourenço accélère la machine.
Ce dimanche 30 octobre, le Président de la République a de nouveau reçu à son bureau de travail de la cité de l’Union Africaine, le ministre angolais des relations extérieures, Tête Antonio, porteur d’une lettre du Président angolais Lourenço. Tete Antonio avait été reçu déjà le 13 octobre dernier dans le même cadre.
Lors de la dernière tripartite Angola-RDC-Rwanda du mois de juillet dernier, il a été décidé à Luanda qu’un mécanisme devait être créé pour la mise en œuvre de cette feuille de route. Son siège sera basé à Goma. De ce fait, le général angolais Massone Joao avait été présenté au Chef de l’État comme celui qui va travailler à la mise en œuvre de la feuille de route de Luanda.
La feuille de route de Luanda devrait conduire à la cessation immédiate des violences à l’Est de la République Démocratique du Congo et au retrait du M23 du territoire congolais.
D’après le MAE de la RDC, Christophe Lutundula, cette feuille de route poursuit six objectifs assortis des actions et activités et un délai accordé aux acteurs pour exécuter ces activités à savoir :
1. Il est question de réchauffer les relations diplomatiques entre la RDC et le Rwanda. Il s’agit notamment de l’instauration d’un climat de confiance entre les Etats de la région et la création des conditions optimales du dialogue et concertation politique pour résoudre la crise actuelle dans l’Est de la RDC.
Et comme actions et activités à entreprendre pour ces objectifs, les deux parties se sont convenues à :
– la cessation immédiate des hostilités et le retrait immédiat du M23 des positions occupées conformément au communiqué final de Nairobi ; – vaincre les FDLR qui sont à l’origine de tensions entre la RDC et le Rwanda. Ces FDLR jouant un rôle important dans cette crise ; – créer les conditions nécessaires pour le retour des réfugiés ; – réactiver l’équipe conjointe de renseignements Rwanda-RDC et fixer les modalités pratiques de lutte contre les FDLR en coordination avec la présidence de la CIRGL et le processus de Nairobi ; – convoquer la Commission conjointe qui se réunit alternativement ;
2. La prévention des violations territoriales et la garantie du respect des engagements pris par les États de la CIRGL.
Et comme actions à poser, il faut : – la cessation immédiate des hostilités ; – la présidence en exercice de la CIRGL.
3. la vérification des accusations réciproques de la RDC et du Rwanda.
Comme actions, il faut créer un mécanisme de vérification ad hoc différent des autres mécanismes qui sera dirigé par un officier de la République d’Angola.
4. La revitalisation de l’accord cadre pour la paix, la sécurité et la coopération de la RDC dans la région.
– Il faut mettre en place les mécanismes mixtes de consultation régulière, d’harmonisation entre la CIRGL et la communauté d’Afrique de l’ESt concernant le projet de paix de Nairobi.
– Il faut mettre fin à la divagation des groupes armés dans la région.
– Il faut accélérer la mise en œuvre de la coopération de désarmement de mobilisation et de mouvements communautaires de déstabilisations DDR-C.
5. La promotion du partenariat économique entre les Etats de la région et le renforcement des mécanismes régionaux contre l’exploitation illicite de des ressources.
S’agissant des activités prévues, les parties prenantes devraient :
– promouvoir l’activité économique dans la région et assurer les contrôles rigoureux de l’exploitation minière ainsi que les activités liées aux ressources naturelles dans le respect de la souveraineté des états du protocole de CIRGL;
– intensifier la lutte contre les exploitations illicites des ressources naturelles de la RDC par les groupes armés.
6. Comment garantir la bonne exécution de la présente feuille de route et rétablir la confiance entre partenaires.